Avant le début du mois de Ramadhan, Abdelmadjid Tebboune avait annoncé l’octroi d’une prime de 10 000 DA aux familles impactées par la crise sanitaire. Les postulants à cette allocation ont été invités à remplir un formulaire pour en bénéficier pendant que plusieurs commerçants transgressaient les règles de confinement pour préserver leurs ressources.
Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Dans le sillage de la crise sanitaire et les appels de détresse des citoyens et organisations professionnelles pour indemniser ceux qui sont impactés financièrement par la crise, les autorités ont fini par concéder une modeste allocation de solidarité de 10 000 DA aux familles nécessiteuses et celles affectées par les mesures de confinement. Au lendemain de l’annonce, une semaine avant le début du mois de Ramadhan, les citoyens ont pris d’assaut les APC pour en bénéficier. Ils seront invités à remplir des formulaires où leurs données personnelles ont été notées.
Après assainissement des listes, jusqu’au 27 mai, 321 955 personnes sont retenues pour toucher l’allocation.
Cependant, selon les chiffres communiqués par le ministère de l’Intérieur, seuls 135 687 bénéficiaires ont pu percevoir la prime, tandis que 76 674 dossiers se trouvent au niveau des services décentralisés de l’État et 29 734 autres en attente des procédures comptables au niveau des services de la Wilaya.
Au niveau des wilayas, 64 808 dossiers sont déposés aux services des trésoriers pour l’opération de paiement et 15 052 autres au niveau des services de la poste et des banques pour l’opération de versement de cette allocation dans les comptes postaux courants (CCP) ou les comptes bancaires des bénéficiaires.
Selon une source autorisée, l’opération a rencontré quelques difficultés liées au recensement des bénéficiaires. « Parmi les personnes retenues, beaucoup ne disposent pas de CCP ou de compte bancaire pour leur verser la somme. On va peut-être la remettre en espèces», souligne notre source qui admet que l’opération a enregistré un retard.
En effet, le chef de l’État, Abdelmadjid Tebboune, avait insisté sur la remise de l’allocation aux familles impactées par le coronavirus avant le début du mois de Ramadhan.
Le porte-parole de la présidence de la République annoncera, quelque dix jours avant l’Aïd, que la somme sera remise avant cette fête religieuse. Or, aujourd’hui encore, de nombreux citoyens attendent de toucher cette prime et certains se sentent abandonnés par l’État.
«Je me suis inscrit depuis le début de l’opération de recensement, mais malheureusement, je n’ai rien encore touché. Depuis plus de deux mois, je n’ai gagné aucun dinar et j’ai survécu grâce aux opérations de solidarité citoyenne», affirme Mouloud H., transporteur de voyageurs.
Affectés comme lui, nombreux sont ceux qui ont échappé aux effets néfastes de cette crise grâce à cette solidarité qui s’est emparée de toute l’Algérie dans cette conjoncture exceptionnelle que traverse le pays. D’autres transgressent carrément les règles de confinement en ouvrant leur commerce surtout dans les communes reculées, y compris aux chefs-lieux communaux. Des cafés, coiffeurs, magasins d’habillement et de chaussures n’ont jamais chômé, pour ainsi dire.
Durant toute la période de confinement, ils ont travaillé, certes à rideaux fermés ou à moitié ouverts, pour ne pas perdre leurs ressources. «Que voulez-vous qu’on fasse ? Observer nos enfants crever de faim ?», nous lance un cafetier. «Lorsqu’on décrète le confinement et la fermeture des commerces, il faut être capable d’assurer le minimum aux concernés. Ce n’est pas le cas», ajoute notre interlocuteur.
K. A.
