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Rubrique Tendances

Mazel l’espoir ?

Je me suis interrogé, comme beaucoup de mes compatriotes, sur les mille milliards de dollars. Je l’avoue, j’ai eu cette faiblesse. J’ai obéi à une curiosité que je pensais citoyenne. Mille milliards de dollars, c’est une sacrée somme ! Comme mes compatriotes, j’ai eu cette réponse arithmétique : les logements, l’autoroute, le soutien des prix, les écoles, la gratuité de la santé, etc. Sincèrement, je ne trouvais pas mon compte. C’est peu pour beaucoup, si je peux m’exprimer ainsi. Car, entretemps, des scandales ont éclaté ; on n’y revient pas. On a parlé officiellement de corruption. De surfacturation. Enfin, de choses pas très musulmanes ! Mais depuis que notre Premier ministre est passé devant nos chers sénateurs, j’ai eu mon compte. Je sais maintenant où sont passés les mille milliards de dollars ; il me suffit de me rendre à Aïn M’guel pour le savoir. La source est assez loin d’Alger ; mais peu importe, je peux toujours refaire le circuit du Grand Sud algérien. Puis la magie du désert ! Rien à dire, c’est une trouvaille. Je me demande, excusez, encore une fois, ma curiosité, si notre Premier ministre a voulu faire de l’esprit. En tout état de cause, c’est réussi. La pirouette verbale valait le coup ; un coup au prix coûtant de mille milliards de dollars. Aussi, si je veux étancher ma soif de connaissance, il me faut me rendre à Aïn M’guel ; ce n’est pas la porte à côté. Ne dit-on pas «Quêtez la connaissance, même en Chine». Sauf que pour me rendre là-bas, je devrais prendre l’avion, non ? J’avoue que, depuis quelque temps, ma phobie de l’avion cloue au sol mes ambitions de voyage. Et, si tout simplement, je prenais la route pour le Sud algérien. Ça serait chouette ! Une semaine de désert, c’est le pied ! Mais est-ce la bonne période ? Bidasse, j’ai été marqué par les vents de sable. Les scorpions. Et les gerboises insaisissables. Aussi, vais-je faire confiance à notre Premier ministre. Il n’y a pas de souci, les mille milliards de dollars ont été consommés à bon escient. Allez, on passe à autre chose.
L’espoir, c’est ce qui manque à notre pays. La voilà la trouvaille ! Génialissime ! L’espoir, oui, l’espoir ! Je suis tenté de fredonner la chanson du regretté Hasni, Mazel l’espoir ; Hasni, ce rossignol que les faiseurs d’éternité ont cueilli froidement sur un arbre décharné, au moment où Oran ne s’y attendait pas. Pour mémoire, j’ai emprunté ce titre à cet artiste qui ne chantait que l’amour. Notre Premier ministre nous demande de garder espoir ; mais il ne nous reste que cela, au point où beaucoup d’entre nous ont versé dans un désespoir et un cynisme despotique. Alors, de quel espoir parle-t-on ? L’espoir d’un visa pour tenter la survie en France ? L’espoir d’une harga clandestine vers l’Espagne ou l’Italie ? L’espoir de s’installer au Canada et préserver l’avenir de ses enfants ? L’espoir de trouver un job ? L’espoir de trouver la force d’avoir de l’espoir ? De quel espoir parle-t-on donc ? En Algérie, il faut avoir les moyens de se payer une once d’espoir. Surtout quand on voit la cohorte de beggara, ces riches qui sortent de nulle part, faire la nique aux plus crédules d’entre nous. Le seul espoir qui reste à des millions d’Algériens, c’est d’aller se faire voir ailleurs. Au noir. Dans une felouque déglinguée. Peu importe ! L’espoir est là-bas ! Il ne faut pas qu’on se fasse d’illusions là-dessus. Et ce n’est pas la planche à billets qui va redonner espoir à ces millions d’Algériens ; car ils n’ont plus confiance. Encore un attrape-nigaud, disent-ils. Algérien échaudé craint l’eau froide ! C’est comme ça que je vois la situation. Il ne suffit pas d’appeler à l’espoir pour que les cœurs vont chanter, à l’unisson, Mazel l’espoir. Le jour où l’on verra les corrompus, et autres corrupteurs, devant la justice, ce jour-là, l’espoir pourra refleurir. Le jour où l’on verra nos villes propres, comme là-bas, ce jour-là, l’espoir aura un sens. Le jour où l’on verra les spéculateurs mis hors d’état de nuire, ce jour-là, l’espoir sera algérien. Le jour où l’on verra nos forêts libres de toute peur, ce jour-là, l’espoir bercera nos rêves. Le jour où l’on verra la bureaucratie perdre son pouvoir, ce jour-là, l’espoir sera permis. Le jour où l’on verra l’alternance au pouvoir, ce jour-là, l’espoir dira son chant. Je peux continuer comme ça jusqu’à la fin de cet espace de parole. Sauf que nous ne comptons plus le nombre de mandats présidentiels. Et que nos forêts abritent encore le terrorisme. Et que nos spéculateurs spéculent sans vergogne. Et que nos bureaux génèrent des attentes sépulcrales. Et que la confiance n’a plus de sens chez nous. Et que la violence gerce les trottoirs de nos villes. Et que. Et que. Et que. Alors, où puiser la force et la volonté de quêter, à nouveau l’espoir, quand des générations entières ont été sacrifiées sur l’autel de la soif du pouvoir. Et sur le culte de la personnalité, qui revient comme jamais. Personnellement, je n’ai ni la force ni la volonté de zieuter un semblant d’espoir. Il y a longtemps de cela que j’ai enterré ma dernière illusion. Nos gouvernants n’ont pas su rendre heureux ce peuple ; et ce n’est pas simple de le dire. Je porte cette vérité comme une douleur indélébile. Comme le regret inexorable de la perte d’un être cher. Ce que je regrette, c’est cette assurance derrière le micro. Et cette suffisance face au désastre. Comme si un génie allait sortir de la lampe de la Banque centrale pour remettre les compteurs à zéro (oui, le génie d’Aladin !). Et cette certitude qu’avant c’était la mouise, alors que maintenant (depuis 1999), c’est le paradis en Algérie. Et ce pédantisme béat qui veut qu’eux savent et que les autres sont des ignares. De quel espoir parle-t-on ? La «taghennant» est bel et bien algérienne ! Il y a un proverbe de chez moi qui dit : «La maison brûle, qu’on se réchauffe au moins.» En kabyle, ça rend mieux. Alors qu’on se réchauffe, la maison brûle sérieusement.
Ah, comme j’aimerais me rendre à la mer dire ma grande colère. Mon désespoir. Mon impuissance et ma nostalgie du rêve de juillet. Mais je n’ai plus la force de rien. Ni la force d’un espoir quelconque. Cela fait des années qu’on nous mène en bateau ; si au moins ce bateau pouvait servir à ceux qui veulent aller voir d’autres territoires et d’autres sens possibles. C’est juste un bateau de dupes ! Et on se fait duper depuis plus de cinquante ans ! Un demi-quintal de duperie. U Mazel !
Y. M.

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