On pourra en parler à l’infini, il restera, cependant, impossible de ne pas commenter le retour de celui que l’on pensait, naïvement, rayé des effectifs du FLN. Il y a tellement eu de reniements et de rabibochages au sein de l’ex-parti unique que le retour en grâce d’un Belkhadem n’aura, du coup, pas surpris. Même pas lui qui affirme n’avoir jamais renoncé à ses convictions de militant, fidèle aux principes intangibles de l’engagement. Et on le croit ! Reste juste à identifier les principes et la nature de l’engagement. Un jour membre incontournable du groupe et le lendemain lui interdire la plus insignifiante des décisions. Il aura eu droit à tous les noms d’oiseaux, été accusé de toutes les déviations. On l’a même soupçonné de servir des forces étrangères obscures au sens où elles ne nous voulaient pas grand bien.
Ce n’est pas tant le fait qu’il soit revenu aux affaires qui surprend ou interpelle. Le comportement récurrent du système est là pour témoigner qu’aucune répudiation ne contredit jamais la capacité que l’on cultive en haut lieu à faire la paix et même à tout effacer pour recommencer de plus belle.
L’aisance que l’on entretient à passer outre la plus violente des contradictions pour récupérer l’un des siens est à vrai dire incomparable. Pour redévelopper avec lui des affinités abandonnées, des sentiments rompus avec fracas et une apparenté entachée par une vérité dont seuls les acteurs qui alternent les «je t’aime moi non plus» connaissent la teneur.
La méfiance à l’égard de la nouveauté reste de taille. Elle a encore de beaux jours devant elle. Que pourrait une alternance hésitante face à l’entêtante tradition qui consiste à recycler indéfiniment les siens ? Tous les siens ! Et en priorité les réfractaires à tout changement.
Comment renoncer à un monde qui a vu naître et grandir sa promotion sociale ? Voilà pourquoi les caciques et autres vieux routiers de la politique ne veulent pas entendre parler de retraite. Que seraient les luttes intestines et les réconciliations ponctuelles s’ils n’étaient pas là pour veiller au grain et donner au militantisme qui est le leur tout le mérite qu’on lui connaît ?
M. B.
