Dans sa façon de souffler le chaud et le froid sur la rue, le pouvoir, qui ne déteste pas discourir, sait, pourtant, que là n’est pas la meilleure manière d’encourager le dialogue. Dire une chose et faire tout à fait le contraire est une pratique courante chez ce dernier. Confondre, à dessein, l’usage du bâton et de la carotte également.
J’aurais aimé croire que les forces de l’ordre et les marcheurs pouvaient avoir des choses à partager. A la façon dont la police, qui n’épargne personne, se comporte, on perçoit mieux les intentions cachées d’un système qui ne renoncera à aucun de ses privilèges de si tôt. Comme à son accoutumée, la police s’en prend au médecin, au fonctionnaire, au jeune, au vieux et grimpe aux poteaux pour décrocher un emblème comme pour empêcher une catastrophe qui menacerait le pays ou défendre ce dernier contre un ennemi fabriqué de toutes pièces.
Les policiers s’essoufflent. Ils manquent d’entraînement en tout, sauf lorsqu’il s’agit de vouloir en finir avec un homme déjà à terre. Et encore ! Ils y arrivent parce qu’ils s’y mettent à plusieurs.
Les conditions pour le dialogue sont loin d’être réunies. Mais les partis de l’opposition, pas tous cependant, ont envie d’y croire. Ils se sont remis au turbin, dès la première suggestion des tenants du pouvoir, pour aider à en concrétiser les termes. En oubliant que des hommes et des femmes croupissent en prison pour leurs opinions politiques et leur rejet, et celui de millions d’Algériens, d’un système qui a ruiné le pays et ses hommes. Reste à imaginer à quoi vont aboutir leurs propositions et à comprendre l’importance de leur contribution pour un apaisement de la crise qui secoue le pays depuis bien plus longtemps que le 22 février dernier.
Cette partie de l’opposition qui a pour habitude d’accourir dès qu’on la siffle n’a, en fait, jamais cessé d’être opérationnelle. Il faut donc bien peser ses mots quand on veut parler d’engagement au sens effectif du terme. Cultiver les privilèges, loin des regards inquisiteurs et des reproches qui empêchent de «prospérer», beaucoup parmi les personnalités qui font entendre leur voix n’auraient rien contre.
M. B.
