Pourquoi les uns et pas les autres ?

Il arrive à chacun d’entre nous de refaire l’histoire à sa convenance. Souvent pour construire, à ce qu’il en reste, des contours plus tolérables. Je n’ai, à mon grand soulagement, jamais reçu de message qui fasse, par exemple, l’apologie du colonialisme. Y compris de la part d’anciens pieds-noirs, restés attachés au pays qui les a vu naître, qui vont et viennent plus souvent qu’on ne le croit et qui comptent, ici, plus d’amis qu’il n’en ont jamais eu là-bas. Mais des confidences chargées d’amertume et de regrets, oui ! Pour dire, entre autres, de l’indépendance du pays qu’elle n’a pas servi tous les Algériens de façon équitable. Ce n’est pas une insulte à l’égard de ceux qui se sont sacrifiés pour elle. Eux, ont fait leur devoir. Pas ceux qui ont pris la relève. A quelques exceptions près, ceux qui leur ont succédé ont, avant tout, pensé à se mettre à l’abri. Et les uns ont pris exemple sur les autres.
Voilà pourquoi, entre autres raisons essentielles, le pays n’a toujours pas eu l’occasion de faire la démonstration de toutes ses capacités. Et voilà pourquoi, par ailleurs, je n’arrive pas à croire que l’on ose encore accuser les uns d’être les ennemis de l’Algérie, en s’élevant soi-même au rang d’ultime sauveur qui reste là pour l’empêcher de sombrer.
La France toujours aussi ennemie de l’Algérie ? Pourquoi ne pas carrément lui interdire d’avoir une représentation diplomatique dans le pays ? J’ai du mal à imaginer qu’il y en ait qui le pensent vraiment aujourd’hui. Tout le monde sait les facilités offertes par l’Hexagone à la catégorie d’Algériens la moins amicale à son égard lorsque des intérêts politiques l’exigent.
Et lequel d’entre nous n’a jamais pensé, y compris sans le verbaliser, à la complaisance du système à l’égard de ceux qui dépouillent le pays au quotidien ? Mais il y aura toujours des gogos prêts à avaler les mensonges qui leur sont servis sur toutes les tribunes à portée d’expression.
Eh oui, la passivité de certaines, les moins favorisées d’ailleurs, tient souvent à cela et à l’impuissance ressentie face à la force déployée pour convaincre, dissuader et donc calmer.
M. B.