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Rubrique Retraite

Retraités émigrés Algériens en France Suite aux mesures du gouvernement, ce qui va changer

Il y a des dizaines de milliers d’Algériens qui perçoivent une pension de retraite d’une caisse française, qu’ils soient toujours résidents en France ou qu’ils soient retournés au pays. Le nouveau gouvernement en place depuis juin 2017 a pris un certain nombre de mesures qui ont donné lieu à diverses interprétations, dont une baisse de leur pension ou de leur pouvoir d’achat. Voici quelques clarifications.

Le budget des retraités va-t-il être touché par des hausses de prix ?
PLUTÔT VRAI

Lorsque le gouvernement français vante ses mesures en faveur du pouvoir d’achat, il cite principalement trois mesures : la suppression progressive de la taxe d’habitation, la baisse des cotisations salariales et l’augmentation de la prime d’activité. Or, les retraités ne bénéficieront que de la première, tout en étant concernés par la hausse de la CSG (Contribution sociale généralisée) pour 60% d’entre eux. Cette situation «s’ajoute à une liste déjà longue de diminution du pouvoir d’achat des retraités», estiment les syndicats, qui appellent ces derniers à manifester. Ils rappellent ainsi que les retraités sont, comme tout consommateur, concernés par la hausse des prix du carburant et du tabac, ainsi que celles des mutuelles, des péages, du gaz, de l’électricité, etc.
Côté pile, en revanche, on peut aussi rappeler l’existence de mesures dont tous ou une partie des retraités bénéficient ou vont prochainement bénéficier :
• la revalorisation des petites retraites de 0,8% en octobre 2017 (la prochaine hausse n’interviendra en revanche pas avant janvier 2019) ;
• la hausse de l’allocation de solidarité aux personnes âgées, qui passera de 803 à 833 euros en avril 2018, puis à 868 et enfin à 903 euros en 2020 ;
• la généralisation du crédit d’impôt de 50% sur les services à la personne.


Le pouvoir d’achat des retraités augmente-t-il ou diminue-t-il ?
DISCUTABLE

Plusieurs analyses complémentaires sont en jeu dans ce débat. D’abord, le ressenti des retraités sur l’évolution de leur pouvoir d’achat. Au-delà des mesures décidées par le gouvernement actuel, la colère de certains vise un ensemble de décisions qui datent, pour beaucoup, de la mandature précédente, ou même d’encore avant. On peut par exemple rappeler la suppression de la demi-part fiscale pour les veuves et les veufs, la stagnation des pensions de 2013 à 2017 ou encore la contribution de solidarité pour l’autonomie prélevée depuis 2013 sur les retraites, pensions d’invalidité et allocations de préretraite.

Un retraité donné aura souvent vu son pouvoir d’achat s’effriter ces dernières années
Autant de mesures qui, mises bout à bout, pèsent sur le portefeuille, comme le montre un document de travail du Conseil d’orientation des retraites (COR), paru en décembre 2017.
Cette analyse montre que le pouvoir d’achat des retraités d’une même génération aurait plutôt eu tendance à s’éroder ces dernières années. Par exemple, un ancien cadre de 85 ans aurait perdu 5% de pouvoir d’achat de sa pension brute en vingt-cinq ans, estime le COR. Même constat, dans diverses proportions, pour les non-cadres et les fonctionnaires.
Un autre rapport de la même source publié en 2015 parvenait déjà à des conclusions du même acabit.

D’une manière générale, le pouvoir d’achat des retraités progresse tout de même
Il est avéré, en revanche, que les retraités d’aujourd’hui disposent d’un pouvoir d’achat supérieur à celui de leurs aînés. «Les personnes âgées sont les grandes gagnantes des quarante-cinq dernières années par le revenu», affirme l’économiste Jacques Friggit, du Conseil général de l’environnement et du développement durable, dans une étude réalisée en 2017. Selon lui, le revenu moyen des jeunes de 20 à 29 ans en euros constants a stagné de 1970 à 2013 (+ 3%), alors qu’il a fortement augmenté pour les personnes âgées de 60 à 69 ans (+ 152%) et celles de 70 à 79 ans (+ 148 %).
Le pouvoir d’achat moyen des retraités dans son ensemble a continué à augmenter ces dernières années.
La pension nette moyenne est ainsi passée de 63 à 66 % du revenu d’activité moyen de 2010 à 2015, selon le COR.
L’Insee (Institut de statistiques et études économiques) note aussi que le niveau de vie médian des retraités a continué d’augmenter en 2015, de 1% par rapport à l’année précédente. Malgré la baisse du pouvoir d’achat de seniors d’une même génération au fil des années, le pouvoir d’achat des retraités dans leur ensemble continue donc d’augmenter.
Un paradoxe qui s’explique par le fait que les nouveaux retraités sont plus qualifiés que leurs prédécesseurs et bénéficient donc de pensions supérieures.

«Génération dorée» et inégalités
Derrière ces remarques revient le débat houleux sur les supposées inégalités entre générations. Quand un député de la majorité présidentielle désigne ce qu’il appelle une «génération dorée» de retraités, il justifie notamment ses propos par le fait que ces derniers sont plus aisés que les générations précédentes.
Une remarque qui ouvre le délicat débat sur l’équité de traitement entre générations, alors que le niveau de vie des plus de 60 ans est le seul à avoir bénéficié d’une évolution favorable au début des années 2010, selon l’Insee. Les retraités ont beau être en moyenne plus aisés que les autres, ils sont loin d’être tous des «privilégiés» pour autant. 7,3% des retraités vivaient ainsi sous le seuil de pauvreté (1 015 euros mensuels) en 2015, selon les chiffres de l’Insee. C’est certes moins que pour l’ensemble de la population (14,0%), mais cela représente tout de même un million de personnes environ.

Est-ce que le nouveau président avait clairement annoncé l’effort demandé aux retraités ?
C’EST DISCUTABLE
La colère que peuvent exprimer certains retraités face à la politique du gouvernement est aussi une question de perception. «Je sais que je demande des efforts aux plus âgés, que parfois certains râlent, ça ne me rend pas forcément populaire, mais je l’assume», déclarait le nouveau président français, Emmanuel Macron, début mars, au cours d’un échange avec un retraité. «Je l’ai dit pendant la campagne [présidentielle], je n’ai pas pris en traître les gens.» Il est vrai qu’Emmanuel Macron n’a pas caché la future hausse de la CSG pendant sa campagne. Son programme détaillé mentionnait bien l’«augmentation de la CSG, de l’ordre de 1,7 point, qui ne touchera pas les retraités modestes (ceux exonérés de CSG ou soumis à la CSG à taux réduit, c’est-à-dire 40% environ des retraités)».
Reste qu’on ne trouvait pas une ligne sur la CSG dans le document d’une trentaine de pages qui résumait son programme. «Nous ne toucherons pas à l’âge de départ à la retraite, ni au niveau des pensions», y lit-on simplement au sujet de la réforme des retraites voulue par Emmanuel Macron.
Le candidat a par ailleurs répété, à plusieurs reprises, ne pas vouloir «faire d’économie sur le dos de ceux qui sont à la retraite» : «Je ne propose pas de baisser le niveau de vie des retraités, je le maintiendrai», assurait-il.Si la hausse de la CSG a bien été annoncée pendant la campagne présidentielle, on ne peut pas dire qu’Emmanuel Macron disait aussi clairement vouloir demander un «effort» aux plus âgés, à l’époque.
LSR

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