On essaie, en vain, de penser à autre chose. Rien à faire ! La mobilisation citoyenne obsède chaque Algérien qui en attend davantage au fur et à mesure que s’aiguisent les intentions. Quand je dis chaque Algérien, je ne compte pas parmi ceux qui entendent vivre leurs rêves sur place, sans avoir à fuir pour espérer y parvenir, ceux qui, minoritaires, disposent déjà des avantages interdits à l’Algérie d’en bas.
Les hauts responsables, encore à la tête du pays, ne veulent rien entendre à la détermination de la rue ? Eh bien cette dernière dit, elle aussi, «Non» à la leur. Pas question de détourner l’attention de ce qui lui est imposé et qu’elle n’accepte plus. Les marcheurs, jeunes étudiants et leurs aînés, s’étonnent presque de leur capacité à affronter une hostilité qu’ils connaissaient, mais dont ils ne verbalisaient pas les effets. Comment abandonner ce pays auquel ceux qui refusent de tendre la main n’admettent pas que l’on ose y réclamer son émancipation ?
Eternel combat ! Celui qui fait vibrer les adeptes de toutes les philosophies auxquelles l’Homme choisit d’adhérer sous un prétexte ou un autre, reste celui du bien contre le mal, celui mené par les victimes contre les coupables, celui de la soumission à la force contre l’autoritarisme malfaisant. Les voix qui s’étaient élevées contre la mise à la retraite d’un général Mediène devraient avoir honte. Elles feraient mieux de ne pas oublier que c’est, en grande partie, à lui que nous devons ce dans quoi nous pataugeons aujourd’hui.
Mentir avec aplomb ? Le système sait y faire ! Même si, contraint à la mise à jour, il parle d’une nouvelle ère dans le traitement de questions censées préoccuper plus que d’autres. Après la corruption et les complots contre la sécurité de l’Etat, que va-t-on nous brandir comme autre urgence qui dicterait de rentrer chez soi ? De renoncer avant qu’une colère d’un autre genre ne s’abatte sur les millions d’Algériens qui entendent en finir avec le ressentiment, l’indigence et le mépris ? Encourager le débat pour préserver le pays de la division ? On aura fini par comprendre que rester groupés prémunissait des effets nocifs de l’isolement.
M. B.
