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Women’s Entrepreneurship Day Des freins culturels entravent l’entrepreneuriat féminin en Algérie

Par Latifa Abada
L’Algérie a célébré samedi dernier, comme 144 autres pays, la journée mondiale de l’Entrepreneuriat féminin (WED). La rencontre, qui s’est déroulée au siège de la Wilaya d’Alger, a permis à des femmes chefs d’entreprises, en s’inspirant de leurs expériences, de définir les contraintes liées à la création d’entreprises par des femmes en Algérie.
Le WED est célébré dans 144 pays, depuis sa création en 2014. L’objectif premier de cette manifestation est d’encourager les femmes à travers le monde de participer activement au développement économique de leur pays. En Algérie, une première édition a été organisée en 2016. Cette seconde édition place le leadership féminin au cœur du débat. Lors de l’ouverture des travaux de cette journée, Leïla Akli, ambassadrice de WED Algérie, a indiqué que «les femmes représentent la moitié des forces vives de notre pays, il est donc normal et logique qu’elles participent aussi à la dynamisation de notre économie hors hydrocarbures». Intervenant au cours de cette journée de débat, Fatiha Rachdi, présidente de la Global Entrepreneurship Network Algérie (GEN Algérie), a fait savoir que depuis 2010, la croissance de l’entrepreneuriat féminin en Algérie est de 18% annuellement. Cependant, la participation de la femme dans la création d’entreprises est de 17% seulement, selon elle.
Le poids culturel

Au cours d’une table ronde intitulée «le leadership féminin est une réalité», les panélistes, majoritairement des femmes, se sont accordées à dire que ce qui freine les femmes aujourd’hui à créer leur propre affaire, ce sont des contraintes culturelles. «Aujourd’hui, l’environnement économique est favorable à la création d’entreprises. Il est facile d’obtenir un registre de commerce, le cadre juridique existe et les accompagnements des banques aussi. Mais, parfois, la volonté n’y est pas, ces femmes ont parfois peur de s’imposer dans un secteur patriarcal», précise Hind Benghanem, organisatrice du Symposium international sur le translogique, le transit et l'entreposage de marchandises (SITTEM). Elle ajoute que dans certains secteurs économiques, la femme est pratiquement inexistante. Mme Benghanem confie que pour l’organisation du SITTEM, lorsqu’elle parvient à réunir 480 chefs d’entreprises, 90% d’entre eux sont des hommes. L’ambassadrice de la WED Algérie, qui est également directrice générale de l’agence Pi Relations, estime, quant à elle, que les blocages à l’entrepreneuriat féminin sont déjà existants au niveau des universités. «Je suis issue de HEC Alger, et quand je vais à la rencontre de ces étudiantes en fin de cycle à l’université, je me rends vite compte qu’elles ne se projettent pas dans l’entrepreneuriat. Elles veulent minimiser les risques et aspirent à des postes dans des entreprises publiques. La peur de l’échec et le poids de la société les empêchent de penser à une carrière entrepreneuriale», déplore-t-elle. Leïla Akli appelle à faire de la sensibilisation au sein des universités. Elle estime qu’il est nécessaire aujourd’hui d’informer ces jeunes femmes des opportunités qui existent.
«Nous n’avons pas droit à l’erreur»

Par ailleurs, les panélistes ont également évoqué, lors de cette table ronde, les contraintes que rencontrent les femmes lorsqu’elles sont aussi à la tête d’entreprises. Celles-ci subissent souvent des discriminations liées à la maîtrise de leur métier. «Il faut qu’on soit parfaites, qu’on maîtrise notre métier pour pouvoir avancer et préserver notre place. De nos premières rencontres avec nos clients, il faut qu’on prouve que nous sommes de très bonnes techniciennes. Nous n’avons pas droit à l’erreur», soulignent-elles. En conclusion, Wahida Chaâb, présidente du conseil d’administration de l’entreprise Cital, a abordé la représentation de la femme au sein de l’entreprise. Elle estime que beaucoup de femmes n’accèdent pas à des postes de responsabilité. «La participation de la femme dans le développement de l’économie du pays ne se fait pas seulement en étant femme chefs d’entreprises. Le leadership féminin, c’est également ces femmes qui activent dans des entreprises dirigées par des hommes. C’est pourquoi il est du devoir des hommes chefs d’entreprises de créer des espaces au sein de leurs sociétés, pour ouvrir les débats et donner aux femmes l’opportunité de parler de leurs ambitions et comment les concrétiser», conclut Wahida Chaâb.
L. A.
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