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Rubrique Tendances

En quête…

L’environnement est agressif ; pire, il est anxiogène. Quand je sors, je trouve que l’espace public n’obéit à aucune norme. Quelle norme ? Celle de la fonctionnalité, de l’esthétique, du beau et de cette propension à se dire qu’on vit dans un environnement attrayant. Or, ce n’est pas le cas ! Ce n’est pas particulier à ma ville natale, Tizi. C’est général à toutes les villes de notre pays. Pourtant, il suffit d’actionner la volonté de bien faire. L’exemple nous est donné par ces villages de Kabylie qui, en quête de l’équilibre voulu par l’Ancêtre, retroussent leurs manches et font de leur espace de vie un havre de beauté, de propreté et d’intelligence. Il n’y a pas à citer des noms de villages ; ces derniers sont connus. Puis, il faut aller sur place pour constater de visu la joliesse des lieux. Il y fait bon vivre !
Le matin, je sors pour ma flânerie quotidienne. C’est devenu pour moi un besoin. Ce besoin de marcher, de voir les choses actuelles et de replacer la nostalgie des lieux dans son contexte. Malheureusement, les êtres ne sont pas compris dans cette perspective. Ainsi, chaque jour, je privilégie un parcours. J’emprunte telle route. Je ne cite aucun nom, ni de chemin ni de lieu. Pour ne pas faire de jaloux. Néanmoins, je constate que des arbres ont été plantés ; ceux-ci sont encore à leur adolescence. C’est bien de planter des arbres, mais encore faut-il faire le suivi. Le service concerné s’est contenté de creuser un trou, d’y mettre le plant et de laisser faire la nature. Or, une rue est une organisation urbaine, un tracé de mouvement et une perspective de bien faire. Je constate que ces arbres ont poussé comme les ronces, naturellement, sans l’aide de la main de l’homme. Aussi, certains arbres ont poussé de travers, vers la gauche ou vers la droite. 
Je n’y vois aucune symétrie ni aucun ordre de placement. L’homme a piqué le plant. Puis, basta ! Qu’il pousse droit, tordu ou penché vers l’avant, il s’en bat la calebasse ! Or, ces arbres doivent d’abord procurer une jouissance pour l’œil, ensuite offrir de l’ombre aux marcheurs comme moi. Désolé, ce n’est pas le cas ! « Mes » arbres ont poussé comme des sauvages. Ils ne procurent ni jouissance ni ombre. Ils ont le mérite d’être là. C’est tout ! C’est de l’ordre serré tout ça. Si je me mets devant le premier arbre, mes yeux ne doivent pas voir la suite. Comme s’il y étaient dépareillés. Dès lors, j’entrevois le chaos esthétique de cette rue. Et les passants n’en ont cure ; ils passent indifférents devant ces arbres échevelés. Et je sens monter, en moi, un cri immense de dépit qui refuse de sortir. 
Juillet est le mois des moissons pour nos enfants. Leur réussite scolaire est fêtée bruyamment. Il y a quelques jours, les résultats du BEM tombaient, comme on dit. Bravo à ceux qui ont réussi à décrocher ce sésame pour prétendre au lycée. Ce brevet a été fêté, aussi. Et bruyamment ! Dans mes souvenirs, une bouteille de limonade suffisait. Ça se fait jusqu’à présent. Les temps ont changé. Et mes souvenirs relèvent d’une préhistoire qui ne dit pas son nom. De mon temps, la retenue était de mise. Maintenant, il faut montrer sa réussite. Et la montrer sous des clameurs. Et autre tralala ! Bien sûr que je suis content pour ceux qui ont décroché cet examen. Quelle question ! Mais aller faire péter ces machins pyrotechniques dans le ciel me semble être démesuré, d’autant qu’il fait chaud. Et un incendie est vite allumé. Et vas-y que je te rajoute une autre. Ça pète dans le ciel. Ça fait du bruit. Et ces pétards à la noix font un tintamarre du diable. Plus de limonade, ihi. Plus de youyous. Non, il faut qu’on casse la baraque ! C’est tout mon être qui refuse cette incorrection. Si on utilise des pétards, gros « comme ça », pour la réussite au BEM, qu’est-ce que ça sera pour le bac ? Ce jour-là, on sortira l’artillerie lourde. De la DCA. De la dynamite. Pour l’obtention de la licence, on pourra penser à une bombinette toute gentille. C’est là où je retourne me cacher au fond de ma cachette pour quêter juste une once de paix. Et de silence.
