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Rubrique Soit dit en passant

Plutôt mourir que vivoter !

Un ami m’a raconté, il y a quelques jours, l’histoire d’un jeune homme dont on n’a toujours pas retrouvé le corps avalé par les flots. Toute cette jeunesse qui fixe l’horizon avec envie semble être passée du besoin de se construire une vie loin des interdits et privations qui vont grandissant, à un autre impératif : la concrétisation de ce dernier. Elle ne se laisse pas décourager par les ratages et les tournures dramatiques prises par de précédentes expéditions. Si d’autres ont réussi leur pari, pourquoi pas y aller ? On joue sans frémir sa vie à quitte ou double tandis qu’ailleurs, on se demande s’il s’agit là d’une réelle volonté de s’accomplir différemment ou d’un bras de fer aux contours mortels qui pousse à une banalisation de la vie.  
Certains se rejoignent pour mourir sur les toits d’un hôpital quand  d’autres, partis à l’assaut d’autres rives, se filment en train de traverser la mer, le cœur en fête et la trouille au ventre. Elle est terrible l’histoire de ce garçon de 21 ans qui va, un matin, jouer son avenir à qui perd gagne, décide de renoncer à sa carrière peut-être de futur brillant pâtissier pour suivre des copains de quartier déterminés à rompre avec la banalité d’un quotidien peu réconfortant. 
Le groupe, en voie de quitter clandestinement le pays, convaincu qu’ailleurs la vie est moins contraignante, entraîne avec lui ce fils de voisins, tout juste sorti de l’adolescence, mais lui aussi séduit par l’aventure. Crâner face au danger et s’amuser de la fureur des eaux, la suite est terrible. Des fins aussi effroyables ne se comptent plus, mais ne découragent pas tous ces autres que rien n’effraie, qui n’hésitent pas à grossir les rangs des disparus en haute mer pris au piège,  smartphone à la main, en guise d’adieu et pour un nième témoignage. 
Quand cet autre jeune est  pris en train de voler pour réunir de quoi payer son passeur, vous vous rendez à l’amère réalité qui attire tellement de l’autre côté de la mer. Troublants paradoxes tout de même. Il ne se passe pas un jour sans que les uns espèrent  se construire une vie ailleurs et que d’autres se sentent pousser une vocation de gardiens de la morale.
M. B.

 

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