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Rubrique A fonds perdus

Pékin rassure New Delhi

La qualité des relations sino-indiennes est primordiale dans la configuration géopolitique de l’Orient et du monde au cours des cinquante prochaines années.
L’éditorialiste de China Daily est confiant : «Les voisins se dirigent vers le “siècle asiatique“.»(*) Son optimisme est toutefois quelque peu modéré : «Le Premier ministre indien Narendra Modi a réagi de manière quelque peu positive à la vision du Président Xi Jinping de voir l'infrastructure mondiale en être le symbole le plus visible vendredi (27 avril 2018, ndlr), le premier jour de leur sommet informel de deux jours à Wuhan, province du Hubei.»
Les deux pays n’ont toujours pas réussi à régler leurs différends frontaliers et les médias indiens rapportent régulièrement des incursions militaires chinoises en territoire indien. De plus, la frontière sino-indienne est très fortement militarisée, que ce soit du côté chinois ou du côté indien. En outre, l’Inde reste très méfiante au sujet des importantes relations stratégiques que la Chine entretient avec le Pakistan, tandis que la Chine a exprimé des préoccupations concernant les activités économiques et militaires indiennes dans la mer de Chine méridionale, une zone revendiquée par plusieurs pays.
Le nouveau nom de la nouvelle route de la soie est «Initiative route et ceinture (Belt and Road Initiative, B&R selon l’acronyme anglais)» afin de marquer le fait que ce projet ne se limite pas à une seule route.
La Belt and Road Initiative est composée de deux concepts : l'un est dénommé «Silk Road Economic Belt» (belt, signifiant ceinture) et l'autre la «21st Century Maritime Silk Road» (road, signifiant route).
Cette dénomination prête à confusion, car la route n'est pas prévue pour les véhicules routiers, mais comme route maritime reliant la Chine, d'une part, à l'Afrique de l'Est et la Méditerranée,  d'autre part.
La «belt» est constituée d'une série de corridors terrestres reliant la Chine à l'Europe, via l'Asie centrale et le Moyen-Orient. L’Initiative est carrément proposée comme alternative au rejet par les Etats-Unis du multilatéralisme et de la mondialisation parce qu’ils ne leur procurent pas «des cadres juridiques pour obtenir des avantages disproportionnés». A l’inverse, la politique étrangère de l'Inde est jugée en adéquation avec «les tendances mondiales, les aspirations asiatiques et les objectifs de voisinage», trois principes qui «ne peuvent être considérés isolément».
Pékin voit dans cette politique la voie idoine pour que l’Inde se taille une place de choix dans le monde à venir :
- Premièrement, l'Inde est promise au rang de «troisième plus grande économie du monde d'ici 2030», du fait d’un «exceptionnalisme basé sur une vision civilisationnelle mondiale de partager la prospérité et de travailler avec les autres pour fixer des objectifs communs».
- Deuxièmement, l’Inde est jugée avoir réussi à mettre à profit «des facteurs d'intégration plus puissants que les idéologies politiques» dans un monde de classes moyennes en expansion : l'équité et l'environnement, ainsi que l'utilisation durable des ressources.
- Troisièmement, l'Inde «ne considère pas l'Asie, qui pourrait bientôt représenter les deux tiers de la richesse mondiale, en termes de concept désuet de «balance des forces» mais en tant que plus grand marché commun».
Une telle approche autorise à rêver d’un continent asiatique intégré, au lieu d’avoir à choisir entre l'Inde et la Chine.
Les objectifs du «siècle asiatique portés par l'Initiative Belt and Road n’excluent cependant pas «les différences liées à la sécurité».
- «Quatrièmement, dans un monde numérique, l'Inde a un avantage comparatif et le potentiel d'être un moteur de la croissance mondiale, tout comme la Chine, pour les décennies à venir.
- «Et cinquièmement, dans un monde multipolaire, les visions des dirigeants sont les plus grands facteurs de changement et la priorité de l'Inde est de régler les problèmes frontaliers avec ses voisins, en renforçant l'influence diplomatique et en construisant une économie de 10 billions de dollars.»
L’équité mondiale et la justice économique et sociale sont mises au cœur des droits de l’Homme dans un monde multipolaire et interdépendant régi par des «objectifs mondiaux convenus» : «En fait, les objectifs convenus étaient au cœur de l'accord bilatéral de l'ancien Président américain Barack Obama avec la Chine lorsque les deux pays ont travaillé ensemble pour atteindre l'accord de Paris sur le climat de 2015.»
L'Initiative «Belt and Road» est dite au service de l’amélioration des normes internationales, des normes techniques et des institutions : elle couvre plus de 900 projets, dont 76 ports et terminaux dans 34 pays, 80% d'entre eux sont sous-traités à des entreprises chinoises. Le Premier ministre Modi «tente de changer le cadre conceptuel occidental pour la réduction des émissions afin de se concentrer sur le bien-être humain dans les limites écologiques» d’une «justice climatique».
«Des discussions franches pour relever les relations sino-indiennes», titre le même China Daily suggérant que tout n’est pas au beau fixe entre les deux parties, au moment où le Président Xi Jinping rencontre le Premier ministre indien Narendra Modi à Wuhan, dans la province du Hubei, en Chine centrale, le 27 avril 2018.(**)
«La beauté du sommet «informel» entre le Président Xi Jinping et le Premier ministre indien Narendra Modi à Wuhan, dans la province du Hubei, est qu'il ne comporte aucun bagage, seulement des attentes. Il est libre des fioritures diplomatiques habituelles, un peu au-delà du vedettariat des médias.»
Soulignant «l’alchimie profonde» entre les deux hommes, il assure qu’elle «permettra d'améliorer la confiance mutuelle entre les pays voisins et de tracer la voie du développement bilatéral à long terme».
«On ne peut toutefois nier que la suspicion mutuelle empêche les deux pays d'approfondir la coopération et de travailler ensemble sur des questions régionales et internationales, de la lutte contre le changement climatique à l'amélioration de la gouvernance mondiale. 
L'incident survenu à la frontière l'été dernier n'était qu'un exemple de ce que la suspicion mutuelle pouvait entraîner, rappelant aux deux parties le potentiel perturbateur de la méfiance.»
Il reste donc à «stabiliser une relation troublée».
Pékin ose croire à l’idée que «Modi semble reconnaître qu'il y a une réelle valeur à ‘’remettre à zéro’’ les relations avec la Chine en termes d'intérêts politiques et sécuritaires».
A. B.

(*) China Daily, «Neighbors move toward 'Asian Century», 28 avril 2018
http://www.chinadaily.com.cn/a/201804/28/WS5ae3ad18a3105cdcf651b0c0.html
(**) China Daily, «Candid talks for elevating China-India relations», 27 avril 2018
http://www.chinadaily.com.cn/a/201804/27/WS5ae32a15a3105cdcf651aff0.html

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