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Rubrique Tendances

Et maintenant ?

Voilà, voilà ! Hum ! Hum ! L’Algérie officielle a donné sa réponse à l’Algérie populaire. Il n’y a pas plus désolant comme réponse. Je perds totalement mon kabyle. Je disais, il y a quelques jours de cela, que le cinquième mandat fiha fiha. Je ne change pas ma façon de voir. L’Algérie officielle s’entête dans son entêtement. Qui ne lâche rien. D’abord, il faut que je vous dise : d’un cinquième mandat, l’Algérie officielle propose à l’Algérie populaire, celle des cités AADL, 1/5 du mandat. Il n’y aura donc plus cinq mandats ; mais 4 mandats plus un chouia. Plus entêtant que ça, tu meurs. Je ne sais plus qui disait : «Tu s’occupes de rien, je s’occupe de tout.» Durant vingt longues années, très longues années, l’Algérie officielle n’a pas pu, n’a pas su, n’a pas voulu, offrir à l’Algérie populaire cette foutue seconde République. Cette République démocratique, loin de toute corruption, sans népotisme, sans détournement, une justice indépendante, sans voleurs, sans pouvoirs personnels, sans zaïmisme, sans… La liste est longue. Qu’on ne vienne pas étaler devant nos yeux ébahis le canevas des réalisations ! Il y a fausse donne ! Il faut changer les cartes, les hommes, les esprits, les règles… Le peuple le demande ! Sauf que l’Algérie officielle propose autre chose. Nous irons au cinquième mandat, et si on est élu, on tournera la page. L’Algérie officielle organisera une grande bamboula, sous l’arbre à palabres du Club-des-Pins, une bamboula inclusive, ils seront tous là, même les morts d’El-Alia, sauf que l’Algérie officielle aura la baguette du chef d’orchestre. C’est l’Algérie à l’envers. Au moment où l’Algérie populaire, dans la rue, dans toutes les villes de ce pays, jeunes, vieux, femmes, étudiants, y compris les chats errants, exige que la valise de ce système soit pliée vite fait. Que ce système reparte vers les ténèbres qui l’ont produit. Voilà que ce même système, plus retors que jamais, demande un sursis, une rallonge, un rabiot, un chouia plus, un bout de la chose, un délai de route, juste pour réaliser une seconde indépendance de l’Algérie. L’Algérie populaire demande que le Président parte, que le gouvernement parte, que le FCE parte, que l’UGTA parte, que la Constitution parte, que l’APN parte, que le Sénat parte, que la hachia parte, que le FLN parte, que le RND parte… Enfin, tout ce qui peut rappeler ce système soit mis aux oubliettes de l’Histoire. Et que l’Histoire jugera tôt ou tard. 
Sincèrement, je ne sais pas de quel bout prendre cette chronique. Si ça ne tenait qu’à moi, j’aurais écrit dans une encre indélébile, sur toute la page 24, en clair, dans les langues en usage chez nous : «Prenez vos frusques et partez !» En arabe : «R’fed cabt’ek wa r’hel !» Maintenant, en tamazight : «Ddem l’qchik ddou d yi manik !» Chers lecteurs, ne cherchez pas des fautes d’orthographe, les fautes, il faut les chercher dans ce système, qui refuse de mourir. Qui refuse d’abdiquer. Qui refuse de comprendre que l’Histoire a dit son mot. Que le peuple a déjà voté. Que l’année de rabiot est une année de trop. Dans tout ça, il se trouve des Algériens qui – allégrement – ont pris des cartons de signature, se sont rendus au Conseil constitutionnel, toute honte bue, sourds à l’appel de l’Algérie populaire, pour se porter candidat à un cinquième mandat. Ces candidats, sourds au séisme à venir, devront aller, dare-dare, annuler leur candidature. Et se mettre à l’avant des marches populaires. Et demander le départ de ce système. En attendant, notre télé nationale se met au ronron des événements populaires. Il ne s’est d’abord rien passé. Puis les marches sont anonymes. Puis des marches guidées de l’étranger. Puis