Même célèbres, elles n’osent pas !

Il y a la honte, certes, mais la honte n’a pas toujours la même raison d’être. Même si, au sein d’un couple, par exemple, la dépendance psychologique de l’un envers l’autre peut être interprétée comme étant identique chez les hommes et les femmes. Mais parlons de celles qui, parce qu’elles se savent peu écoutées, ne parlent pas et ne dénoncent pas leur agresseur. Comment, en effet, panser des blessures que personne ne perçoit comme telles ? La justice réclame des faits quand la violence infligée n’est quantifiable et identifiable que par celle qui est censée en témoigner. Et puisque cela tourne rarement autour de la lutte des femmes pour leurs droits, on ne compte plus le nombre de ceux que l’on cloue, vainement, au pilori. Ces hommes qui règnent unilatéralement sur la cellule familiale et dont on ne dénonce pas assez la violence dont les agressions sexuelles. Ces dernières deviennent effrayantes quand elles coûtent la vie à celles qui n’auront pas su comment mieux se protéger ou se défendre à temps. Celles et ceux dont cette réalité n’arrange pas les affaires tentent, en vain, de contredire les assertions avant d’affirmer haut et fort que les victimes, dont on détourne injustement le regard, n’ont aucune raison de monter au créneau, de parler d’atteinte physique traumatisante ou d’offrir, à tort, à autrui, une vision de personne dévastée et impuissante. Inutile de se demander pourquoi, par exemple, certaines actrices mondialement connues attendent, tellement longtemps, avant de rendre public leur viol par une personnalité influente du showbiz. Des viols, il y en a tous les jours. Des milliers de femmes en sont victimes. Mais ils ne deviennent visibles que lorsqu’ils sont commis par une personnalité.
La célébrité ne pèse plus rien face au poids de la justice et lorsque s’élèvent à l’unisson les voix de victimes décidées à rompre le silence qu’elles se seront imposé parfois durant des décennies. Comment, dans pareil cas, vit-on son incapacité à se raconter et à réclamer justice ? Elles commencent par avoir peur du scandale ou par se dire que leur plainte ne fera pas le poids face aux démentis d’une célébrité adulée pour son talent.
M. B