Le cinéma est à l’arrêt et la production cinématographique empêchée de proposer pour cause de pandémie et, parce que pour éviter les échanges rapprochés, on a préféré suspendre les tournages et la fréquentation des salles, jusqu’à ce que le Covid-19 cesse d’exposer au pire acteurs, techniciens et cinéphiles. Dans l’attente de ces moments qui rassemblent regards critiques et concepteurs du long métrage et font que l’on rompe, le temps d’une projection, avec la routine et les préoccupations qui vont avec, j’ai eu le privilège de visionner le prochain film d’Anis Djaâd ! La vie d’après, en phase de montage, attendra de se parfaire techniquement pour aller affronter la critique et solliciter l’approbation du public.
La vie d’après, c’est l’histoire d’une vie déjà fragilisée par la disparition du chef de famille et qui s’effondre en partie sous les coups dévastateurs du qu’en-dira-t-on. Une rumeur impitoyable qui contraint à l’exil et vous bannit de là où vous êtes né, avez grandi et construit votre vie d’adulte. On pense, lorsque l’on évolue ainsi, que le voisinage, cet environnement familier que l’on fréquente depuis sa plus tendre enfance, veillera généreusement à ce que le semblant d’équilibre, censé nous aider à survivre, ne soit pas compromis. Au fil de son long métrage, Anis Djaâd démontre qu’il n’en est rien.
Le film encore sous embargo, je n’en déflorerai pas le contenu. Mais rien n’interdit de dire la brutale descente aux enfers de Hadjer, veuve depuis peu, qui quitte le confinement, imposé jusque-là par son statut de femme au foyer, pour aller faire le ménage dans une administration de sa commune où elle paiera cher sa résistance au droit de cuissage qui s’y pratique. La vie d’après, c’est aussi le reflet d’un autre désarroi. Celui du fils de Hadjer, Djamil, âgé de 16 ans, injustement privé d’adolescence par un passage forcé à l’âge mûr.
Un âge où l’on pense de son devoir de nouvel homme de la famille, de protéger une mère consciente mais si peu entraînée à faire face aux agressions extérieures. Une vie et des modèles, définitivement pas faits pour eux. Insupportable et révoltante cette vie d’après !
M. B.