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Rubrique Société

Boumerdès Risque d’effondrement de logements à Bordj-Menaïel

Une véritable épée de Damoclès est suspendue, jour et nuit, sur 
60 familles qui occupent illégalement le seul bâtiment de la cité la Forêt, située en plein centre-ville de Bordj-Menaïel (wilaya de Boumerdès). A tout moment, cette bâtisse, construite dans les années 1950, propriété de l’OPGI, risque de s’effondrer.
 

Elle a été classée, après le séisme 2003, rouge 5 par les experts du CTC (Centre technique de construction). La bâtisse devait donc être immédiatement démolie. Les familles qui occupaient, avant le tremblement de terre, les 60 F2 ont été toutes prises en charge et relogées. Mais les commerçants – une vingtaine – qui occupent toujours les locaux du rez-de-chaussée se sont opposés à sa démolition. Les autorités de l’époque se sont laissé marcher sur les pieds. 
Entre 2004 et 2005, tous les appartements ont été squattés par des familles. Lorsque nous nous sommes déplacés sur les lieux, cette semaine, nous avons accosté H. Saïd, père de 4 enfants, qui occupe, avec sa famille, l’un des appartements. Il a été notre guide pour rendre visite à plusieurs autres foyers. Nous avons sillonné un véritable bidonville superposé avec, en sus, le risque d’effondrement qui causera une hécatombe. Le bâtiment est fissuré. 
A certains endroits de la rampe d’escalier, il n’y a pas de protection faisant courir des risques de chute aux enfants, nombreux dans cette cité. Il n’y a pas d’eau. L’électricité est branchée clandestinement, ajoutant le risque d’incendie. La moisissure et les mauvaises odeurs font des ravages sur la santé des occupants. «L’asthme est une maladie très répandue ici», nous confie Saïd. Une dame, qui nous autorise à prendre quelques photos, nous confie : «Mon fils de 24 ans m’a dit ‘’mère, toi et mon père vous m’avez ramené dans une tombe’’.» Elle nous a fait voir l’endroit où dort son fils. Ce jeune homme vit dans un trou noir. Très rapidement, des pères nous ont rejoints. «Nous voulons que le message arrive aux autorités.» Mais vous avez pris vos responsabilités pour occuper illégalement des habitations qui ne vous appartiennent pas et en faisant prendre des risques à vos familles. 
A ce constat sous forme de question, les langues se sont vite déliées. «Nous étions et nous sommes en détresse. C’était la seule alternative que nous avions pour abriter nos familles. Personne ne voulait nous écouter et nous venir en aide. C’était ça ou la rue. Nous avons pris des risques, juste pour préserver la dignité de nos familles. Vous pensez que si nous avions le choix nous occuperions ces tandis où aucun être humain n’accepterait de passer une seule nuit ?» Il est rapporté aussi que certains, parmi les habitants, ont acheté des ‘’appartements’’ dans ce bâtiment et ils les ont fermés en attendant de bénéficier d’un logement social pour les revendre. «Vous êtes venus à l’improviste, vous avez visité des appartements, vous avez en outre constaté qu’il y a beaucoup d’enfants. Est-ce que ces appartements sont fermés ? De plus, l’État a les moyens pour enquêter et débusquer les arnaqueurs.» Nous quittâmes la Forêt vers le bidonville Bastos. 

Bastos, une autre grande plaie 
Le bidonville Bastos, environ 800 baraques érigées en zone urbaine non loin d’une grande cité, est, en grande partie, l’héritage de la décennie noire et de l’exode rural ; pas uniquement à cause du terrorisme. «Je n’ai pas de terrain pour construire dans le cadre de l’aide à la construction rurale. Il n’y a ni école, ni salle de soins, ni transport dans mon village de Idjelouahène situé à environ 20 km de la ville de Bordj-Menaïel. De plus, tout le monde a quitté ce village», nous dira un homme d’une quarantaine d’années qui a monté une baraque pour loger sa famille. Un autre, plus âgé, intervient. «De quoi vivrons-nous à Idjelouahène et comment nourrir nos enfants ? À Bordj, il est très difficile de trouver une activité pour subsister. A Idjelouahène, il n’y a absolument rien à faire.»
Nous abordons avec nos interlocuteurs la rumeur qui circule accusant les personnes qui ont construit des baraquements juste pour être sur la liste de bénéficiaires de logements sociaux. Le jeune intervient : «C’est une commission qui étudie les dossiers. Elle n’a qu’à faire correctement son travail.» 
Rabah Djerridj, le P/APC de Bordj-Menaïel, n’était pas au mieux de sa forme lorsque nous avons fait notre entrée dans son bureau. «Il y a tellement de problèmes à régler dans cette commune qui manque terriblement de moyens financiers et je suis tellement fatigué.» Son S/G, Smaïl Merdas, précise que le BP 2020 de Bordj est de 24 milliards de centimes. Insignifiant pour une municipalité de 100 000 habitants et qui compte 27 villages. 
Notre première question concernait les deux sites visités. «L’État avait pris en charge les citoyens qui habitaient dans le bâtiment de la Forêt avant la catastrophe de 2003. D’autres ont squatté les logements laissés vides ou les ont achetés. Pour Bastos, le nombre de baraques était de 277 en 2007. Maintenant, il y a 800 baraques. Cependant, je dis que l’État doit aider ces gens à se reloger. Je suis un élu, je représente le peuple et les gens doivent comprendre que, par principe, je soutiens mes administrés.» 
Le P/APC de Bordj nous a fait savoir que la commune distribuera avant la fin de l’année en cours 2 300 logements. «Pour les cas sociaux», tenait-il à préciser. Il n’a pas manqué de souligner que ses services ont sur leurs bureaux pas moins de 12 000 demandes. 
N’ayant pas toutes les cartes en main en matière de distribution de logements, Derridj ne s’est pas trop avancé publiquement sur les cas des habitants de la Forêt et Bastos. Mais à travers ses propos, nous avons compris que les occupants seront pris en charge. 
Reste à savoir si les deux sites seront démolis une fois les occupants relogés. Dans le cas contraire, ce sera un squat qui va se renouveler.
Abachi L.

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