Comment tolérer, alors que l’on enseigne aux petites filles de se voiler pour ne pas encourager les débordements libidineux du monde masculin qu’elles côtoient au quotidien, mais, surtout, parce que la soumission doit s’apprendre dès le jeune âge, que leur professeur apparaisse devant elles tête nue ? La preuve est donc ainsi faite que des responsables locaux de l’éducation, nourris au mal rampant, ferment les yeux sur les décisions prises par les établissements scolaires.
Le contexte, qui se conforme volontiers au règne de la médiocrité, dicte à ces fonctionnaires de petit niveau de ne pas s’aliéner l’aile islamiste qui contrôle ce secteur au sein duquel les femmes ont compris que, là aussi, les interdits leur étaient réservés.
En même temps que la rue célébrait, à sa façon, la Saint-Valentin, je pensais à toutes ces luttes menées ici et là contre les tabous fabriqués à l’envi pour couvrir la régression et encourager l’ensevelissement des belles mentalités. Celles qui, avant la montée en puissance de l’intégrisme islamiste, ont commandé le cheminement psychosocial algérien. C’était il y a tellement longtemps que l’on pourrait bientôt ne plus s’en souvenir. C’était bien avant que le système n’abandonne le gouvernail de l’école et de la culture au Daesh local, pour ne plus se préoccuper que de son confort et des prochains privilèges à cultiver.À l’enseignante de Biskra, sommée de porter le hidjab pour aller bosser, qui refuse de céder aux pressions de sa direction et démontre en le faisant qu’elle a une approche plus sereine de la religion, on se doute bien qu’il faudra une tonne de courage. Parce que la bigote, qui mène son établissement scolaire à la façon dont les salafistes gèrent les sombres arrière-cours de leurs mosquées, sait qu’elle peut faire dans l’abus d’autorité quand la morale ambiante l’y autorise.
Reste à savoir combien de temps l’enseignante mise à mal et lâchée, y compris par ses collègues, va tenir bon et si elle est déterminée à ne pas céder, quelle que soit la menace.
Je serais elle, je déposerai une plainte contre la gardienne du temple intégriste et traînerai mon administration devant les tribunaux.
M. B.