J’aurais sincèrement aimé ne pas en parler tellement j’ai honte de décrire cette violence masculine à la mode algérienne qui prend des allures plus honteuses que surprenantes pour ceux qui en font la promotion en diversifiant la façon dont on l’administre.
Au-delà du fait que les femmes, dans une proportion étonnante, trouvent normal de se faire corriger par leur conjoint pour éviter de verser dans ce qu’elles considèrent comme incompatible avec les recommandations religieuses dont elles courent faire le plein auprès de prêcheurs/diseurs, je ne peux m’empêcher de plaindre les victimes. Quelle que soit leur compréhension de la violence qui leur est réservée par des mâles plus à l’aise dans les coups qu’ils assènent que dans l’argumentation.
Qu’est-ce qui fait que l’on privilégie la violence ? Lorsque j’étais adolescente, j’avais un professeur qui disait inlassablement aux turbulents que nous étions que le rideau tombait toujours. Cela promettait des représailles proportionnelles aux bêtises ponctuelles que nous commettions. Sauf qu’il ne s’agissait pas de violences physiques, mais de punitions qui, selon l’adulte qu’il était, aidaient à calmer les arrogants que nous étions et remettre à l’endroit nos penchants pour l’indocilité.
Les Saoudiens ont propagé le wahhabisme sur ordre de l’Occident, comme ils disent, et les nôtres ont souscrit, comme toujours, sans se poser de questions. Ils ont codifié la violence et personne n’a jamais osé opposer aux recommandations allant dans ce sens la moindre contradiction.
L’an dernier, c’est à Annaba que les femmes ont décidé de braver l’interdit qui leur était fait de se baigner en maillot.
Cette année, elles sont sorties pour dire leur rejet d’une mainmise des hommes sur le comportement à adopter en période de jeûne. Non pas qu’en dehors du Ramadhan la violence s’exprime à des degrés moindres. Mais puisqu’elle s’est abattue sur une femme en une période où tout pratiquant chevronné devrait savoir tromper sa faim, surmonter ses addictions et se montrer plus apaisé qu’à l’ordinaire, l’occasion est tombée à point pour manifester un rejet supplémentaire des rituels imposés.
M. B.
