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Rubrique Société

Les rescapés de la région des monts des Ksour témoignent

Le défunt Alla Ahmed, massacré et jeté dans la Seine.
Le défunt Alla Ahmed, massacré et jeté dans la Seine.

La capitale des monts des Ksour a abrité, jeudi 17 octobre, les festivités commémorant le 58e anniversaire de la journée de l’émigration relative au massacre des centaines d’Algériens jetés dans la Seine à Paris, lors des manifestations du 17 octobre 1961.
Les cérémonies marquant cet évènement, ont été présidées par le premier responsable de la wilaya, M. Mohamed Hadjar, en présence des autorités civiles et militaires, les élus locaux et la famille révolutionnaire, dans l’enceinte de l’annexe de la maison de la culture Beghdadi-Belkacem de Aïn-Séfra, où plusieurs figures, moudjahidine et autres ont été honorées.
Que s’est-il passé exactement durant cette nuit à Paris ? Peu auparavant, alors que la fin de la guerre d’Algérie approchait (quoiqu’on ne le savait pas encore), le préfet de police Maurice Papon, avait instauré un couvre-feu pour les Algériens, en publiant un communiqué, leurs interdisant de s’abstenir de circuler la nuit dans les rues de Paris plus particulièrement de 20h à 5h30 du matin : chasse au faciès, interpellations systématiques, bouclages des quartiers, etc. alors que les conditions de vie deviennent de plus en plus infernales pour des milliers d'hommes et de femmes algériens en France. En revanche contre ces mesures arbitraires, le FLN organise le 17 octobre une manifestation pacifique. Papon planifie la répression et met en marche la machine à tuer.
Une nuit meurtrière qui a coûté la vie à des dizaines voire des centaines d’Algériens, massacrés et jetés dans la Seine... On retrouvera plus tard des cadavres dans la Seine.
Le crime commis, c'est le grand silence, le mutisme qui durera plus de deux décennies, jusqu'à la publication en 1985 d’un livre de Michel Levine, un historien des droits de l’Homme. Pour la première fois, un livre dévoile ce qui était ignoré de l'historiographie officielle ou soigneusement refoulée.
L'auteur s'est livré à une véritable enquête, interrogeant victimes, avocats, témoins… et revient dans son livre sur cette période tragique de l'Histoire, intitulé Dans les ratonnades d’octobre, un meurtre collectif à Paris en 1961.
Pour rappel, ils étaient des dizaines de manifestants uniquement de la région des monts des Ksour, en témoignent les moudjahidine, Fadel Mohamed (cicatrice au crâne) Batoul Kaddour (bastonné sur un capot d’une 2 CV), Felfar Houari, Boufeldja Cheikh, Mbata, Boukhari… et bien d’autres. Trois grands responsables de zone (super zonal) dans la région parisienne, parmi les dirigeants des manifestants : Alla Ahmed (massacré et jeté dans la Seine), Henine Meftah (dit Salah) et Rahou Djillali, rescapés décédés, il y a un peu plus d’une décennie. Par ailleurs, l’association de défense du patrimoine de la commune de Tiout, dénommée «Agharm Akdim» (vieux ksar), a répertorié, 74 participants (dont 3 femmes), rescapés de cette nuit d’horreur ; un recensement effectué uniquement pour la localité de Tiout qui dépendait de la sous-préfecture de Aïn-Séfra : Betoul Kaddour, Boutrad Mohamed, Henine Meftah, Fadel Mohamed, Benouaz Miloud, les frères Safi, les frères et cousins Alla (au nombre de 5), les Chafaâ (3 cousins), les frères Boutrad, Mme Azzi (encore en vie),
Mme Chafaâ (décédée), Mme Benouaz (décédée) etc.
Dans son ouvrage, l’auteur Michel Levine a recueilli des témoignages dispersés de quelques Algériens survivants dont Slimane Alla de Aïn-Séfra (encore en vie, demeurant à Annaba), donnant un long témoignage sur cette nuit d’enfer ou lui-même l’a échappé belle, il raconte que son frère Ahmed a été dénoncé à la police par le taxieur qui l’a conduit chez son cousin pour se réfugier, il a été arrêté, massacré et jeté dans la Seine.
Slimane Alla a également reçu la visite de plusieurs historiens et écrivains dont Benjamin Stora ; comme également, Mohamed Ghafir (dit Moh Clichy), dans son témoignage Droit d’évocation et de souvenance sur le 17 octobre 1961 à Paris, cite aussi Ahmed Alla dans son ouvrage.
D’autres témoignages sur cette nuit d’horreur : Mohamed Badache que deux policiers ont étranglé avec un lacet et abandonné dans un fossé.
Mohamed Trachi assommé et jeté dans la Seine. Ahcène Boulanouar battu, volé et jeté dans la Seine face au jardin Notre-Dame. Bachir Aïdouni, seul rescapé d’une autre tentative de noyade. Ramdane Berkani, assommé à coup de crosse.
Medjdouli Lalou, violemment matraqué sur tout le corps, menacé, puis abandonné par les policiers au coin d’une rue, incapable de bouger.
Akli Benadji et son ami Arezki, tabassés à coup de barre de fer et laissés dans les bois de Meudon. Ahmed Bouzidi, dont le neveu est retrouvé noyé. Sinistre bilan, misérable liste, fragmentaire, désespérante, écrit Michel Levine. 58 ans après le massacre des Algériens en plein Paris, la lumière n’a jamais été faite sur cette nuit meurtrière qui a coûté la vie à des dizaines voire des centaines d’Algériens, massacrés et jetés dans la Seine, rappelons-le, par la police française le 17 octobre 1961.
Comment alors oublier les chouhada, Cheikh Bouamama, Mohamed O/Ali, les glorieux combattants du 1er-Novembre, le napalm utilisé pour la première fois par la France sur Djebel Mzi, les batailles de Béni-Smir et de Bouamoud, le camp de torture de la Dzira, le camp de concentration de Djenien, et j’en passe…
L’écriture de l’histoire reste, cependant, l’un des grands soucis pour les futures générations.
B. Henine

 

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