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Rubrique Tendances

Le plus dur est à venir

A Fouad Boughanem
Décidément, tout se complique. Le Conseil constitutionnel l’a décidé ainsi. Il n’y aura pas donc d’élections ce 4 juillet. Tant pis ! Je ne voterai pas, moi qui ai pris la décision d’accomplir mon devoir citoyen. Une autre fois, peut-être. Le Conseil est souverain, n’est-ce pas ? Bref, le Président par intérim lui emboîte le pas. J’y suis, j’y reste, dit-il dans un discours soporifique. Je me suis ennuyé à mourir. Il était question d’une prétendue responsabilité politique. D’un devoir de moudjahid. De trouver les voies et moyens de ce faire. D’autres choses, aussi, que je n’ai pas retenues. Boumediène, oui, ça comme Président, il savait y faire. Pas de somnolence possible avec lui. Il tape sur le pupitre. Et fort ! « Qararna ! » est resté dans ma mémoire. J’ai décidé. Il n’y a pas à tortiller. Ça ne te plaît pas. Tant pis pour toi ! Mais là, la monotonie du discours, la façon dont il est porté, l’absence de gestuelle… Ce fut la totale ! J’ai quand même retenu que le Président par intérim va prolonger l’intérim. Ouais, un intérim prolongé jusqu’à l’élection présidentielle. Ouais, élections qui se tiendront quand. On ne le sait pas. Notre Président par intérim souhaite remettre les clés d’El-Mouradia en mains propres. Ouais, c’est comme ça. Et pas autrement. Mais on est loin d’égaler Boumediène. Trop fort notre « Boum » national. Un autre niveau. Une autre carrure. Donc le Président par intérim prolonge son intérim. Grand bien nous fasse. Vous remarquerez, avec moi, qu’un Algérien qui pose son popotin sur le koursi, même par intérim, s’y plaît tellement, qu’il est difficile de l’en déloger. Pas seulement à ce niveau. Mais à tous les niveaux. Wali. Maire. Directeur… Ça se passe comme ça en Algérie. Je disais donc que notre Président par intérim n’a pas l’intention d’en rester là. Il veut dialoguer. La vertu du dialogue est à cultiver. C’est un signe ntaê hadhara.
Mais dialoguer avec qui ? Toute la question est là. Il faut être deux pour dialoguer. Car, pour le moment, le système est dans un soliloque démentiel. Têtu. Embarrassant. Le premier dialoguiste, c’est le pouvoir. Qui veut dialoguer avec les autres. Les autres : les partis d’opposition, les personnalités nationales, les élites, la société civile… Ça fait du monde, non ? Ah, si Boumediène était encore en vie. Il ouvrirait les micros, comme en 76, à tous, dans un défoulement à l’échelle d’un pays ; puis, il fera une charte à sa dimension. Ouais, ya dadda, c’était ça notre « Boum » national. Aujourd’hui, le pouvoir veut dialoguer avec ceux d’en face qui refusent de dialoguer, tant que subsistent ceux du pouvoir  qui symbolisent le système de la faillite. Attention, ce système n’a pas démarré en 99 ; il a démarré en 62. Il faut être clair. Il n’y a pas d’absolution possible. Ce sont les maillons de la même chaîne. Revenons au dialogue. Le peuple ne veut pas de ce dialogue avec ce système. C’est clair, aussi. Où est la solution ? Comme dit le proverbe de chez nous : « Qabelni we n’qablek ya tadjine lhout… » Le pouvoir appelle au dialogue ; le peuple dit non. Chaque semaine, c’est la même ritournelle. Qui va lâcher le premier ? En attendant, notre Président par intérim reçoit les ambassadeurs étrangers ; il dégomme ; et nomme. Alors que pour la Coupe d’Algérie, il a préféré s’abstenir ; le ministre des Sports est allé au charbon. 
Le plus dur est à venir. Bouteflika a joué son va-tout ; je n’ai jamais voulu du cinquième mandat, dit-il ; je veux juste prolonger le quatrième ; je veux organiser une conférence inclusive ; je veux organiser des élections propres et transparentes ; je veux remettre les clés d’El-Mouradia ; puis, j’irai me reposer, après avoir fait le bonheur de mon pays. Ce scénario ne vous rappelle rien, ya lkhawa ? Moi, si. C’est exactement ce que propose Bensalah. Pas dans les mêmes termes, peut-être. Mais c’est le même scénario. Que faut-il comprendre par là ? Que le système n’est pas près de s’en aller comme ça. D’un claquement de doigts. Ou de manifestations « vendredicales ». Le plus dur reste à faire. Le pouvoir compte, très certainement, sur une probable lassitude de la rue. Ce qui n’est pas à rejeter. La rue peut passer la main. Et les opportunistes ne sont pas très loin. Le peuple, lui, compte sur une  démission des symboles du bouteflikisme. Ce qui me semble peu probable. Je ne compte pas beaucoup sur cette éventualité. Je n’arrive pas à l’admettre. Je la souhaite de tout mon cœur. Pour que ce pays connaisse, enfin, l’apaisement, la liberté, la démocratie et le bonheur social. Par contre, le climat social risque de surchauffer lors des prochaines semaines. J’ai peur d’une violence prochaine. Le désespoir populaire peut mener à tout. 
Dans ces enquêtes menées par la justice, il y a un phénomène qui m’interpelle. Derrière chaque affaire, la ligne débusque de gros poissons. Pas seulement. Il y a le menu fretin. C’est une chaîne de complicités effarante. Flen a besoin d’un passeport. Pardon, un deuxième passeport. Il en parle au Premier ministre. Qui en parle au ministre de l’Intérieur. Qui, lui, en parle à son secrétaire général. Qui en parle au responsable des passeports biométriques. Une chaîne bien huilée. Est-il réglementaire de posséder deux passeports ? Je ne le pense pas. C’est possible pour ceux de la stratosphère algérienne. Qui est justiciable, si la possession de deux passeports n’est pas légale ? Toute la chaîne, non ? Tous les donneurs d’ordre, y compris l’exécutant. Calquons cette situation sur les autres affaires, le reste relève de la pure logique. 
Pour le moment, tous les justiciables ne sont pas tous face à la justice. Juste une chose, il serait profitable à tous que la justice fasse sa propre communication sur les dossiers en cours. Pour éviter toute spéculation. Et toute rumeur. Il faut que le citoyen sache ce qu’il doit savoir sur ces dossiers scabreux. Qui a fait quoi ? Avec qui ? Comment ? Avec quelle intervention ? A quel niveau ? Quel est le préjudice ? La transparence doit être de mise. On doit mettre fin au secret de Polichinelle. Que la justice fasse sa propre communication !
Dans tout ça, le peuple fait sa propre communication chaque vendredi. Sans censure. Le peuple sort dans les rues et oppose son refus au scénario d’un film, dont la chute est connue d’avance. Alors que le pouvoir fait la sourde oreille !
Y. M.

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