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Rubrique Sports

L’équipe du FLN racontée à l’IMA de Paris Les insurgés du foot

Par Omar Haddadou
A l’Institut du Monde arabe à Paris, le football algérien est à l’honneur. S’inscrivant dans le contexte historique de la compétition africaine, une remarquable exposition dévoile les facettes chronologiques des exploits des Verts, avec comme clou du spectacle, la fabuleuse cavale clandestine des 9 joueurs algériens évoluant en France, pendant la guerre de Libération, pour former la sélection nationale.
Le Football. Passion pour les uns, drogue délétère des peuples pour les autres, il cristallise désormais, au-delà des enjeux financiers, des manœuvres absconses, l’expression de la splendeur du spectacle. Mais surtout, l’unité nationale dans le cortège des bouleversements sociétaux. Religieusement vénéré en Algérie, le ballon rond s’approprie une nouvelle interface aux ambitions révolutionnaires inédites. Le stade de l’ère du Hirak n’est plus une échappatoire à donner de la voix pavlovienne, mais le colisée insurgé des jeunes connectés. La force d’un engouement new-wave excluant tout décalage avec la réalité par des slogans réformateurs puissants et irrécusables, prend toute sa dimension dans la reconfiguration de la planète Foot. Djamel Belmadi et ses poulains font désormais figures de plénipotentiaires, de porte-étendards dont l’investissement en cette Coupe d’Afrique des Nations, version 2019, ravive une vraie ferveur patriotique. Ferveur que l’on retrouve sous forme d’un militantisme exacerbé chez les aînés professionnels, expatriés pendant la colonisation. En témoigne l’actuelle et inédite exposition à l’IMA de l’incroyable escapade clandestine des neuf joueurs algériens pour répondre à l’appel du FLN. Portés par le courant révolutionnaire, les sportifs mobilisés par le dévoué et stratège Mohamed Boumezrag, souscrivent à la feuille de route des émissaires activistes. Mokhtar Laribi (ex-Lensois) et Abdelhamid Kermali (Olympique lyonnais), n’hésitent pas, pour leur part, à se faire la belle et écrire une page d’Histoire circonstanciée homérique. Pourtant, en France, ils avaient tout à portée de main pour tourner le dos à leur pays : la gloire, la jeunesse et la notoriété d’excellents footballeurs. Le mouvement indépendantiste en quête d’un coup d’éclat dans une Algérie, jusqu’alors nation sans Etat, écrasée sous le joug colonial, les propulse dans le feu de l’action. Et voilà, Rachid Makhloufi, Mustapha Zitouni Abdelaziz Bentifour, respectivement stars d’AS Saint-Etienne et l’AS Monaco, ainsi que d’autres grandes figures, tels Abderrahmane Boubekeur, Amar Rouaï, Kaddour Bekhloufi, Abdelhamid Bouchouk, Saïd Brahimi, embrassant, un certain 15 avril 1958, la cause nationaliste. Date à laquelle les Français se réveilleront sous le choc, à la veille d’une Coupe du monde (Suède) en apprenant la fuite clandestine, vers la Suisse, des ténors du championnat, dans l’unique dessein de rejoindre le Front de libération nationale, dont le siège se trouvait à Tunis.
Le peuple algérien et son Gouvernement provisoire pavoisent. La perte des «diamants bruns» fait l’effet d’un tsunami dans les médias français. Bien qu’en Hexagone rien ne semble titiller les fondements d’une politique expansionniste et sa mainmise sur les colonies assoupies, quelque chose sourde de l’autre côté de la Méditerranée. Galvanisé, Rachid Makhloufi, sérieusement blessé à la tête lors d’une rencontre, se dérobe de l’hôpital de Saint-Etienne en pyjama sous bonne escorte de ses coéquipiers. La main du FLN est passée par là ! Cris d’orfraie à Paris ? Non ! Obéissant à un schéma directif, l’escapade des quatre joueurs algériens à bord d’une voiture tourne en boucle à la radio. Le fugitif stéphanois est même reconnu par les agents du poste frontalier qui le saluent honorablement, après un contrôle complaisant empreint d’échange sur les performances des Bleus. (Scène rappelant étonnamment le passage au peigne fin, pour le même idéal, Ali la Pointe, Yacef Saâdi et le Petit Omar, à la Casbah). Les douaniers n’ayant pas écouté l’information, laissent les joueurs algériens, acquis à l’autodétermination, passer entre les mailles du filet. La disparition ne tarde pas à révéler ses secrets. Polariser l’insurrection algérienne à travers le monde en amenant le politique à tirer parti de la vocation sportive comme outil de propagande.
L’Histoire retiendra qu’en dépit des accointances éhontées entre la FIFA et la Fédération française sur la mise hors d’état de lutte et de l’émergence de l’équipe du FLN, cette dernière parviendra, dès mai 1958, à jouer 90 matchs, participer à des manifestations sportives, aller en tournée au Maghreb, en Europe et en Asie. Le Président Bourguiba bravera le diktat de l’institution internationale par la mise en valeur de l’emblème algérien dans le stade lors d’un tournoi. Quatre ans durant, les peuples de la planète découvriront cette jeune équipe du FLN imprégnée des principes révolutionnaires. Elle accueillera le 6 janvier 1963 sous l’hymne algérien et les youyous éperdus, la Bulgarie pour une belle affiche, en tant que sélection nationale ayant en son sein 8 joueurs puisés dans le vivier de l’équipe de l’Indépendance. Grandissime sacrifice qui nous fédère aujourd’hui sous le «one, two, three, viva l’Algérie !».
Omar Haddadou

 

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