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Rubrique Société

Croissance démographique Le Programme national de planification familiale se renforce

Le taux de naissances enregistré en Algérie en 2018 était de 1,38 million. Cette tendance accélérée de la croissance démographique a été observée depuis 2013, l’année où le nombre de naissances  a dépassé le cap de un million. Cette situation a poussé, l’année dernière, le ministère de la Santé à l’élargissement du Programme national de la planification familiale. L’objectif étant de réduire l’indice de la fécondité à 2 enfants pour une femme au lieu de 3,2 actuellement.

Un plan d’action pour rationaliser la croissance démographique et garantir un bien-être social aux générations futures a été mis en place depuis 2017 et qui s’étalera jusqu’à 2020. L’année dernière, le ministère de la Santé a annoncé un nouveau programme pour consolider et renforcer son programme national de planification familiale. Actuellement, une feuille de route est en train  d’être mise en place pour, notamment,  promouvoir les méthodes de contraception de longue durée, a expliqué Mme Abed Malika, chargée de la planification à la Direction de la population du ministère de la santé. « Nous sommes aussi en train de renforcer les capacités des prestataires et des prescripteurs et d’améliorer les conditions d’accueil pour arriver à la captation des femmes au niveau des PMI notamment avec la formation continue des sages-femmes, en partenariat avec des agences onusiennes »,  a encore expliqué Mme Abed. 
Le ministère de la Santé explique que la nouvelle tendance accélérée de la croissance démographique, observée notamment depuis 2013, l’année où le nombre de naissances vivantes a dépassé le cap de 1 million, génère, en effet, un excédent naturel moyen de près de 900 000 personnes annuellement. 
Cette croissance démographique relativement accélérée risque d’augmenter l’effet de dépendance et absorbe de façon sensible les effets positifs de la croissance économique. Selon ce département, la consolidation et l’élargissement de la planification familiale interviennent aussi pour que chaque grossesse soit désirée et pour améliorer la santé des mères et des enfants notamment la réduction des risques de décès maternels et néonatals et la prévention du handicap et de l’invalidité liés à la grossesse et ou à l’accouchement, à travers la prévention des grossesses précoces, tardives et celles rapprochées.

«L’adhésion au planning familial reste un choix personnel»
Selon le ministère de la Santé, la consolidation de la planification familiale et son élargissement demeurent fondés sur le principe d’adhésion volontaire et de choix personnel. « Aucune forme de coercition n’est permise dans la prescription des méthodes de contraception ou de limitation des naissances. 
L’explication convaincante constituerait dans ce cadre la meilleure manière de permettre aux couples de faire valoir leur droit, celui de décider librement du nombre et de l’espacement de leurs naissances », souligne le ministère de la Santé qui estime que, pour garantir cette adhésion volontaire et éclairer des couples sur la planification familiale, il est indispensable de leur assurer l’accès à des informations, des services et des produits de qualité. Pour assurer cette adhésion, ce département compte également faire appel à la contribution des  personnels relevant des autres secteurs particulièrement les animateurs des maisons de jeunes, les vulgarisateurs agricoles, les personnels des cellules de proximité et de solidarité, les mourchidates, les imam, …

«La planification familiale est une priorité de santé publique»
Le ministère de la Santé rappelle que la planification familiale en Algérie constitue une priorité de santé publique. Elle a été introduite dans les actions de santé ciblant la mère et l’enfant dès la fin des années 1960, et elle s’est sensiblement développée à la faveur du lancement du Programme de protection maternelle et infantile/espacement des naissances, en 1974, et à la faveur du lancement du Programme national de maîtrise de la croissance démographique, en 1983. 
La planification familiale a fait, depuis, se félicite ce département, une avancée remarquable dans la société avec un taux de pratique qui dépasse les 55 % depuis plus  de 30 ans. Actuellement, 57% des couples adhèrent volontairement au Programme national de planification familiale, soit un effectif de plus de 3.0 millions de femmes sur un total de 5.3 millions de femmes mariées en âge de procréer. 
Mme Abed explique que l’enquête MICS 4, réalisée en 2012, a révélé que les besoins non satisfaits en contraception ont été de 16%. Alors que le but est d’arriver à 2%. Une nouvelle enquête a été lancée en 2017, dit-elle, et dont les données sont en cours de restitution.  

