Je disais, hier, en parlant de production nationale à privilégier,
selon la Centrale syndicale, pour préserver les emplois des travailleurs
syndiqués, qu’il y avait aussi ces boutiques, propriétés d’entreprises
publiques, où l’on vous vend des modèles de ce qui s’y produit et qui
s’écoule à un rythme laborieux. Du tissu par exemple. De vieilles
étoffes, des restes d’une production poussive qui y sont proposés à des
acheteurs qui courent les rues mais leur préfèrent le bas de gamme
chinois. Le personnel y évolue insensible à la moue de ceux qui
désertent les lieux en haussant les épaules. La mauvaise foi, on la
repère dans le fait qu’une majorité, qui consomme pourtant des produits
d’importation pas toujours de qualité enviable, refuse d’admettre les
préférer aux nôtres. Comment retrouver, par conséquent, le Made in Bladi
dans le comportement irrationnel adopté par une population qui ne sait
plus en réalité à quoi se référer pour démontrer qu’elle aussi dispose
des qualités qu’il faut pour concurrencer les nations riches de leur
propre savoir-faire. Le Made in Bladi couvre effrontément les mensonges
d’un système qui s’approvisionne ailleurs, mais voudrait convaincre du
contraire. Une autorité qui éduque en son sein une catégorie sociale peu
concernée par ce qui se passe autour d’elle et entretient un
laisser-aller et un clientélisme qui s’exercent avec un raffinement
exemplaire. Il faut dire que depuis que l’UGTA prêche pour des paroisses
qui cultivent leur pouvoir au gré des influences, l’espoir de restituer
à la revendication sociale son contenu pour ne pas dire ses lettres de
noblesse a perdu de sa ferveur. Des paroisses qui, en toute cohérence,
veillent à étouffer dans l’oeuf les moindres frémissements d’une Algérie
qui s’interroge encore sur certains des effets de son indépendance. En
attendant, on se console comme on peut du sentiment inconfortable que
suscitent ces regards impuissants qui aimeraient, eux aussi, raconter
leur pays autrement. Eh oui, mais comment s’affranchir, quand même, du
discours qui voudrait que l’on s’en tienne à l’image injustement
malmenée du pays aux un million et demi de chahids ?
M. B.
M. B.