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Rubrique Tendances

Cet autre pays imaginaire

Quand on est hypocondriaque, comme je le suis fatalement, il faudra tôt ou tard traverser la frontière de cet autre pays imaginaire, l’hypocondrie. C’est ce qui s’est passé pour moi, j’avoue. Je fais partie de ces gens-là qui, obsession faite, visite toutes les maladies possibles, juste le temps de se faire peur. Au fait, ça intéresse qui mon histoire ? Les gens ont d’autres chats à fouetter, que lire mes sornettes. Tu es hypocondriaque, c’est tant mieux pour toi, dit ma petite voix aujourd’hui, excédée par mes pleurnicheries.
Mais tout de même, parler du système de santé n’est pas vain. Du reste, les Algériens se plaignent d’être mal soignés. Perso, je dis que notre santé est malade. Oui, là, tu intéresseras des lecteurs. Disposons-nous du soin nécessaire, adéquat, opportun et vital ? Peut-être ! Mais pour ce faire, il faut un temps long, compliqué et sinueux. Les malades font un marathon, souvent. De mon autre pays imaginaire, je vois ce phénomène.
Que vois-je encore ? Je vois un Hirak, qui conjugue le verbe marcher à tous les temps. Chaque vendredi, comme un réflexe, l’Algérien marche. Je veux juste rappeler à certains amis que la « longue marche » de Mao a engendré la Chine d’aujourd’hui. Que va engendrer le Hirak algérien ? Sincèrement, je ne me risquerais pas à donner un avis quelconque. J’ai peur de ce que je vais dire. Fatalement, il faut faire le point, si la perspective est claire pour tout le monde.
J’y étais dans mon hypocondrie. Fatalement, j’y étais dans un de ces hôpitaux. Pour le citer, il s’agit de l’hôpital chahid Mahmoudi (HCM). On m’aurait dit ça l’année dernière, je n’aurais pas demandé mon reste. J’aurais pris les jambes à mon cou, et aurais changé d’horizon. Sauf que dans cet hôpital où j’ai été soigné, j’y ai vu des toubibs proches du malade, humains, disponibles et, surtout, agréables. Le pire pour un médecin, c’est d’être hautain. Les infirmiers de cet hôpital, véritables anges sur terre, se plient en huit pour leurs soins, leur aide et leur présence de tous les instants. Perso, j’ai perdu de vue cette humanité depuis, déjà, des années. Partout où j’allais, dans presque tous les services, j’ai cultivé, en mon fort intérieur, l’idée que l’agent me rendait service. Puis, il s’agissait fatalement de connaître quelqu’un qui connaissait quelqu’un, et un autre, et un autre, tout ça, juste pour se faire délivrer un papelard. Qui s’en souvient lève la main. La situation a-t-elle changé depuis mon départ en hypocondrie ? Que mes soignants  (du dirlo jusqu’à la femme de chambre) trouvent, ici, l’expression de ma gratitude éternelle !
Que vois-je encore d’ici ? Boualem Sansal a décroché le prix Méditerranée ; je suis content pour lui. Et content pour les écrivains algériens qui arrivent encore à écrire localement. Au fait, y a-t-il chez nous un prix littéraire d’envergure ? Non, je ne vois pas. Est-ce aussi difficile de mettre en place un prix littéraire ? Peut-être est-ce dû au fait qu’il existe, chez nous, trois langues d’écriture. Sincèrement, j’y vois une richesse. Comment ? Parle pour toi, me chuchote ironiquement ma petite voix. Imaginons un prix littéraire annuel ! Imaginons l’émulation entre écrivains ! On peut créer cet état d’esprit, c’est simple ; il suffit de décider. Et quand l’écrivain se met à faire l’intervieweur, il se met entre parenthèses de lui-même.
Dans mon autre pays, j’avais perdu le goût de la lecture, curieusement. Que faire du temps en abondance ? Écrire ? Impossibilité technique. C’est simple, je me suis remis aux mots fléchés. Chaque canard propose une page. Pour ne pas faire de jaloux, je prenais toutes les pages. C’était barbant, au début, car les définitions ne me convenaient guère. Et ma petite voix qui n’arrêtait pas de me houspiller. Ne grille pas tes neurones inutilement, disait-elle. Je m’y suis mis pour de vrai. Souvent j’ai eu l’irrépressible envie de répondre par la darija, surtout quand je suis très loin de la réponse, alors qu’elle est juste sous mon nez. Au fait, savez-vous qui est le père d’Andromaque ? Et l’espion de Néron ? Mais pourquoi me demander le nom d’une rivière suisse ? Allons donc ! Je ne connais pas les noms de nos rivières. Le « motfléchiste » doit nationaliser sa grille. Ça y est je pique ma crise patriotarde. Je commence à connaître les symboles des machins chimiques. Ça y est je suis un « flécheur » des mots pour un bon bout de temps.
Y. M.

 

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