En Arabie Saoudite, les femmes pensent que l’ouverture de cinémas et l’autorisation de conduire ou d’aller au stade sont les signes d’une grande avancée. L’une d’entre elles, interrogée récemment, affirme que son pays ouvre la porte au meilleur et va bientôt rivaliser avec le reste du monde en matière de modernité. Les médias occidentaux, dans leur grande majorité, parlent d’un pas de plus vers l’émancipation des femmes.
Dans un pays aussi rétrograde lorsqu’il est question de droit, dont la liberté d’expression, on a du mal à entrevoir les premiers pas auxquels il est fait allusion. S’il y a de précédentes concessions à celles qui autorisent la gent féminine à conduire enfin, à aller au cinéma, au stade et à des concerts privés, à condition de ne pas côtoyer des hommes, personne n’a jusque- là été en mesure de les énumérer. Lorsque le dernier pays à encore interdire aux femmes d’étudier ou de voyager sans l’aval d’un tuteur masculin annonce qu’il va lever en partie certaines sanctions, le monde occidental bat des cils et applaudit les faits comme les témoins d’une avancée monumentale.
Dans quelques semaines, le 24 juin plus exactement, ceux qui font montre d’attention aux récentes mini-concessions faites aux Saoudiennes vont les regarder conduire, un sourire attendri aux lèvres, avec le sentiment du devoir militant accompli. Et les organisations féministes mettront ledit progrès sur le compte de leur combat. Conduire une voiture, un camion et même une moto, ça n’est certes pas rien mais de là à en conclure que les monarques wahhabites renoncent enfin à soumettre les femmes, il y a un pas que les observateurs aguerris ne franchiront pas. Parce que quoi que l’on pense de la situation, elle demeure caricaturale au sens où la discrimination reste la raison d’être d’une société qui puise encore sa force dans l’enfermement des femmes. Il n’y a qu’à regarder de plus près ces pseudo-droits que l’on dit restituer aux femmes pour mieux disséquer le mépris de ces Occidentaux qui se moquent sans ménagement et sans avoir même conscience de le faire des Saoudiennes en applaudissant le fait qu’une femme puisse enfin conduire.
M. B.