Santé en jachère, et quelle jachère !

J’ai commencé, hier, à parler de cette vidéo découverte dans ma boîte mail. Scandaleuse à plus d’un titre, je ne comprends pas pourquoi ces médecins grévistes ont attendu autant de temps pour réagir. Parce qu’il est évident que ce que l’on y voit est le résultat de longues années de négligence et de laisser-aller. Salles de consultation humides, aux plafonds effondrés et aux murs ruisselants, lits défoncés où s’entassent tête-bêche des malades en attente d’interventions chirurgicales ou en soins post-opératoires, parturientes abandonnées à même le sol faute de lits dignes de ce nom, et nouveau-nés massés à 3 et 4 dans le même berceau, salles de soins où traînent par terre pansements ensanglantés et seringues usagées, toilettes bouchées et odeurs incommodantes... J’arrête là la description effarante de lieux où devrait régner une hygiène irréprochable. Mieux vaut tard que jamais. Autant que ceux tentés de joindre leur voix à celle de l’administration puissent apprécier le carnage.
Ce que vise le département du Pr Hasbellaoui, qui a toutes les cartes en main pour régler le problème, reste en suspens.
A présent que l’on sait que l’on ne peut pas faire entendre raison par la force, même lorsque l’on détient l’autorité, la question qui revient à l’esprit comme un leitmotiv est : qui conseille le ministre qui ne semble pas trop bien saisir les conséquences d’une grève de cette envergure ? Des proches collaborateurs qui ne lui voudraient pas grand bien ? Parce qu’il est clair que, dans l’affaire, si quelqu’un devait payer les pots cassés, ce serait, à coup sûr, lui.
Conclusion, il devrait mieux surveiller ses flancs. L’ambition de proches conseillers peut être redoutable. Même s’il n’est pas de tradition pour une institution de céder à un bras de fer, je serais la tutelle, je réfléchirais au moyen de m’en sortir raisonnablement, sans défier les aspirations fondées de la contestation.
Dans un pays où une majorité de responsables ne fait pas confiance à son corps médical, quoi d’étonnant à ce que le conflit mette du temps à se résorber et comment négocier au mieux un avenir que d’aucuns affirment compromis ?
M. B.