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Le Sheriff Tiraspol à l’épreuve de l’Inter Milan Vernydub, le coach qui fait la loi

Yuriy Vernydub n'avait jamais, jusqu'au mois dernier, connu de grand succès dans le football européen, n'entraînant que des petits clubs d'ex-URSS. A 55 ans, l'Ukrainien a réalisé son rêve de jouer en Ligue des champions avec l'improbable Sheriff Tiraspol.
Réputé plutôt sévère, Yuriy Vernydub a fait l'inimaginable avec ce petit club de Transdniestrie — un territoire séparatiste moldave —, terrassant à domicile le Shakhtar Donetsk puis, contre toute attente, au Bernabeu le Real Madrid, fort de ses 13 sacres en C1. «Je suis reconnaissant à mes gars pour ce qu'ils ont fait», commente, modeste, Yuriy Vernydub, après cette victoire d'anthologie 2-1 fin septembre. Les proches de cet entraîneur qui a fait toute sa carrière de joueur comme d'entraîneur en ex-URSS le décrivent comme une personne déterminée, ne renonçant jamais à ses rêves, même si son palmarès reste pour le moins limité. «ça ne sert à rien de se disputer avec lui», témoigne à la télévision ukrainienne son fils Vitaly, lui-même joueur de foot et qui a joué sous les ordres de son père. Né à Jytomyr, dans le nord-ouest de l'Ukraine, Yuriy Vernydub a commencé sa carrière professionnelle de joueur, à l'époque de l'URSS, dans sa ville natale en 1983. Il est passé de clubs en clubs à petit budget en Ukraine, très loin des projecteurs du grand football européen. Il ne s'en rapproche finalement qu'au crépuscule de sa carrière sur le terrain, en jouant à la fin des années 1990 avec le Zenit Saint-Pétersbourg deux matchs de Coupe de l'UEFA, ancienne appellation de la Ligue Europa.

Jamais la Russie
Mais Yuriy Vernydub a continué de «rêver» du plus prestigieux des tournois européens, la Ligue des champions, dit-il à l'AFP. Mettant fin à sa carrière de joueur en 2000 sur une blessure au genou, il se lance dans celle d'entraîneur, devenant assistant au Metalurg Zaporijjia, club de première division ukrainienne. En 2011, il devient l'entraîneur principal du Zorya Lougansk, modeste club de l'est ukrainien, donnant du fil à retordre aux géants nationaux du Shakhtar Donetsk et du Dynamo Kiev. Il a même mené cette équipe, pourtant forcée de déménager par la guerre et la prise de la ville par des séparatistes pro-russes, jusqu'à la phase de groupe de Ligue Europa. Cette histoire mouvementée laisse des traces. Aujourd'hui pour lui, il est inimaginable de travailler en Russie, largement considérée comme l'instigatrice du conflit. «Si j'avais des offres en Russie, je n'irai pas», assène-t-il. Les footballeurs ayant joué sous sa direction saluent eux sa capacité à les faire progresser. L'un d'entre eux, le gardien Andriy Lunin, a ainsi été acheté par le Real Madrid en 2018 pour 8,5 millions d'euros. «C'est une très bonne personne et un très bon entraîneur», tranche l'international Oleksandr Karavayev, un autre ancien joueur passé par l'école Vernydub. «Le rêve et la confiance de Yuriy Vernydub (...) m'ont aidé à atteindre un certain niveau, à intégrer la sélection nationale», expliquait-il en 2019, en partance pour le Dynamo Kiev.

Légion étrangère
Après une décennie au Zorya Lougansk, Yuriy Vernydub quitte le club en 2019 après des désaccords sur la vente des meilleurs joueurs et l'absence de nouveaux achats. Il passe la saison suivante au Bélarus voisin, avant de rejoindre à Tiraspol le FC Sheriff. «Il y avait une chance de jouer en Ligue des champions», dit-il, en expliquant sa décision d'intégrer en décembre 2020 ce club méconnu de l'enclave séparatiste de Transdniestrie mais qui domine le Championnat moldave. Pour Artiom Frankov, rédacteur en chef du magazine ukrainien Football, ce nouveau défi a été une opportunité pour Vernydub, car il a le plein contrôle sur les transferts. «Il peut y recruter les joueurs dont il a besoin», résume-t-il auprès de l'AFP. Sur le terrain, c'est la légion étrangère: Colombie, Pérou, Brésil, Ghana, Mali, Grèce et même Luxembourg sont représentés... Aujourd’hui, le Sheriff se rendra en Italie pour y affronter l'Inter Milan. «Il est clair que ce sera très dur. Mais il ne faut pas avoir peur, il faut y aller et jouer», dit Yuriy Vernydub.
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