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Rubrique Société

LES NOTES SCOLAIRES Ce nouveau poids social

Par Sarah Raymouche

Dans quelques jours, c’est le début des vacances scolaires du 1er trimestre. Mais avant cela, c’est le cérémonial de la remise des notes qui attend élèves et parents. Alors que cela doit être une partie de plaisir, ou du moins de communication entre les trois parties (élève, tuteur et enseignant), il est aisé d’assister à de véritables scènes de pleurs, de paniques et de frayeurs chez les élèves. Nous avons, ici, tenté d’expliquer le pourquoi de ce phénomène et surtout le poids social des notes scolaires.
Calvaire…
La période de remise des bulletins scolaire est, de plus en plus, marquée par une intensification de stress. Crises de pleurs des mamans, crises de nerfs des parents, hantise et crainte des élèves. Une mauvaise note et tout le bonheur familial s’ébranle. Heureusement, cela dit, que ce ne sont pas toutes les familles qui vivent la même expérience. «Les parents font une fixation extrême sur les notes. Ils ne voient pas si leur enfant a appris ou est épanoui. Je connais des tuteurs qui, au départ, n’en faisaient pas une maladie mais, au fil du temps, cela l’est devenu. Nous recevons beaucoup de réclamations par rapport aux notes ou demandes de réévaluation des expressions écrites, juste pour que la note soit plus élevée sans qu’on pense à l’apprentissage», explique Mohamed Lakhdari, jeune enseignant au primaire. Et d’ajouter : «J’essaye d’être pédagogue en expliquant que la note n’est pas le véritable reflet de l’intelligence de l’élève mais cela permet uniquement de connaître son niveau de compréhension. Il y a un énorme travail dans ce sens.» Certains élèves cachent les notes ou carrément transforment la note en ayant peur des représailles des parents. Meriem, maman de trois enfants scolarisés : «Pour moi, je considérais que je ne faisais pas attention aux notes. En tout cas, c’est ce que je ressentais en comparaison avec les autres parents. Je grondais mes enfants s’ils se préparaient mal aux compositions ou bien encore s’ils ne révisaient pas régulièrement. C’est vrai que je disais qu’avoir en dessous de 8, c’est un mauvais signe. Eh bien, une fois ma fille a eu un 7, elle l’a transformé en 9 sans que je m’en rende compte. C’est en pleurs, avant de dormir, qu’elle est venue me dire la vérité. Depuis, j’ai décidé de ne plus en faire cas, mais en faisant attention à leur régime de révision et à leur épanouissement. »
Fugues et tentatives de suicide
Ce n’est pas tous les parents qui peuvent se montrer aussi compréhensifs face à un certain «diktat» de la société face à la réussite scolaire. Ce qui pousse les enfants, victimes d’un échec scolaire ou d’une baisse de moyenne aux fugues et, pire encore, aux tentatives de suicide. Les élèves, en effet, subissant des pressions, voire même des menaces de la part de leurs parents. Nous avons encore en mémoire le suicide par pendaison d’un collégien âgé de 14 ans dans la wilaya d’Annaba. Les mauvais résultats de l’enfant au premier trimestre de l’année scolaire en cours étaient à l’origine de ce drame. Beaucoup d’associations de parents d’élèves et de psychologues ont tiré la sonnette d’alarme pour mettre fin au stress à cause des résultats scolaires et pour freiner ce phénomène qui prend de plus en plus de l’ampleur. Les parents sont sensibilisés, à cet effet. «Ce problème est le résultat d’un processus de cumul fait de pressions psychologiques, de menaces et parfois même de violence physique. Sa résurgence à chaque fois qu’arrive la période de remise des bulletins signifie que rien n’a été fait, jusqu’ici, pour tenter de régler le problème», avait souligné la LADDH, ajoutant que les élèves qui fuguent sont de plus en plus jeunes. Dans des cas extrêmes, ils se suicident comme ce fut le cas avec Chakib, un élève de 4e année moyenne qui s’est donné la mort à Annaba pour échapper à la pression exercée sur lui. La LADDH a également interpellé le ministère de l’Education nationale afin d’œuvrer à la sensibilisation des parents. Selon elle, la garantie d’un bien-être physique et psychologique pour l’enfant scolarisé fait partie des missions primordiales de l’école, appelant, par là même, les parents à éviter l’exercice de pressions psychologiques, la menace et, des cas extrêmes, la violence physique.
Une pression sociale
Une directrice d’école explique, pour sa part, que même les parents subissent une pression sociale énorme : «Nous sommes face à un cercle vicieux. La société algérienne est en transformation et n’accepte pas l’échec et vise à un certain confort et réussite. Donc, tous les membres de la société estiment que la réussite sociale commence par la réussite dans le cursus scolaire. Ainsi, cette pression exercée est ressentie par les parents au départ et qui, eux, à leur tour, l’exercent sur leurs enfants. Je reçois souvent des parents en pleurs parce que leur enfant a eu une mauvaise note par rapport au fils du voisin ou au cousin. Pire, ils me demandent de ne pas afficher les résultats de 5e. Et imaginez pourquoi ? Ils mentent à leur entourage en gonflant les notes ou en disant qu’il a été admis sans rattrapage. Et dans certains cas, plus rares, ils rabaissent les notes de leurs enfants pour qu’ils ne soient pas jalousés.» Une maman va dans le même sens et raconte : «Pendant une année, j’ai menti à tous les membres de ma famille, à mes voisins et amis en disant que mon fils était au lycée alors qu’il refaisait sa dernière année de collège. C’était pour moi très lourd d’assumer cet échec et même pour mon fils. Nous avons dû mettre tout un stratagème avec mon mari et mes autres enfants pour que personne ne s’en rende compte. Et quand il a été admis au lycée, nous avons annoncé qu’il refaisait sa première pour avoir une meilleure base. C’est pour vous dire la pression énorme qu’exerce notre entourage. »
«Le zéro banni»
Devant tant de souffrances, parmi les mesures phares prises par le ministère de l’Education nationale, le bannissement du zéro. En effet, en 2018, le ministère de l’Education nationale a instruit les enseignants de ne plus mettre un zéro à l’élève. Cette note est désormais bannie de l’évaluation. D’autres nouvelles mesures liées à l’interdiction de mettre des motions négatives sur les feuilles de notes des élèves ont été prises. «Niveau insuffisant », «Faible»… ont été remplacés par des remarques pouvant le booster à surmonter son échec et à faire davantage d’efforts pour «progresser» et améliorer son niveau scolaire. Ceci en attendant l’adaptation et l’amélioration du système d’évaluation.
S. R.

 

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