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Rubrique Société

Renouer avec l’affection des animaux C’est possible en Algérie

Dans l’imaginaire collectif algérien, les animaux de compagnie n’ont pas le droit de cité. C’est à peine si nous accepterions leur présence dans la rue avant de les violenter. Et pourtant, la vie quotidienne démontre des exceptions !
Amine, sexagénaire retraité : «Donner à manger aux chats, c’est un rituel.» À 18 heures tapantes, plus d’une dizaine de chats se regroupent au bas de l’immeuble à Télémly. Une scène surréaliste se produit sous nos yeux ! Les chats de gouttière s’alignent et attendent en silence. Chacun dans un coin, mais près de la porte. Puis apparaît l’attendu, l’élu ! Il s’agit d’un retraité dépassant la soixantaine qui a instauré un rituel pour tous les chats du quartier. Munis de sacs de nourritures pour félins, il commence à les nourrir un à un. Sans dispute, hormis quelques miaulements et ronronnements de plaisir. Dès qu’il finit sa ronde, tous les chats reprennent leur route. «Leur donner à manger est une habitude très importante pour moi. Tous mes rendez-vous doivent avoir lieu avant 18 heures ou bien une heure après. Je reste ici, le temps qu’il faut. C’est pour moi un réel plaisir», raconte tonton Amine, comme aiment à l’appeler les enfants du quartier.
Et il n’est pas le seul dans cette situation. «Depuis que j’ai pris ma retraite, j’ai pris l’habitue vers 17 heures de m’installer dans un jardin public et je commence à émietter le pain pour tous les pigeons. Cela me procure un réel plaisir. Je me dis avec ma petite retraite, cela me permet d’aider au moins quelques animaux. Mais depuis quelque temps, en plus des pigeons, je sors le matin très tôt, j’achète un sachet de lait et je remplis des petites tasses pour les chats du quartier. On a beau dire qu’ils ont peut-être la rage ou d’autres maladies, je me dis qu’ils ont le droit de vivre et de trouver quoi manger. Ils font partie d’un écosystème et que ce sont eux qui permettent de chasser les rats, souris et cafards. Alors, quelque part, il faut les entretenir», raconte cette ancienne secrétaire de direction, célibataire.


Donner à manger à ces animaux errants n’est pas uniquement l’apanage des retraités. Yasmine raconte pour sa part : «Chaque matin, je donne à manger aux pigeons sur le bord de ma fenêtre. C’est devenu tellement une habitude qu’ils viennent d’eux-mêmes tapoter sur la vitre avec leur bec. Je partage quasiment quotidiennement sur ma page Facebook cet échange. J’encourage même mes amis à le faire !»
Meriem, maman de trois filles, n’est pas de ceux qui aiment les animaux errants : «Je ne leur fais pas de mal mais je ne leur donne pas à manger sauf pour quelques exceptions. Lorsqu’il s’agit d’une chatte porteuse, je me dis, dans sa situation, elle a du mal à chasser et à trouver de la nourriture. Et pourtant, un jour, un petit chiot de quelques semaines a trouvé refuge dans notre immeuble. Il m’a fait tellement pitié que je lui ai donné à manger. Et puis, le lendemain direction le vétérinaire pour s’assurer qu’il va bien, avant, à mon grand étonnement, de l’adopter. J’en suis tombée littéralement amoureuse.»

Des vétérinaires bénévoles
Plusieurs vétérinaires apportent aide et assistance aux animaux errants. «Les gens évoluent et changent. Aujourd’hui, il y a beaucoup de personnes qui ramènent des chats qu’ils ramassent dans la rue. Ils les prennent en charge par charité humaine de façon quotidienne jusqu’à leur mort. Et ils deviennent leur confident», explique Amine, vétérinaire à Baba-Hacène.
A l’instar d’autres vétérinaires, il s’occupe également des animaux errants : «Il y a des cas où cela se voit que les propriétaires s’en sont lassés et les ont rejetés. De cette façon, ils n’ont plus leur instinct animal et ne savent plus se nourrir.»
Hacène Hadjira, docteur vétérinaire et présidente de l’association locale «Salem 25» de protection des animaux et de l’environnement, nourrit l’ambition à Constantine de créer un refuge pour ces animaux en vue de procéder notamment à l’identification et la vaccination en sus de leur trouver des «tuteurs» pour les adopter.


Expliquant que «le chien ne représente jamais un danger pour l’homme», le président de cette association note que cet animal est connu pour sa fidélité, mais peut devenir belliqueux quand il s’agit de se défendre, notamment lorsqu’il est agressé par des enfants ou même des adultes.
Nombreux sont les vétérinaires qui s’organisent pour mettre en place des lieux de refuge pour ces animaux pour les mettre à l’abri des agissements d’individus violents ou encore qu’ils ne soient pas utilisés pour des actes de sorcellerie.
Des annonces à profusion
Les citoyens sensibles à la cause des animaux errants s’organisent également sur la toile et notamment les réseaux sociaux. La page Facebook «Un Toit pour Chat. Un Chat pour Toi !» regroupe plus de 147 mille abonnés. Les administrateurs et membres de cette association ambitionnent de faire adopter des chats et des chiens, notamment ceux qui sont blessés. «Je suis conscient qu’il y a un véritable amour des animaux de par les algériens. Mais, ils ont peur de prendre cette responsabilité. En échangeant les photos, les astuces, les adresses, cela donne envie d’adopter et cela marche. Nous en sommes très fiers», confie un des membres de cette page.
Les membres de cette page, comme pour tant d’autres portant sur la protection des animaux, militent pour l’interdiction de la «galoufa» ou l’empoisonnement des animaux errants. Les internautes n’hésitent pas à partager photos et vidéos des méthodes de la «galoufa» pour appuyer leurs propos. Des contenus violents qui parlent d’eux-mêmes.
En effet, des rassemblements anti-«galoufa» se multiplient un peu partout dans le pays afin de dénoncer les conditions de détention ainsi que les rafles des fourrières.
Vétérinaires, membres d’association de défense des animaux et simples citoyens se réunissent régulièrement à Alger et dans d’autres villes du pays pour alerter les autorités sur la nécessité de stopper la «galoufa».
Sarah Raymouche

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