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AU LENDEMAIN DU DÉCÈS DE MOUSSA BENHAMADI Dépistage systématique à la prison d’El Harrach

Le décès de Moussa Benhamadi a jeté émoi et consternation auprès de la population carcérale, des avocats et du monde de la justice en général. C’est une tragédie qui a aussi et surtout permis de mieux cerner la situation qui prévaut au pénitencier d’El-Harrach en cette terrible période de pandémie.
Abla Chérif - Alger (Le Soir) - 18 juillet 2020. La nouvelle du décès de l’ancien ministre des Télécommunications se répand telle une traînée de poudre en cette triste matinée. Il a rendu l’âme dans le service Covid-19 dédié aux détenus. Plusieurs anciens ministres ainsi que les deux ex-chefs de gouvernement séjournent ici. Les informations en provenance de cette zone étaient très rares il y a quelques jours encore.
Le décès de Moussa Benhamadi semble avoir cependant chamboulé tout l’ordre établi. Le nombre d’anciens hauts responsables contaminés paraît aussi trop important pour que le silence puisse être gardé par tous.
Le virus a fini par s’introduire dans le pénitencier et les ailes réservées à tous ces ministres incarcérés n’ont pu à leur tour y échapper. L’un des premiers cas à avoir été rendu public n’est autre qu’Ahmed Ouyahia.
Des sources différentes, bien au fait de la situation, indiquent que l’ancien Premier ministre n’est toutefois pas la première haute personnalité à avoir été atteinte. Avant lui, soutiennent plusieurs avocats, l’ancien patron de la DGSN, avait été parmi les premiers à avoir été testé positif. Abdelghani Hamel s’est remis après un traitement administré au sein de l’infirmerie de la prison.
L’information de la contamination de Ali Haddad circule au même moment. Son état, nous dit-on, s’est également rapidement rétabli. Ces contaminations font craindre le pire aux autorités pénitentiaires. Des informations sûres affirment que certains détenus parmi les plus âgés, les plus fragiles aussi, sont isolés par précaution au sein de l’infirmerie. L’ancien ministre de la Solidarité en fait partie. Djamel Ould Abbès est âgé de 86 ans et présente plusieurs pathologies chroniques qui font craindre le pire à son avocat. En prison, tous les détenus sont aussi soumis à un protocole de protection similaire à celui existant partout ailleurs : masques, gel… Les salles et cellules sont aussi régulièrement nettoyées et désinfectées.
En général, tous les avocats constitués pour la défense de tous les ministres poursuivis ou condamnés dans le cadre des affaires de corruption s’attellent à rendre hommage avec respect aux efforts fournis par l’administration pénitentiaire d’El-Harrach pour les efforts consentis dans ce sens.

