J’ai parlé, hier, de ces expressions passe-partout auxquelles on a recours pour dire sa consternation ou pour mesurer la stupéfaction d’un interlocuteur. En réalité, le billet a été inspiré par une discussion entre amis sur cette façon bien rodée que l’on convoque pour contourner une situation embarrassante.
J’ai mis un temps fou à comprendre pourquoi on parlait en disant basmalla. Jusqu’au moment où on m’a expliqué qu’il s’agissait de bismi Allah, cette formule censée bénir le moindre souffle chez les musulmans et distinguer les bons croyants des mauvais. On dit bismillah avant de manger, pour mieux digérer, bismillah avant de compter son argent pour qu’il ne s’envole pas trop vite et qu’à la limite il en appelle davantage, pour la baraka, pour être entendu et exaucé ! Voilà à quoi on est réduit à s’accrocher ! A énumérer toutes les expressions qui servent soit à se sortir de situations inconfortables, soit à convaincre les autres ou même l’un d’entre nous de sa bonne foi, en ramenant sur le tapis certaines des raisons qui relayent le mépris qu’inspire la vie à certaines âmes désespérées.
En faisant l’inventaire des drames récents qui ont émaillé la vie ici et ailleurs, depuis notre dernière rencontre, il s’en trouvera toujours un, parmi les amis, pour rappeler un fait marquant passé à la trappe par ceux censés gérer les conséquences induites par ce dernier. En août dernier, un conducteur de train qui assure la liaison Oran-Alger a opté pour le fait accompli au détriment d’une quelconque autorisation en stoppant net son engin à une ou deux stations de la gare centrale. Pourquoi ? Pour aller prier pardi ! Ailleurs, l’acte répréhensible à plus d’un titre aurait fait la une de tous les journaux.
En Algérie, le comportement ahurissant n’affole pas plus que cela. Le chauffeur était-il réellement de bonne foi ou faisait-il dans la provocation ? Il fallait le faire quand même ! Arrêter un train ! Je me souviens que ce qui avait alors énervé plus que choqué ceux des observateurs les plus actifs sur les réseaux sociaux, c’est que le gars avait bloqué les voyageurs à l’intérieur du train pendant plus d’une heure.
M. B.
