On s’est familiarisé avec le fait que les positions aillent dans tous les sens quand les choses se corsent. Du coup, lorsque des professeurs en médecine, des aînés, se déclarent solidaires des actions menées par la jeune génération de médecins, les futurs spécialistes, la surprise prend un ton plus réconfortant. Ils sont mieux placés, eux, pour apprécier la situation à sa juste valeur. Pour l’avoir vécu précédemment, ils savent combien l’administration se contorsionne pour ne rien céder à la revendication. Ils sont témoins de la dégradation que connaît le secteur de la santé qui passe de main en main sans jamais croiser la personne qu’il faut pour lui restituer les lettres de noblesses qui lui ont échappé au fil des ans. Tous ensemble pour faire entendre raison à une autorité que l’on affirme coupée de la réalité ? Il y en a pourtant qui ont, auparavant, préféré prendre leurs distances avec la contestation après que le corps médical, presque dans sa totalité, se soit déclaré solidaire de précédentes revendications. Lorsque l’on écoute des professeurs dont la réputation n’est plus à faire décrire la situation, chacun dans la spécialité qu’il maîtrise, on reste sans voix face à l’inertie de la tutelle. Je fais là l’impasse sur la terreur qui s’empare de vous à l’idée de vous retrouver un jour hospitalisé dans une structure qui ne dispose pas du minimum pour venir à bout du mal qui ronge les corps et les âmes. Tous les intervenants sollicités par la presse, sans exception, dénoncent le laisser-aller et l’abandon du système de santé. Tous énumèrent les moyens qui font défaut alors qu’ils sont indispensables aux praticiens dont la vocation est de réparer des vies. Pas d’abandonner le terrain aux pratiques assassines de charlatans qui ne craignent même plus de combler le vide laissé par un système défaillant. Un système dont les échecs successifs sont portés par des profils en manque d’aspirations s’acharne à nier l’évidence en tournant le dos à des compétences qu’il pousse à l’exil. Des négligences irresponsables compromettent une authentique volonté de prolonger la vie pour des économies de bout de chandelles !
M. B.
