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Rubrique Tendances

En quête d’une chronique

À chaque chronique, il faut trouver quelque chose à se mettre sous la dent. Bien sûr, les sujets ne manquent pas. Malheureusement, ceux-ci ne nous inspirent guère. On en a parlé, reparlé, vus sous tous les angles, relus en long, en large et en travers. Au point où je perds parfois la signification de certains concepts ; il m’arrive même de manquer à mes urbanités. Puis, un chroniqueur n’est pas un surhomme ; c’est juste un quidam qui ose mettre en marche ses méninges et qui, souvent malheureusement, se mêle de ce qui ne le regarde pas. Ihi, pour cet espace de parole, je tente de la faire au petit bonheur la chance. 
De par l’extrême tension qu’il y a dans ma caboche, j’avoue – encore une fois — que je ne suis pas sortable ; pire que je suis à éviter à tout prix. J’ai la dent creuse, le regard trop intérieur et la parole avare. Enfin, je ne suis pas comme d’habitude. Comme on sait que l’habitude est une seconde nature, en ce moment, je ne sais plus à quelle nature me vouer. Comme dirait un de mes potes philosophes, à mi-temps, il y aurait trop de monde dans ma tête ; ainsi, le brouhaha qui s’y installe falsifie mon bon sens. D’ailleurs, cela s’entend quand je tente une discussion, et cela se lit quand je tente de la prose. Ou particulièrement de la poésie ! Eh oui, messieurs, la mauvaise nouvelle, je me suis (au secours !) remis à taquiner la muse. Je la plains la pauvre, elle en voit de toutes les couleurs avec moi. Bref, il faut bien que je m’occupe l’esprit, en le vidant au maximum. J’ai des poubelles pleines qui attendent d’être vidées, surtout d’encombrants venus d’une autre vie. 
Malgré ce temps à ne pas mettre justement un poète dehors, j’ai mis mon ciré, mon béret vissé sur ce qui me sert de tête, pris mon courage à deux mains en tentant de calmer ma tension nerveuse et suis sorti marcher en ville. Au début, j’avoue que j’ai paniqué. Malgré la pluie fine insistante, « samta » (que les fellahs me pardonnent !), qui mouille jusqu’aux os, le « monde » est là. J’ai failli poser la question aux uns et autres : « Vous aussi, votre tension nerveuse est-elle élevée ? » Mais à voir la tête matinale de certains jeûneurs, sans nicotine, sans caféine et en déficit de sommeil, je me suis ravisé. La raison est de mise, en ces temps où le « monde » tire plus vite qu’il ne raisonne. Comme moi, le « monde » hante les rues « villiennes », tout de même. 
Perso, je sais pourquoi je suis ici. Du moins, je pense le savoir. Plus je « torture » les trottoirs, plus je tente de préciser le pourquoi de ma présence sous une pluie tout juste ennuyante. Je cherche à ramasser les ingrédients pour monter une chronique. Je ne fais pas gaffe au ciré qui dégouline d’eau de pluie ni à mon béret qui, maintenant, ne protège nullement ma caboche. Juste en face, je remarque un phénomène made in bladi, la chaîne chez le « tounsi » du coin. Il est encore tôt pour faire le plein de glucose. De sucre, pardi ! Ce n’est pas encore l’heure de ce carburant, Wallah ! Mais aller leur dire ça ! C’est comme ça. Pas autrement. Le sachet plein de « sekkar », je suppose, je suis même sûr, que ce « monde » est tranquille pour cette petite tranche de la journée. Puis, la journée va être longue. Le besoin de nicotine, de caféine et ces paupières qui se feront lourdes vont rallonger les heures. L’heure ne fera pas son lot de minutes requis. J’imagine qu’il y aura bien un quart d’heure en rabiot, voire plus. La pluie, elle, insiste dans sa « tombaison ». Si au moins, elle arrive à remplir le barrage de Taksebt qui est, je l’ai vu, récemment, squelettique. 