la rue est maîtrisée. Puis, soudainement tout à coup, Alger n’est plus interdite aux manifestations publiques. Puis, les marches sont pacifiques. Puis, le peuple ne demande que son bonheur. Puis, le peuple aime son pays (!) Puis, on pommade. Puis, on replâtre. Puis, on étale la vaseline. Puis, on caresse dans le sens du poil. Puis, on présente la lettre du Président (encore une !) comme une réponse historique, responsable, politique, intelligente, de niveau, à l’expression populaire. Notre télé nationale aurait dû éviter de montrer le cri du peuple. Les réseaux sociaux le font à la seconde près. Sans commentaire tendancieux. Sans coup de ciseaux. Sans pommade. Du direct, comme on l’aime. Pas de différé. 
Justement, pour effacer de mon crâne les commentaires de cette journaliste, obligée de lire son texte, je me rends à mon café préféré prendre la température. Je me mets au milieu de la salle. Je respire de la fumée de cigarette à n’en plus pouvoir. J’assume ma part de tabagisme. Le thé n’est pas top, aujourd’hui. Je fais la remarque au garçon de salle, qui me répond : «Notre kahwaji a trop marché, il fait tout faux cette matinée.» J’évite de lui répondre. Je me force à avaler l’affreux breuvage. Ai-je le choix ? Comme je n’ai jamais eu le choix d’avaler cet affreux système. Ça était le top-départ d’une discussion avec quatre quidams à côté. Le premier, barbu comme pas possible, une barbe communiste, les yeux mi-clos, me dit : «Wech, tu veux mourir en bonne santé ? Avale, cheikh, avale ! C’est du thé à l’algérienne. Puis, wallah, ce n’est pas ce thé qui tue ; c’est ce que nous vivons depuis 62… » Je tente une réponse, à voix basse : «Quand même, il y a un minimum.» A l’autre de riposter, sans tarder : «Yakhi niyya yakhi ! Tu fais quoi quand une administration de ton (remarquez le possessif) pays te fait courir, du matin au soir ? » Le second quidam, qui fume comme un pompier, se met de la partie : «Quoi faire ? Rien. Tu repars la tête basse, cherchant un piston quelque part. Tu ne connaîtrais pas…» Je me force à prendre une gorgée d’un thé qui violente mon gosier : «Ça va changer bientôt. C’est ce que demande le peuple…» Le barbu rétorque : «Le peuple ! Pauvre chaâb ! Tu peux le faire marcher jusqu’en Chine… Comme ça… Pour rien… Il gobe tout… La preuve, tu verras, le 18 avril, il y aura le 1/5 du mandat… L’khouf, ya couz ! Puis, on tirera la corde jusqu’à plus tard… Wech, que dis-tu de ça ?» Je cherche une issue de secours. Je demande au serveur un verre d’eau du robinet. Je lui dis : «C’est quand même le Président qui a écrit la lettre. Berzidan wa ma adrek ! Il a juré sur le Coran…» La réponse est cinglante : «Tu l’as vu écrire cette lettre ? Non, alors ! Il est toujours en Suisse, me semble-t-il. On ne sait même pas où se trouve notre Président. Et il aurait écrit une lettre. Si quelqu’un l’a vu écrire cette foutue lettre, qu’il vienne me le dire en face. Ce sont des sornettes. Khourti, comme tout ce système, khourti. Tu verras, le 19 avril, il t’enverra une autre lettre qui te dira de la fermer pour, encore, cinq longues années. Quand au 1/5 demandé, zaâma, c’est juste de l’antijeu… Et il y a des gus, comme toi, qui croient aux lendemains qui chantent. De plus, il m’arrive des fois de voir ces marches comme un mirage.» Le serveur s’amène à temps un verre d’eau à la main. Il me regarde compatissant et me dit d’autorité : «Noudh ya cheikh. Rouh t’rouh. Le thé est cadeau de la maison. Ils vont te bouffer le cerveau. Je les connais ces gus, ils passent leur temps à couper le cheveu en quatre.» Je ne demande pas mon reste. Je sors de l’estaminet. La rue est plus bruyante que jamais. Comme si rien ne se passe en Algérie !
Y. M.

 

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