Le dépistage est désormais systématique à El-Harrach
En alerte, cette dernière se doit depuis quelques jours de soumettre tous les pensionnaires des lieux à un dépistage systématique. La liste des personnalités contaminées s’est allongée de ce fait. Des noms bien connus se sont déclarés positifs : Amara Benyounès, président du MPA (Mouvement populaire algérien) et plusieurs fois ministre, Abdelhamid Melzi, ancien P-dg de la zone Sahel, Club des Pins et Morretti, Ali Ghediri, ancien général-major et candidat a la présidentielle de 2019.
Des noms circulent avec insistance : Tayeb Louh, ancien ministre de la Justice. D’autres sont soupconnés d’être atteints : Mokhtar Reguieg, ancien directeur du protocole de la présidence de la République sous Abdelaziz Bouteflika, et d’autres encore sont dans l’attente des résultats après les tests effectués. Le procédé suffira-t-il à mettre un frein à la propagation du virus à El-Harrach ?
Me Ksentini sceptique
Me Ksentini était en alerte hier matin. Alerté et inquiet, dit-il, d’assister à une plus large propagation du virus dans le milieu carcéral. «C’est bien de tester systématiquement les détenus, mais ce n’est pas du tout suffisant, dit-il, nous savons tout ce qui se passe actuellement, on peut être testé négatif et se révéler positif une seconde fois, c’est une pandémie, le phénomène est très dangereux, une fois déclarée, on n’a pas grand-chose pour la contenir, l’administration pénitentiaire fait ce qu’elle peut, mais la bataille est très difficile. Elle a beau désinfecter, faire porter des masques et mettre en place toutes les mesures préventives, il y a quand même des gardiens qui rentrent et qui sortent, qui retournent chez eux la nuit… tout vient de l’extérieur et puisque les familles et les détenus n’accèdent plus il reste ce problème». La solution ? «Libérer les détenus, en France, 13 000 prisonniers ont été libérés à titre préventif».
Me Ksentini fait part de sa crainte pour l’état de santé de son client, Djamel Ould Abbès. Une crainte doublée par le fait que ce dernier a été en contact avec Moussa Benhammadi dans le fourgon cellulaire qui les transportait vers la Cour suprême où ils devaient être une nouvelle écoutés par un juge instructeur. «Mon client est tres âgé, il ne constitue aucun danger, il serait plus sage, plus raisonnable de le libérer et la justice pourra continuer son travail avec lui, c’est une question d’humanité».

L’appel de Me Miloud Brahimi au président de la République
Me Miloud Brahimi use d’un ton grave pour s’adresser au premier magistrat du pays, «le seul, dit-il, qui puisse mettre fin à la situation en cours, qui puisse permettre le retour à la légalité et au respect de la loi». Il explique : «Il faut absolument mettre fin à la détention préventive qui s’est érigée en règle au détriment de la loi, la préemption d’innocence est bafouée, des personnes qui ne présentent absolument aucun danger sont placées en détention et jugées des années plus tard, c’est aussi le seul pays où l’on voit des personnes de 80 ans placées en détention préventive pour infraction patrimoniale. Il faut mettre un terme à cette situation et la pandémie en cours en souligne à présent la double urgence. Il faut procéder à la libération immédiate des prisonniers qui se trouvent en détention provisoire, de tous les détenus condamnés définitivement et dont la peine n’excède pas les cinq ans, il faut libérer un maximum de personnes ce ne sont pas des mesures illégales. Je ne demande pas de cesser les poursuites contre ces personnes, la justice poursuivra son travail avec eux.» Miloud Brahimi poursuit : «J’ai des clients qui ont été contaminés en prison, Amara Benyounès, Melzi, que font-ils en prison ? Leur détention préventive n’est pas justifiée, ce matin — hier — on m’apprend que Mokhtar Reguieg a été transféré à l’infirmerie. La nouvelle n’est pas confirmée, mais il serait lui aussi contaminé, je m’excuse pour tous ceux qui sont atteints et que je n’ai pas cités car n’ayant pas été informé, et je me demande également ce que Khalida Toumi fait elle aussi en prison. Elle n’a été entendue qu’une seule fois par le juge d’instruction, le jour de son incarcération, et plus rien depuis, pourquoi la maintenir en détention préventive ? Attend-on que le coronavirus fasse son œuvre là aussi ? Elle peut très bien répondre en liberté, tout ceci est inadmissible.»

Tous les procès reportés au mois de septembre
Les événements en cours ont induit une situation d’urgence dans le milieu de la justice où la décision a été prise de s’adapter davantage pour faire face à la pandémie. Une réunion extraordinaire s’est déroulée jeudi entre le président du bâtonnat, le président et le vice-président de la Cour d Alger afin de définir de nouvelles formes de travail visant à «assurer la sécurité sanitaire de chacun». Décision a été prise de répartir les dossiers à travers un maximum de chambres et de procéder au report systématique de tous les procès prévus durant le mois d’août. Seront exemptées les affaires dites à «caractère urgent».
A. C.
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