J’ai attendu que se calme l’exaltation qui s’est emparée des médias occidentaux à ce propos pour revenir sur la «grande avancée» enregistré par l’Arabie Saoudite par la seule grâce du fils héritier, seul à décider de ce qui est bon ou non pour le royaume en prenant bien soin de ne mécontenter personne. Ni les partenaires occidentaux qui, en échange, ferment très volontiers les yeux sur le terrorisme international financé essentiellement par lui, les exécutions sommaires et autres exactions conçues pour réprimer toute velléité de s’en prendre à la stabilité du royaume ni les tenants du rigorisme local.
Des Saoudiennes au volant pour booster la vente de véhicules, tellement utiles à l’économie du royaume et pour rattraper une part des pertes engendrées par la baisse des cours du pétrole ? Voilà qui est fait ! Les voilà en contrepartie libres de circuler sans chiens de garde à proximité.
Le fait qu’elles se réjouissent qu’une part de liberté leur soit octroyée chez elles et pas seulement lorsque les plus fortunées d’entre elles se rendent à l’étranger ne signifie pas que leur statut ait pris plus de galons qu’il n’en faudrait.
Mon ami et collègue Ahmed Halli en parle plutôt régulièrement dans «Kiosque arabe». Sa chronique «Ne désespère pas, tu n’es pas seul» en dit long sur les pratiques que beaucoup se gardent de condamner alors qu’ils n’ignorent rien de leur impact sur le quotidien de ces femmes sévèrement ébranlé par des décisions qui tuent en elles tout espoir de voir un jour leur vie changer de ton.
Je suis soufflée par le manque d’honnêteté occidentale et la discrimination qui accompagne régulièrement les appréciations d’ONG européennes et/ou américaines dès qu’il est question de modernité et de liberté des femmes arabes.
On s’extasie à la moindre concession bédouine. Ce qui ferait hurler en Occident.
L’esclavage, l’enfermement, la soumission, on considérera que c’est culturel pour les unes quand ça ne l’est pas pour les autres. Faut prendre son temps avec les musulmanes. Elles sont nées pour patienter. Ah oui ? Et s’il venait à l’idée des Saoudiennes d’en réclamer plus pour sauver l’économie ?
M. B.