En ce moment, le monde vit la pire des pandémies. Notre pays est touché, bien sûr. Nous faisons partie de ce monde. Autrement, ce serait du pain bénit. Sauf que nous faisons partie de l’ensemble faible de ce monde. Aussi, nos moyens de lutte contre cette maladie ne sont pas les mêmes par rapport à ces pays développés. Ce que je constate, au niveau de ma ville natale, ce fatalisme qui sert de leitmotiv à bon nombre de citoyens. Certains nient carrément l’existence de cette maladie. D’autres, déjà touchés, pensent, à tort, qu’ils sont immunisés. Et entre les deux, il y a ceux qui tiennent un discours à s’arracher les cheveux : « Il faut bien mourir de quelque chose, C’est Dieu qui décide du jour ultime, Je ne veux pas mourir en bonne santé… » Et autres balivernes ! 
À Tizi, je ne vois plus personne mettre le masque. Ou rarement ! J’ai demandé à un commerçant du centre-ville : « Tu mets en évidence un panonceau signalant l’obligation du port de la bavette et toi tu ne la mets pas. J’ai été mis en demeure de l’afficher ; autrement, je ne l’aurais jamais affiché. Regarde-moi bien, ai-je l’air d’être malade ? On veut nous faire peur. Et nous détourner… » Je crois bien qu’il est parti d’un rire tonitruant. J’ai laissé tomber. Je n’ai pas demandé mon reste. Avant, j’ai arrangé mon masque, comme on arrangerait une cravate et j’ai décampé vite. Je n’ai pas de réponse à ce type de discours. Notre ministre fait appel à la responsabilité de chacun. Je crois bien que ce ne sera pas suffisant. En attendant, les hôpitaux sont surchargés. Ici et là, des Algériens meurent, des gens qu’on connaît, de cette sale maladie.  
J’ai remarqué comme une anomalie, je ne sais pas si vous l’avez remarquée comme moi, là où je mets les pieds, il y a foule. Je fais le géomètre sur les trottoirs cassés de Tizi, il y a une foule qui traîne ses guêtres, tout comme moi, actant l’errance et l’ennui. Je vais chez le toubib (un peu trop ces derniers temps), il y a une foule qui, malgré la Covid, occupe déjà l’espace de la salle d’attente, au point où je me dis : « Mais à quelle heure sont-ils venus ? » Je vais au marché, pour le moment j’évite, la foule est là, compacte, bruyante, tâtant les fruits et légumes au grand dam des commerçants, achetant patates, salades, raisins noirs, tomates et oignons. Mais, il y a tout de même foule. Je vais chez le pâtissier du coin, il y a foule qui, le porte-monnaie béant, liquide en un tour de main les jolis macarons multicolores. Je ne comprends pas ce qu’il se passe. Sommes-nous tous en congé ? Ou à la retraite ? Y a-t-il quelqu’un derrière le manche ? Ou l’avion est-il en pilote automatique ? Ma quête est celle-là : comprendre.
Après avoir lu ma dernière chronique, un ami de Tlemcen me demande de m’occuper de choses plus sérieuses, que de faire l’entomologiste. À partir de cet espace de parole, je lui demande de venir pousser avec moi l’âne mort (en algérien, ça donne mieux), ou alors de terminer son roman sur le regretté Jean Sénac. Selon un dicton populaire, cher ami : « Lakhbar ijoubouh t’wala ! »
Y. M.

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