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Rubrique Société

GÉRER SA FIN DE VIE Vieillir, est-ce mourir un peu ?

On n’y pense pas lorsqu’on est jeune. On se croit éternel sur terre. Fort, invincible, presque immortel. Mais au virage de la cinquantaine, au moment où une grande partie de la vie a été consommée, certaines grandes questions surgissent. Où aimerais-je être enterré ? A qui léguer mon héritage ? Comment partager mes biens équitablement entre mes enfants ?
Si certains examinent de près ces détails, d’autres s’en moquent complètement, préférant vivre au jour le jour, en mode «carpe diem».
A 65 ans, Sahnoun a déjà mis toutes ses affaires en ordre. «Je sais que la grande faucheuse peut sonner à ma porte à n’importe quelle heure.  Alors, j’ai  réglé pas mal de choses. Je suis veuf et père de deux filles. Afin qu’elles ne soient pas dépossédées de mes biens immobiliers (un appartement et une maison au bled), j’ai effectué des démarches chez le notaire pour les protéger. Demain, lorsque je m’en irai, les hommes de la famille ne pourront pas réclamer leur part d’héritage, comme l’exige le droit coutumier musulman. Dans de nombreuses familles, les fratries se déchirent à cause du matériel de leurs parents. C’est également prendre des précautions afin de régler les questions d’héritage de son vivant pour préserver l’entente entre ses enfants.»
En Algérie 
ou en France ?
A 59 ans, Farid vit et travaille à Paris. Son épouse est  une Française. Ensemble, ils ont eu trois enfants : «J’avoue que la question de la mort me tarabuste parfois. Je suis arrivé en France à l’âge de 17 ans. Chaque été, je passe mes vacances en Algérie. Un jour ,ma femme m’a demandé: "Farid, où souhaites-tu être enterré à ta mort, en Algérie ou en France ?". J’avoue que cette question m’a troublé. Tant que j’étais jeune, je ne voulais pas y penser mais à l’aube de mes soixante ans, cette question a tout son sens. Après réflexion, j’ai fini par trancher. Je souhaiterais être enterré à Paris dans le carré musulman. Je ne veux pas infliger le voyage à mes enfants, lorsqu’ils voudront se recueillir sur ma tombe. Toutefois, j’espère que cela arrivera le plus tard possible» (rires).
Mourir, 
la belle affaire !
Vieillir, entrer dans une phase de dépendance et de maladie est très douloureux, surtout lorsqu’on n’a pas d’enfants. Hafida, 64 ans, a été mariée pendant deux années seulement. Elle n’a pas eu d’enfants. «Je suis d’une santé fragile et je vis seule. Je n’ai pas eu la chance d’avoir des enfants. C’est, d’ailleurs, à cause de ma stérilité que mon époux avait demandé le divorce. Cette question de "laâkouba" comme on dit chez nous, m’a toujours taraudée. Jusqu’à leur mort, mes parents ont été entourés par leurs cinq enfants. Moi, je savais déjà à quoi m’attendre durant ma vieillesse. J’aurais souhaité adopter une fille afin de l’avoir à mes côtés  pour mes vieux jours, mais cela n’a pas pu se réaliser. J’accepte mon destin. Je dépends de mes nièces et neveux. Ils viennent me voir lorsqu’ils ont un peu de temps. Le  reste des jours, je traîne ma solitude et mes maladies entre les quatre murs de mon appartement. Comme dit Jacques Brel dans l’une de ses chansons «Mourir, ce n’est rien. Mourir, la belle affaire ! Mais vieillir... oh ! vieillir».
Pour certaines personnes, préparer sa vieillesse est complètement ridicule puisque nul n’est assuré de faire de vieux os. C’est le cas d’Ahmed, 40 ans, qui préfère profiter de chaque instant sur terre comme si c’était le dernier. «A quoi bon planifier sa vieillesse alors qu’on peut être fauché par une voiture ou mourir dans un séisme à n’importe quelle minute. C’est souvent une chance d’arriver jusqu’à la vieillesse, au vu du nombre effarant de jeunes qui cassent leur pipe prématurément. Aurais-je le temps d’atteindre la retraite ? Verrais-je grandir mes enfants ? Je ne le sais absolument pas. La seule chose qui importe à mes yeux, c’est l’instant présent. Je respire, je marche, je parle, je rigole. Au diable demain, puisque aujourd’hui, il n’existe pas».
S’inspirant de la maxime d’Horace (poète latin et épicurien) «Cueille le jour présent sans te soucier du lendemain», certaines personnes se mettent en mode «carpe diem» estimant que devant la fuite du temps, la seule liberté qui reste à l’homme, c’est de jouir de l’instant présent. Pour d’autres, préparer le dernier parcours de son passage sur terre est de la plus haute importance. A chacun sa devise. A chacun sa philosophie.
Soraya Naili

 

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