Au regard du courrier que je reçois ces derniers temps, je réalise mieux combien l’inquiétude gagne du terrain. Il y a les parents dont les enfants ne savent pas si leur année scolaire n’est pas totalement compromise, même si la tutelle affirme le contraire. Et il y a tous les malades qui n’ont pas les moyens d’aller se soigner dans le privé qui s’en remettent au ciel en attendant, impuissants, la fin de leur calvaire, tandis que l’opinion publique se demande, elle, comment les pouvoirs publics vont se sortir du bourbier dans lequel s’enfonce la contestation.
Le ministère de l’Education s’est réjoui, il y a quelques jours, d’un retour progressif à la normale. Les syndicats autonomes, selon lesquels le mouvement de grève ne s’essoufflerait pas, affirment le contraire, convaincus qu’ils sont dans leur bon droit.
L’éducation, la santé, le transport aérien, l’enseignement supérieur, la fonction publique, le système pense sans doute pouvoir encore tenir avant que l’irréparable ne vienne abattre ses intentions. Pour l’instant, on s’entête à confier la résolution d’une crise qui va s’aggravant à un personnel sans imagination ni autorité, y compris à un recasé du Fis dissous élevé pour le coup au rang de médiateur. Celui-là même dont on voudrait nous faire croire qu’il lave, aujourd’hui, plus blanc que blanc. Ceux dont le passé assassin n’incommode plus du tout l’autorité se redéploient partout où les espaces sont désertés par les pouvoirs publics. Ils ne perdent jamais le nord lorsqu’il est question de reconquérir des territoires laissés à l’abandon.
Si les grèves en cascade indisposent en haut lieu, on se garde bien de le montrer. On fait mine de vouloir négocier mais on ne peut s’empêcher de céder à un péché mignon, celui de stopper la contestation à tout prix en pointant les grévistes comme les méchants dans l’affaire.
Que faire ? Céder ou recourir de nouveau à la violence pour faire taire les plus résistants ? Le pouvoir n’a pas d’autre choix que de traîner la patte en espérant épuiser le mouvement. Il sait bien que s’il exauce les présentes revendications, d’autres fleuriront avec la même force.
M. B.