Les raisons de non-adhésion à la planification familiale
Selon le ministère de la Santé,  le désir d’enfant reste le plus cité par les couples, pour justifier leur non-adhésion à la planification familiale. Parmi les raisons évoquées également, on cite les problèmes de santé et les effets secondaires, l’opposition du conjoint sont de moins en moins évoquées et voient leur influence marginale de plus en plus confirmée. L’interdit religieux n’est quasiment plus relevé.

Mise en place de centres de  planification familiale de références
La Direction de la population au ministère de la Santé explique que des centres pilotes de références pour l’accueil et l’information sur la planification familiale ont été mis en place en partenariat avec l’Association nationale de plannings familiaux et le Comité national de santé de la reproduction et de bien-être familial. 
Cette action, souligne Mme Abed, est en train de se généraliser. Actuellement,  en matière de prestations de planification familiale, l’offre est dispensée dans 337 Centres de planification familiale (CPF), mis en place en 1994, comme centres de références disposant d’un personnel médical et paramédical adéquat et offrant une large gamme de services intégrés dans le domaine de la reproduction, 1 528 polycliniques et 1 342 salles de soins.  
En matière de ressources humaines, l’activité est menée par 2 879 sages-femmes, 1 089 médecins généralistes et 34 médecins spécialistes dont 17 relevant des CPF. « Toutefois, malgré cette progression tangible enregistrée en matière de planification familiale, des insuffisances sont encore relevées. Il s’agit des besoins non-satisfaits qui touchent 7% des couples en âge de procréer ; la persistance des méthodes traditionnelles autour de 9% ; les écarts, certes de moins en moins creusés, entre certaines catégories sociales de population et de zones géographiques de résidence, continuent d’être enregistrés » souligne la Direction de la population. Aussi, ajoute-t-on, l’une des contraintes majeures à laquelle se heurte le programme est le déséquilibre de la structure de la pratique contraceptive, marquée par la prédominance quasi-exclusive de la contraception orale qui grève considérablement le budget alloué à l’achat des contraceptifs et de plus, cette méthode qui astreint à une discipline quotidienne génère plus d’abandons.  
«Les efforts de formation des prestataires constituent, à l’étape actuelle, un axe prioritaire en mettant davantage l’accent sur le counselling, outil permettant d’apporter des réponses personnalisées aux besoins exprimés par chaque individu », explique Mme Abed. Selon elle, les activités d’information, d’éducation et de communication (IEC) doivent être menées en y associant les praticiens exerçant à titre privé, les pharmaciens et pharmaciennes tant du secteur public que des officines privées, les puéricultrices,… personnels susceptibles d’apporter leur contribution, jusqu’à l’heure limitée, dans la promotion de planification familiale. 
Il est à souligner que la planification familiale a été, pour la première fois, reconnue mondialement comme un droit de l'Homme, lors de la conférence internationale des droits de l’Homme ayant eu lieu en 1968 à Téhéran, en proclamant que « la protection de la famille et de l'enfance reste la préoccupation de la communauté internationale. 
Les parents ont le droit fondamental de déterminer librement et consciemment la dimension de leur famille et l'échelonnement des naissances». Depuis, de nombreux traités, conventions et accords portant sur la santé reproductive et les droits qui y sont associés ont réaffirmé ce droit humain tout en mettant particulièrement l’accent sur l’accès aux informations, à l'éducation et aux moyens nécessaires pour permettre aux parents d'exercer ce droit.
S. A.

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