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Rubrique Sports

MADJID SLIMANI (DOCTEUR ET CHERCHEUR EN CHIRURGIE DENTAIRE ET DENTISTERIE DU SPORT) : «Pour optimiser son potentiel, le sportif doit avoir une hygiène buccodentaire irréprochable !»

Eminent docteur en chirurgie dentaire, spécialité qu’il pratique depuis cinquante ans, Madjid Slimani a toujours mobilisé son énergie et son immense savoir pour développer la dentisterie sportive, branche incontournable de la médecine sportive et soigner les sportifs d’élite dont beaucoup ont de sérieux problèmes de santé en raison d’un manque d’hygiène buccodentaire. Bien introduit dans le milieu sportif (il a été membre de plusieurs fédérations sportives), le docteur Madjid Slimani n’a rien perdu de son enthousiasme débordant. Dynamique, rigoureux et méthodique, il a toujours fait preuve de recherche et de créativité et de disponibilité. Avec sons sens aiguisé de la communication et de l’investissement, Dr Madjid peut apporter un réel plus à la médecine sportive algérienne et aux sportifs de l’élite nationale. Aidé dans sa louable tâche par les instances concernées, il peut mettre en valeur et davantage ses capacités en les intégrant dans un cadre plus vaste qui reflète l’intérêt général.
Le Soir d’Algérie : Pouvez-vous nous présenter de manière succincte vos parcours universitaire et sportif ?
Dr Madjid Slimani :
Je suis né à Béjaïa et très tôt j’ai débuté la pratique du sport de musculation, c’était à l’époque des Steve Reeves, Leroy Colbert, Frank Zane... Ces grands sportifs m’ont beaucoup influencé et dès le début de mes études à la Faculté de médecine d’Alger, j’ai découvert un lieu mythique du sport : les Groupes laïques, complexe sportif mitoyen de l’actuelle salle Harcha, où étaient hébergés tous les athlètes d’élite de l’époque, différentes disciplines confondues, notamment l’haltérophilie. J’ai eu la chance de connaître un grand sportif et chercheur, Ahmed Bendifallah, docteur en pharmacie, qui a été à l’origine du déclenchement de toutes mes recherches en milieu sportif ainsi qu’en milieu des zones arides, dans le Grand-Sud. Notre père, Allah yarrahmou, nous a toujours orientés vers le domaine médical à telle enseigne que deux de mes frères sont devenus spécialistes en médecine interne et en neurologie et qui ont énormément servi l’équipe nationale de basket-ball.
Quels sont les travaux que vous avez menés et quelle est leur genèse ?
Vivant dans un milieu sportif depuis près d’un demi-siècle, et ayant une formation de docteur en chirurgie dentaire, je me suis tout naturellement intéressé à la cavité buccale du sportif, notamment chez l’haltérophile, et le spécialiste de l’athlétisme, la relation entre la performance et la contre-performance, avec la cavité buccale. Ceci ayant été à l’origine de ma thèse d’Etat. J’ai pu mettre en évidence chez un groupe de sportifs de haut niveau la relation qui existe entre l’état de la cavité buccale et le sport de haut niveau. A cette époque, on pensait beaucoup plus à la carie dentaire et aux atteintes articulaires. Ceci m’a été remarqué par le Dr Ahmed Bendifallah à propos du perchiste français Hervé Houvion, qui a été guéri de ses tendinites à répétition grâce à l’extraction de toutes ses dents infectées, pratiquée par le professeur Martin en Suisse.
Vos fréquentes missions de recherche dans le Sud qui ont débuté dès la fin des années soixante vous ont permis de mettre en évidence une atteinte dentaire chez les Sudistes et les sportifs du Sud, qu’est la fluorose. Qu’en est-il actuellement ?
C’est grâce à un athlète qui m’a été confié, en l’occurrence A. M. B., pour des tendinites et même les fractures des côtes flottantes, que j’ai compris que la raison majeure était la fluorose présente au niveau de toutes ses dents. Je me suis rapproché de lui et j’ai contrôlé l’eau du puits qu’il buvait et qui contenait un taux extrêmement élevé de fluor. La fluorose est donc bien à l’origine des contre-performances sportives, surtout quand le fluor se fixe électivement au niveau des tendons.
On préconise pourtant des pâtes dentaires ou dentifrices à base de fluor et même des comprimés contenant du fluor aux enfants. Comment cela s’explique ?
Nous avons remarqué que la fluorose est endémique en Algérie et est présente aux portes d’Alger, à l’Est, à l’Ouest et bien sûr au Sud. Il faut être attentif quand on donne du fluor additivement à une alimentation, de ne pas provoquer un surdosage en fluor. Ceci est facilement décelable cliniquement sur la dent.
Dans l’une de vos interventions à la Radio Chaîne 3, vous aviez évoqué la notion d’occlusion et de performance. Pouvez-vous nous en dire davantage ?
Au moyen de pratiquer son arraché ou son épaulé jeté, on remarque que l’haltérophile, lors de sa concentration, bouge les doigts sur la barre, ainsi que ses pieds, tout en serrant ses maxillaires et en mâchouillant. On a pensé qu’il mettait en harmonie une bonne occlusion maxillaire, qu’il est le seul à trouver, et déclenchait brutalement son effort pour qu’il soit optimal. On le voit très bien serrant fortement ses mâchoires et c’est ce que nous avons appelé «l’occlusion de la performance».
Qu’en est-il de la prévention et de la prise en charge de l’athlète de haut niveau dans le cadre de la médecine du sport et dans votre spécialité ?
Avec les données scientifiques actuelles, il est capital. En Algérie, nous sommes passés, pour lutter contre les tendinites, de la bande Velpeau, à la carie dentaire à la fluorose et à l’occlusion. En particulier, sauvegarder le bloc dentaire postérieur (au niveau des molaires). Mais la recherche ne s’arrêtant pas là et il semble qu’actuellement, même la mémoire de certains actes traumatiques peut redéclencher la pathologie à l’origine de la contre-performance.
Pour clore cet intéressant entretien ?
Pour optimiser au mieux son potentiel, le sportif doit avoir une santé et une hygiène buccodentaire irréprochables.
Entretien réalisé par Abdenour Belkheir
 
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