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Rubrique Tendances

ON A VOLE SAPHIR ET LEO

Deux lionceaux, qui répondent aux noms de Saphir et Léo, ont entamé leur vie au Jardin d’Essai d’Alger. Un Algérien, pensant peut-être qu’il n’y avait plus rien à voler, compte tenu de l’actualité judiciaire nationale, a eu l’idée géniale de subtiliser les deux lionceaux. Des milliards de dollars sont partis en fumée, alors chouraver deux malheureux lionceaux ne rajoute rien au schmilblick algérien. Tout est lié au geste et à sa faisabilité. Cet Algérien se devait de voler. Il ne pouvait pas voler un portable. Un portefeuille. Une banque. Une station-service. Un régime de bananes. Un kilo de café «grand-mère». Zut, il faut voler quelque chose. Puis, voler est une mode made in bladi. Il a décidé de voler deux lionceaux, Saphir et Léo. Comment a-t-il fait ? Et s’il y avait la maman lionne ? Ou, pire encore, le papa lion ? Je ne donne pas cher de la peau du voleur de lionceaux. Il a donc pris les deux peluches. Pour en faire quoi ? L’histoire ne le dit pas. J’attends les résultats de l’enquête. 
L’histoire dit qu’il y a des caméras de surveillance. C’est ce qui est marrant ! Plus marrant encore, je vous le donne en mille. Avant le vol des lionceaux, l’Arsène Lupin animalier a subtilisé cinq paons (Zoukh-zoukh, en daridja de chez moi), de sept kilos chacun. Attention l’histoire (cf. El Watan du 17 juin) ne précise pas les moyens utilisés pour ce faire. Comment faire pour kidnapper cinq paons ? Un paon fait du bruit, non ? Le voleur a-t-il utilisé un sac poubelle ? A-t-il mis un bâillon aux malheureux volatiles ? Mystère et boule de gomme ! Il est futé notre Arsène Lupin ! Je pense que c’est un écologiste, qui défend la cause animale. Il a dû relâcher les paons dans la forêt de Baïnem. D’ici quelques saisons, Alger sera submergée par la beauté de cet oiseau majestueux. Pour le moment, il n’y a que des pigeons, qui salissent tout après leur passage. Imaginons, juste un moment, un couple de paons en train de roucouler à la place du 1er-Mai ! 
L’histoire ne s’arrête pas là. Un perroquet a disparu du Jardin d’Essai. Le voleur n’y est pour rien. J’ai analysé le fait ; je suis arrivé à la conclusion que notre Arsène Lupin n’a pas pu voler un perroquet qui vole. Puis, par les temps algériens qui courent, il a pu rejoindre une forêt quelconque de notre pays. Comme il a pu tomber amoureux d’une hirondelle, avec laquelle il conte fleurette. Comme il a pu être tenté par la harga vers un ailleurs, où les perroquets ont toute latitude pour trouver l’âme sœur. Je ne vois pas d’autres explications. J’imagine mal un voleur utilisé la glu pour capturer un perroquet. Car un perroquet, c’est beau. C’est noble. Car un perroquet, ça papote. Ça se respecte. Trop petit le Jardin d’Essai pour notre perroquet voyageur. C’est du domaine du possible ! Un perroquet, qui a fait le tour du propriétaire, est tenté par prendre la poudre d’escampette. Puis, c’est digne d’un film d’aventure, un perroquet qui file à l’anglaise. S’il n’est pas en Espagne, il doit se trouver quelque part, à Barbès ou Saint-Denis ; ils sont tous là-bas ! Encore heureux que les arbres de notre Jardin national ne retirent leurs racines, pour chercher une autre terre plus accueillante. 
Pire encore, au Sud, oui, notre Sud bien-aimé, un voleur ne s’est pas contenté de voler des sous. Quand je dis des sous, je suis modeste. Il s’agit de milliards. Il ne s’est pas contenté de subtiliser de l’argent, il a volé également le coffre-fort. Le gus ne s’est pas contenté du beurre ; il a pris en même temps le beurrier, la vache et la fermière. Pourquoi faire dans la demi-mesure, alors qu’on a la possibilité de faire mieux ? Notre voleur est malin ; il a dû faire une grande école. Comment a-t-il fait pour soulever le coffre et son contenu ? Boukistiou ! Des complices ? Oui ! Mais combien pèse un coffre rempli de milliards ? A moins que notre voleur ait utilisé un treuil. Ou un rétro-chargeur. Il y en a à gogo dans notre Sud magique. Mais, au fait, y a-t-il des voisins dans le quartier ? Un veilleur de nuit ? Un chien de garde ? Que sais-je encore ? Je n’ai pas la réponse, ya lkhaoua. C’est un vol à l’algérienne ! Ça peut faire un scénario hollywoodien. Ça peut faire un film palpitant. A passer dans toutes les salles de cinéma de chez nous. Enfin, s’il en reste ! J’espère que l’enquête nous donnera, comme pour les paons du Jardin d’Essai, le fin mot de l’affaire. Ou des affaires !
Car les affaires, en ce moment, ça sort de derrière les fagots. La Justice travaille, à tour de bras, en ce moment. Les voleurs ne sont pas seulement de pauvres paumés, ceux des bas-fonds, les reclus de la société. Ô que non ! Il y a celui qui « frappe » la poche. Celui qui chaparde dans le jardin d’autrui. Celui qui chourave une bagnole. Celui qui subtilise un collier du cou d’une jeune fille. Celui qui filoute un pauvre gus. Celui qui vole le sac à main d’une vieille dame. Celui qui pénètre dans un appartement par effraction. Celui qui vole une fillette. La liste est longue. Et les prisons en regorgent. On parle de la lie de l’humanité. Mais il y a pire ! Il y a celui qui vole un peuple. Celui qui vole un pays. Celui qui vole une nation. Celui qui vole une banque. Là, on monte dans la hiérarchie. Ce n’est pas donné à tous de pouvoir le faire. Il faut une certaine hiérarchie. Un certain standing. Une certaine hauteur. Un certain niveau. Car le voleur ordinaire reconnaît avoir volé un portable. Ou autre chose.  Mais les autres, ceux de la haute, ne reconnaissent rien. Ils ont les moyens de leur politique. Car voler fait partie de la politique. Bien sûr, il y a la présomption d’innocence ; je la réclame pour tous. D’ici quelques semaines, on verra bien ce que donnera tout ce remue-ménage, où de très hauts responsables de l’Etat se retrouvent à la prison d’El Harrach. Ça ne peut pas être une coïncidence. A tous ces dossiers, malgré la présomption d’innocence, il doit y avoir un fond de vérité. 
Je me suis marré, quand j’ai lu l’info du vol des lionceaux. Celui des paons. Ou de la disparition du perroquet. Je me suis marré également du vol du coffre-fort. Ça paraît tellement incroyable que je me suis dilaté la rate. Par contre, toutes ces affaires d’abus de fonction, de dilapidation des deniers publics, des contrats illégaux, me donnent la chair de poule. J’ai envie de gerber, c’est simple ! Je veux juste poser une question : combien y a-t-il encore de dossiers à ce niveau de haute responsabilité ? 
Y. M.

 

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