Une fois limogé, on devient banal !

Et dire qu’on les a qualifiés de grosses pointures et toléré leurs abus comme s’ils étaient nés avec la promesse de baigner dans l’aisance, de côtoyer les sommets et s’enivrer de la puissance qu’octroie l’ascension ! 
Je me suis demandé, il y a quelques jours, ce que devenaient de hauts responsables dont la destinée se brisait brutalement quand leur confort tournait court. 
A quoi s’occupent-ils une fois limogés, allégés de leurs privilèges en même temps que de leur autorité ? Une fois que le pouvoir d’influer sur le sort des autres leur échappe ! Ils jouent les innocents et jurent leurs grands dieux qu’ils ont été abusés et contraints de faire les choses contre leur gré ! Ils rasent les murs, se font discrets. 
Ils redeviennent accessibles, s’affirment à l’écoute des battements de la société, clament partout qu’ils sont des enfants du peuple, vantent leurs origines modestes et partagent, comme par miracle, l’avis de la majorité. Celle que l’on abandonne ponctuellement à un sort peu enviable. 
Celle qui végète en bas et qui ne comptait pas au temps où ils étaient aux affaires. Personne n’ignore, désormais, que même à terre, ils ne savent pas trop s’ils doivent invectiver le système qui, un jour, s’est penché sur leur promotion et un matin les a renvoyés à leur douar d’origine. 
Tout le monde sait que lorsqu’ils flirtent avec le haut de l’échelle et goûtent au pouvoir qu’une telle position offre de consommer sans compter,  ils n’ont plus envie de penser à la détresse d’autrui. 
Ils se tournent avec soulagement vers des centres d’intérêt plus attrayants. C’est ce qui les incite à revenir au-devant de la scène, à tenter, effrontément, de récupérer les faveurs perdues et à s’essayer à des offres de service, toujours les mêmes, mais qu’ils pensent mieux élaborées. Revenir au temps où ils jouissaient d’une confiance absolue, étaient intouchables et pensaient le rester. 
C’est lorsque sonne l’heure du limogeage que l’on n’a plus de scrupules à comptabiliser ce que l’ex-favori aura accumulé durant son mandat à la tête d’une institution ou en dehors. Aujourd’hui, on les regarde défiler dans des prétoires privés de leur influence et de leur autorité.
M. B.