Je persiste, têtu dans ma décision, dans ma promenade par un jour de jeûne et de pluie sous forme de glu. Je me débarrasse du béret, il est bon à jeter. Mais « taqechouf » (ça vous rappelle des choses, hein, les nostalgiques d’un(e) politique spectacle !) aidant, je préfère acheter un sachet noir (bravo pour l’écologie !) pour le cacher. Il peut encore servir, il y aura bien de la pluie l’hiver prochain. Curieusement, la circulation est fluide ; on entend moins de klaxons. Quoi que ça dort encore ! Je me risque même à descendre sur l’asphalte, ce que je ne fais jamais auparavant. Ah, tu risques de laisser ton espadrille ! Je rencontre une connaissance ; on se serre les coudes, pas les mains. En attendant de se serrer autre chose. Covid-19 oblige ! Les salamalecs d’usage. Ça va. Ça va. M’liha cette pluie pour les arbres. Oui, hayla ! Tu es bien mouillé. Comme tu vois, il pleut. Allez, ya men âch, saha ftourek. Dans l’absurde que j’ai moi-même dressé, je continue mon petit bonhomme de chemin. La pluie n’arrête pas son chant plaintif. De plus, on me souhaite un « saha ftourek » vers dix heures du matin ! Merci, merci, kho, on en reparlera d’ici un paquet d’heures extensibles.
Je n’arrive pas à enlever de mon crâne ce tohu-bohu ramadanesque. J’ai le cafard. Le bourdon. Un mal de crâne naissant. Une envie de rendre. Il y a des jours comme ça. Puis, je le répète, cette pluie aussi fine qu’une lame de rasoir n’arrange pas mon état d’esprit. Avec juste un peu de soleil, j’aurais pu faire le lèche-vitrine. Sauf que les boutiques sont encore fermées. C’est le jeu du mois de jeûne : on travaille peu, on dort beaucoup. Tiens, j’ai une idée dans ma tête. Le pléonasme est voulu ; c’est  à la démesure de mon ressenti. J’irai dans cette grande surface, que mon fils me vante tant. Je prends mon asiatique de tacot. Rapide comme trajet ! Le temps de me garer, j’y suis déjà dedans. J’ai remarqué qu’en temps de pluie, les parkingueurs ne sont pas à leur poste. Tant mieux, je fais une économie de 100 dinars. Il y a eu une augmentation, kho ! C’est 100 dinars algériens ou va te faire voir ailleurs. Perso, j’ai toujours payé à l’avance. Zaâma, certains remettent un ticket. 
Je fais les rayonnages de la grande surface. Oui, il y a un peu de tout. Tu te sers. Des hôtesses sont là en cas de besoin ; elles sont reconnaissables à leur blouse. Il faut reconnaître qu’elles sont affables, aimables et serviables. Je me suis dit : « C’est une grosse alimentation générale ! » Ça y ressemble. Il ne faut pas, non plus, faire la fine bouche. Tu prends un charriot, tu fais ton tour d’acheteur potentiel, tu te sers, et tu te rends à la caisse pour « kouhhi ».  C’est vite fait. Et bien fait. Attention, il y avait du monde. On achetait à tout va. Plus il y a de produits, plus on est tenté de chauffer le porte-monnaie. Ayya, du sucre, par là. Des gâteaux en tout genre. Des fruits et légumes. Des godasses. De la quincaillerie. Des fournitures scolaires. Des fromages. De la conserve. Des marteaux. Des téléviseurs. De l’eau minérale. Je me suis rempli les yeux. Je me suis laissé avoir, moi aussi. J’ai presque rempli mon charriot. J’ai même fait la chaîne à la caisse. J’ai eu droit à un ticket de caisse aussi long que le bras. J’ai laissé faire l’instinct. J’ai pris de l’huile, aussi. Comme tout le monde, kho ! Sauf que juste à côté de « ma » caisse, il y avait un rayon de livres. Oui, vous avez bien lu, des livres. Ces machins en papiers que, généralement, on lit. Sauf que personne ne s’en est approché, y compris moi. J’avais peur d’être pris pour un extraterrestre. 
Y. M.

PS : Ayant besoin de repos, Youcef Merahi sera absent durant les quatre prochaines semaines.

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