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Rubrique Société

Covid-19, ramadhan en semi-confiné, médias, internet et effet de mode… changent les comportements Le «mâle» cuisinier arrive derrière les fourneaux

Pendant longtemps, les hommes ont soigneusement évité la cuisine à domicile, principalement parce qu'ils ne savent pas cuisiner. Du moins, entend-on dire ! Cependant, de plus en plus d'hommes brisent ce stéréotype. 

Le Covid, un deuxième Ramadhan de suite en semi-confiné, les émissions culinaires TV, l’internet avec ses chaînes Youtube pullulant de chefs professionnels et les phénomènes de mode sont en voie de faire se changer les comportements. Le « mâle » cuisinier à domicile est-il en train de naître ? Nous avons exploré cette tendance croissante. Nos témoins vous diront tout !

Mehdi, chef de projets :
« la TV et le net influencent les attitudes »

Mehdi est chef de projets dans une société de production exécutive en audiovisuel qui produit une émission culinaire durant ce mois de Ramadhan. Il nous parle de la démarche adoptée pour attirer la cible masculine vers les cuisines. Il commence par avouer : « Le désir de cuisiner n'est généralement pas intrinsèque à de nombreux hommes. C'est fastidieux, ça prend du temps et après une longue journée de travail, peu d'entre nous sont prêts à consacrer du temps et des efforts supplémentaires pour préparer un repas. Cependant, les médias, principalement Youtube et les TV, ont mis au point des moyens astucieux pour les inciter à se mettre à l’art culinaire. Une stratégie employée consiste à ajouter le facteur virilité à la cuisine familiale. La sensation de cuire des grillades sur un feu ouvert dans son jardin ou en sortie entre copains dégage juste un air de machisme dont les hommes ont soif. Et beaucoup ont souvent l'impression que la cuisine est trop «féminine» et c'est pourquoi ils s'en éloignent. Les chefs masculins célèbres sur le net jouent un rôle d’influence dans le changement de cette perception en créant cette image masculine autour de la cuisine et de la culture gourmande, agissant ainsi comme des modèles pour que les hommes commencent à réaliser leurs repas. Ils s’appellent Chef Walid, Dadah ou Hichem et ils participent à décomplexer l’homme. Un autre facteur est la différence de points de vue et d’attitude vis-à-vis de la cuisine chez les hommes et les femmes. On joue sur la notion de plaisir, de se faire plaisir et faire plaisir ! Pour les hommes apprendre à cuisiner est perçu comme un passe-temps, quelque chose qu'ils font quand ils en ont envie, souvent pour impressionner ou pour une occasion spéciale comme lors d’un barbecue familial. Pour les femmes, en revanche, la cuisine à domicile est davantage une responsabilité. Cette différence nous intéresse et influence la démarche. Le contenu pour hommes est plus axé sur la découverte des aliments et des goûts.Tandis que pour les femmes, il est plus axé sur des recettes rapides et faciles qui économisent du temps, de l’effort et… la bourse. Nous jouons aussi sur la notion d’ego. Les hommes sont naturellement plus compétitifs, alors lorsqu'ils réussissent un plat, ils voudront montrer leurs efforts et comparer leurs compétences avec les autres. Cela alimente leur volonté de continuer à faire plus et de continuer à faire mieux, à découvrir et s’améliorer. Ce que nous constatons, dans les statistiques, c’est qu’il y a de plus en plus d’hommes qui suivent les recettes sur le net jusqu’au bout ; encore plus durant le Ramadhan, certes, mais depuis le début de la pandémie ce n’est plus du tout un effet saisonnier .»

Nabil, enseignant : 
« j’ai eu le déclic à l’heure du déjeuner »

« J’étais attablé seul dans un fast-food à l’heure de la pause-déjeuner pour prendre un sandwich vite fait lorsque une pensée éclair me traversa l’esprit ‘’je vais être servi par un homme’’ suivi de tout un cheminement sur le travail de cuistot. En conclusion, je me suis dit que l’homme que j’étais n’était plus perçu de la même manière lorsque cuisiner est vu comme un métier, un travail à part entière. Et les exemples sont nombreux. Ironiquement, il y a plus d'hommes dans les cuisines professionnelles qu'à la maison. Regardez aussi le métier de boulanger. Il n’y a pas de boulangère ou très peu dans notre pays. Pourtant, les hommes ne pétrissent pas le pain à domicile. Cela m’a prouvé que le concept d'hommes qui n'aiment pas cuisiner n'est qu'à moitié correct. Petit à petit, je commençais à m’y intéresser. Apprendre à cuisiner peut être une tâche ardue pour la plupart d'entre nous mais cela vous donne un sentiment d'accomplissement et de satisfaction de quelque chose et vous pouvez profiter des fruits de votre travail par la suite. Au début, on rate beaucoup de choses, on crame, on s’énerve, on se défoule sur sa casserole, on ne connaît pas les dosages, les bons ingrédients, les temps de cuisson… on abandonne puis on reprend et avec le temps, ça vient tout seul ! »

Djamel, veuf et père de 2 garçons :
« cuisiner est pour moi un agréable devoir »

« Alors comment est née ma passion pour la cuisine ? Je pense que c’est venu en même temps avec mon rôle de chef de famille ! J'ai perdu mon épouse d’un cancer foudroyant il y a deux années alors que mes garçons avaient huit et dix ans. Pendant des années vous êtes enfermé dans un style de vie, une certaine routine et vous vous réveillez soudainement avec la double casquette de papa et de maman. Au début, je ne sentais pas les choses venir, la grand-mère de mes enfants étant chez moi en permanence s’occupant presque de tout. J’entendais les voix qui me conseillaient de me remarier. Niet. La grand-mère n’étant pas en santé de nous prendre en charge tous et tout le temps, j’ai dû me faire à l’idée que ça ne pouvait continuer ainsi. C’était inévitable qu’un jour ou l’autre, elle rentre chez elle. C’est un grand moment de stress. J'ai donc converti mon sentiment initial de panique écrasante en temps de jeu pour nous tous. Avec mes deux garçons, on a appris à brouiller des œufs, à hacher les oignons ou à écraser l'ail. Dieu merci, personne n’a perdu de doigts et, avec le temps, c’est devenu quelque chose de naturel. Mes garçons vous le diront encore aujourd'hui, le dîner n'est jamais juste un dîner. Le matin, avant d’aller à l’école, ils me demandent souvent ce qu'il y aura au menu du soir. Parfois, ils me demandent certains plats. Ils peuvent être terriblement exigeants. Mais c'est un rôle que je n'abandonnerai pour rien au monde. Cuisiner est pour moi un agréable devoir ! »
Alors, messieurs, toujours réticents ? A quand votre tour ? Allez, entrez dans la cuisine, mettez ce tablier, préparez-vous et… faites-nous humer quelque chose pour l’iftar !
Sarah Raymouche

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