Le Soir d’Algérie : Vous étiez un coéquipier de Bernaoui. Que pouvez-vous nous dire de lui ?
Rachid Debbah : J'ai intégré les seniors de l'USMA alors que je n'avais que 18 ans et c'est surtout Bernaoui qui m'avait très bien accueilli et m'avait aidé à m'intégrer car il aimait beaucoup les jeunes. C'était un monsieur de bonne famille et j'ai eu la chance de le connaître et de jouer à ses côtés. Il était très sympa, ce fils de La Casbah, toujours souriant. A ma connaissance, je ne l'ai jamais vu s'énerver.
Même pendant les rencontres de championnat ou de coupe ?
Non, jamais il ne s'emportait et pourtant il en recevait des coups de la part des défenseurs adverses.
Etiez-vous présent le jour où il a marqué un but de la main ?
Je n'étais pas sur le terrain mais dans les tribunes. Il l'avait inscrit à Boubekeur, le gardien de l'OMSE et de l'EN. Ce dernier était furieux parce que Bernaoui lui disait qu'il avait marqué avec la main mais quand l'arbitre s'est approché il lui a dit qu'il l'avait inscrit avec la tête et, bien sûr, le referee a validé le but au grand dam de Boubekeur qui n’en revenait pas.
Quel genre de joueur était-il ?
Bernaoui était un fin technicien et il était imprévisible quand il amorçait des dribbles.
Quel était son point fort ?
Son point fort c'étaient les remises. Ce n'était pas le gars qui gardait beaucoup le ballon et quand on sollicitait le une-deux, il vous remettait la balle dans les meilleures conditions. Avec lui, le foot devenait simple.
Vous qui l’avez connu jeune, est-il vrai qu’il ressemblait à Sammy Davis Jr ?
Oui, c'est vrai, il lui ressemblait assez.
Que retenez-vous de lui en particulier ?
Quand je suis arrivé chez les seniors, j’étais encore très jeune et je n'avais pas droit aux primes de matchs. Alors, dans les vestiaires, avant les rencontres, il venait me voir et me disait : «Petit, si on gagne je te ramènerai la prime.»
Et, effectivement, à chaque fois, il me remettait une enveloppe contenant l'argent de la prime.
Quel était le montant des primes à cette époque ?
75 DA pour un match nul et 150 DA pour une victoire.
Propos recueillis par Hassan Boukacem
