D’abord, je n’y ai pas cru. J’ai pensé que c’était encore une de ces blagues destinées soit à divertir, soit à accentuer la trouille qui nous tenaille. Et puis, j’ai fini par lui accorder du crédit. Une note signée et portant le cachet de son auteur faisant foi ! Je l’ai parcourue en hochant la tête, stupéfaite que l’on ose nous la faire sur ce ton !
A moins que l’info ait été fabriquée à dessein ? Sinon, quoi ? Il se raconte ici et là que si l’on s’aventurait à critiquer, on s’exposerait à en payer le prix, autrement dit à être puni ! Comment ça pas autorisé à contester ? Et puis quoi encore ? En quoi des avocats mériteraient-ils plus, que le commun des mortels, que les citoyens d’une Algérie de seconde zone que nous serions de consommer de la semoule au nez et à la barbe de nous autres ?
Mon épicier m’a expliqué, il y a deux semaines au moins, qu’il lui était impossible d’approvisionner sa boutique. L’Etat, selon lui, préférerait gérer, lui-même, l’affaire, plutôt que d’en confier le soin aux commerces privés. Le patron d’une supérette pas loin de chez moi m’avait, j’en ai déjà parlé, confié comment les grossistes malmenaient ceux qui, comme lui, payaient pourtant rubis sur l’ongle, en échange de denrées alimentaires destinées à leurs clients. Quoi d’exagéré dans le fait que de tels comportements vous renvoient, du moins pour ceux qui l’ont vécu, aux débuts des années 80 et à l’impitoyable programme anti-pénurie ? Imparable procédé, censé occuper les populations, auparavant privées de tout, et détourner l’attention de ce qu’on leur préparait en haut lieu. Ils n’ont pas eu tort ceux qui ont qualifié le procédé d’ouverture dévergondée des marchés intérieur et extérieur.
Mais revenons à l’instant présent et à la discrimination dans la distribution de la semoule au profit des avocats et au détriment du reste des Algériens, grands consommateurs, devant l’Eternel, de pain et de ses dérivés ! Qu’est- ce qu’ils ont de plus que nous pour avoir droit à ce privilège? C’est quoi ces histoires de populations plus méritantes que d’autres ? Vous savez quoi ? J’en parle, même si je n’ai franchement aucune envie d’y croire !
M. B.