Ni Arabes ni femmes voilées !

Les lieux publics qui filtrent les clients en fonction de leur apparence ou de leur appartenance raciale fleuriraient ici et là. A Alger, il arrive que des salons de thé refusent parfois l’entrée aux femmes non voilées ou malmènent les jeunes filles non accompagnées. Après «Interdit aux chiens et aux Arabes», voilà qu’un restaurant parisien, s’inspirant sans doute d’exemples antérieurs, aurait décidé, depuis quelques années, sans en faire son enseigne, qu’il ne voulait pas d’Arabes et  de femmes voilées. 
La brasserie implantée sur une célèbre avenue dont la belle réputation court au-delà des frontières ne voudrait pas, selon le témoignage anonyme de quelques employés, de ce qu’elle considère comme relevant, selon des critères personnels, du tout-venant. Elle ne voudrait pas, autrement dit, brader sa réputation ou perdre de son cachet et penserait que la présence de femmes voilées ou de personnes aux noms à consonance arabe et au teint basané serait susceptible de couler l’établissement. Et voilà la France, pays des droits de l’Homme, qui renoue de temps à autre avec le délit de faciès, aussi raciste que ceux qui n’ont aucune gêne à l’affirmer et céderait donc au rejet de tout ce qui ne lui ressemble pas. 
Je trouve effarant qu’en même temps que l’on condamne, à grand renfort de voix, la violence infligée par les uns, on adhère dans l’intimité à ce qui est commis pas d’autres. Une minorité essaie, elle, d’expliquer pourquoi elle ne partage pas l’avis de ceux qui, les nerfs à fleur de peau, revendiquent le droit de ne pas penser comme tout le monde juste pour faire genre «je suis amical et solidaire». 
Je comprendrais qu’un restaurateur n’ait pas envie de changer de look ou de tolérer un mélange des genres. Même si dans ce quartier-là, ce ne sont pas des femmes voilées ordinaires qui s’attablent, mais plutôt celles qui fréquentent les prestigieuses enseignes qui contribuent pour beaucoup à la notoriété des lieux. 
Ce sont celles originaires des pays du Golfe qui écument les boutiques, y claquent des sommes astronomiques et qui,  d’un claquement de doigts, pourraient s’offrir l’établissement dont on leur interdit l’accès.
M. B.