Toute administration en perte d’arguments pourrait, entre autres, penser que le mieux à faire, pour empêcher qu’un comportement plus effronté prenne le pas sur l’obéissance attendue, serait de résumer, pour mieux en réduire l’impact, toutes les aspirations qui contredisent et gênent la décision, à un «pour ou contre».
A l’exemple de ces référendums qui n’aident pas à mieux appréhender ce qui préoccupe l’opinion publique ni ne renseignent sur les inquiétudes dont elle fait montre. Des inquiétudes révélatrices d’un malaise profond, susceptibles de pouvoir mener à l’irréparable. Il y a ceux qui aimeraient que l’on n’insiste pas trop sur les maux qui empêchent une nation d’avancer en arguant du fait qu’ils ne sont pas essentiels à l’évolution de la société et que l’on aurait mieux à faire qu’à en étendre et grossir les effets.
Et il y a ceux qui estiment, au contraire, qu’insister sur tout pet de travers est indispensable à la bonne santé d’un monde en déficit de repères. Il m’arrive, en parcourant les messages qui me sont adressés, de ne penser qu’à ce qui réconforte. De me dire qu’en fin de compte, on ne prêche pas toujours dans le vide et de me réjouir que d’autres refusent la passivité qui leur est suggérée.
En voici un de courrier qui résume parfaitement ce que les lectrices et lecteurs qui se sentent concernés par ce qui fait battre la société ou qui, au contraire, l’empêche de respirer me confient en privé : «Nous sommes à l’époque de l’information kleenex, un produit de consommation comme un autre. J’ai été ravi de constater qu’un appel à une mobilisation citoyenne ait été couronné de succès.
Des femmes et des hommes de tous âges, dans plusieurs grandes villes, se sont retrouvés pour un jogging citoyen en réaction à l’agression de la joggeuse et, plus généralement, pour la défense des droits des femmes dans l’espace public… Ces moments de convivialité et de fraternité pour la défense d’une cause sont la meilleure des réponses à apporter à ceux qui ne s’expriment que par sentences, colère et violence. La visibilité sociale doit être imposée à la société par la multiplication d’actions de solidarité comme ces rendez-vous citoyens...»
M. B.