On se demandera longtemps pourquoi il ne l’a pas fait plus tôt, afin de mieux apprécier la progression qui s’opère dans les mentalités et comprendre, en même temps, comment fonctionne l’institution dont les fonctions essentielles seraient d’appliquer strictement la loi. La même pour tous. Au Nord comme au Sud et à l’Est comme à l’Ouest. Je n’arrive pas à oublier l’homme courageux qui n’a pas plaidé comme il l’a fait pour la gloire, mais parce qu’il estimait de son devoir de dénoncer les écarts de conduite de tribunaux pas toujours soucieux de trancher en faveur de ce qui est juste !
Pour les sceptiques, portés sur les questions qui n’aident pas à avancer, le procureur Ahmed Belhadi, envoyé prêcher son approche de la bonne justice à Guemmar, n’est ni mon cousin ni mon voisin. Je n’avais même jamais entendu parler de lui avant son coup d’éclat.
Une envolée qui en dit tellement long sur l’incompatibilité dont peuvent faire montre certains magistrats avec ce qui se pratique autour d’eux et le courage dont se parent certains fonctionnaires pour affronter leur hiérarchie et remettre publiquement en cause la façon dont s’exerce une justice qu’ils sont tenus de rendre en leur âme et conscience. Ce n’est pas ce que les Algériens ont constaté ces derniers mois et c’est, précisément, ce qu’ils dénoncent lors des manifestations hebdomadaires. Il arrive au pouvoir judiciaire de rappeler que son ascendant sur la progression de tout magistrat qui répugnerait à agir autrement que comme un homme ou une femme de loi indépendants et libres de dire cette dernière en leur âme et conscience n’est pas virtuel.
Je trouve, personnellement, effarant qu’en même temps que l’on condamne ce qui est infligé par les uns, on approuve ce que l’on fait subir à d’autres. D’un côté, on dit que personne n’a le droit de décider pour les autres et, d’un autre, on fait exactement le contraire. Les points de vue nuancés se rejoignent autour des mêmes objectifs et de la même détermination. Les algériens sortent parce que leurs attentes ne se comptent plus et ne sont pas satisfaites. Mais sont-ils, pour autant, en demande ou en attente d’une quelconque structuration ?
M. B.