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Rubrique Actualités

Crise libyenne Diplomatie et bonnes volontés à l’épreuve d’un terrain miné

Entre l’attente de la visite imminente du Président turc à Alger, en réponse à l’invitation du chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, les démarches de la chancelière allemande Angela Merkel pour une conférence sur la Libye, à Berlin, le bellicisme du chef de guerre, le maréchal Haftar et son rival à la recherche de soutiens, la Libye s’enfonce chaque jour un peu plus dans un état de ni guerre ni paix. Faut-il pour autant conclure que la situation est désespérée tant il est vrai que les intérêts contradictoires s’enchevêtrent mais ils auront l’avantage de révéler au grand jour les alliances cachées et les buts des uns et des autres protagonistes de la crise libyenne.
Le statu quo jusque-là en vigueur entre Tripoli et Benghazi vole en éclats avec l’entrée en jeu inattendue et surtout en force de la Turquie d’Erdogan qui entend «récupérer» sa part d’influence dans cette contrée qu’elle a bien connue par le passé, car son intérêt ressurgit après des décades d’absence.
D’un côté, il est à noter les parties engagées directement ou non dans le conflit : Égypte, Arabie Saoudite, Emirats arabes unis, Russie, les Etats-Unis (et dans les coulisses des nations européennes comme la France, la Grande-Bretagne, etc.) qui soutiennent le maréchal. De l’autre, la Tunisie, le Qatar, la Turquie optent pour le président du GNA, Fayez El-Serraj. La décision, annoncée depuis Tunis, d’envoyer des soldats à Tripoli afin de contrer les forces de Haftar a fait l’effet d’un séisme.
L’on a assisté à un tollé général contre cette ingérence et les risques d’escalade militaire. Cette alerte qui semble sincère cache, bien évidemment, d’autres inquiétudes dont la perte de sphères d’influences et l’accès aux ressources pétrolifères. Le plus paradoxal dans ce tintamarre, ce sont les voix de la paix qui peinent à se faire entendre et l’on a tendance beaucoup plus à crier au loup dans la bergerie ! La réaction la plus spectaculaire est celle de l’Égypte du général Sissi qui, avec une rare virulence, dénonce l’intervention de l’armée turque en Libye qu’il considère comme l’arrière-cour pour son pays. De ce fait, il a cru bon d’ameuter tous les Etats africains – en sa qualité de président de l’UA (Union africaine) pour les mobiliser contre l’initiative de Recep Tayyip Erdogan.
Du coup, tous les plans de conquête de Tripoli, dernier bastion de la mainmise sur toute la Libye, tombent à l’eau. Et comme pour parer aux hostilités provoquées par l’envoi des soldats, le Président turc veut rassurer affirmant que ses auxiliaires de l’armée ne s’affronteront pas avec les autres forces. Ça laisse franchement rêveur toutes ces élucubrations. Sa réponse positive à l’invitation de Abdelmadjid Tebboune semble donc participer de cette volonté de dédramatiser son implication politique et militaire dans la crise libyenne et gageons qu’il tiendra devant le Président algérien le langage de paix attendu. Il n’ignore pas la position de l’Algérie et le rôle qu’elle est appelée à jouer. Et d’ailleurs, les sollicitations de plusieurs capitales, dont la dernière est celle de l’Italie, ancienne puissance d’occupation de la Libye, le démontrent.
Par ailleurs, la chancelière allemande a tenu à la participation pleine et entière d’Alger à la conférence de Berlin sur la Libye. Il y a aussi que l’Algérie refuse d’opter pour l’une ou l’autre partie en conflit. A l’inverse, la Tunisie soutient El-Serraj. Cela met Kaïs Saïed dans une position inconfortable depuis qu’il a reçu au Palais de Carthage, le Président turc. Et pour faire amende honorable, par le biais de communiqués de la présidence tunisienne, il a réitéré son refus de toute alliance avec la Turquie quant à la crise libyenne et donc que l’espace aérien et maritime de son pays ne servira pas au passage des troupes turques en partance vers la zone de conflit litigieuse. Dont acte, disent ses détracteurs.
Au demeurant, Paris et d’autres capitales occidentales – grâce à leurs services – n’ignorent guère ce qui se trame comme activités militaires dans la région. Par où passeraient alors les troupes turques. N’étaient pas promptes à imposer une exclusion aérienne dans le ciel libyen du temps de Maâmar El Gueddafi. Erdogan agirait-il alors de concert avec elles ? Comme pour se donner bonne conscience ou à l’instigation de l’Égypte, le commissaire à la paix et à la sécurité (CPS) de l’UA vient rappeler à tous sa présence en annonçant la réunion de cet organe pour les 8-9 février prochain à Addis Abeba. Au menu, la crise libyenne et le trafic des armes dans le Sahel, à la vieille du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement africains.
Des palabres traditionnels de cette organisation, en sortira-t-il une feuille de route pertinente capable de mettre fin aux souffrances du peuple libyen martyrisé depuis 2011 ? Nombre de pays du continent ne veulent pas désespérer de leur Organisation continentale. L’Algérie qui n’est pas en reste, encourage tout processus de solution pacifique aux conflits entre Etats africains.
Les efforts diplomatiques qui vont gagner en intensité les jours qui viennent tendent vers la paix entre Libyens, dans un cadre libyen, il est vrai parasité par les ingérences étrangères. Pour le Président algérien, c’est le temps de «la main tendue» à l’endroit de toutes les parties. Et comme en écho, le Président congolais Sassou-Nguesso déclare justement : «Tout règlement de la crise libyenne qui marginalise l’Afrique est contre-productif et inefficace».
Président de l’UA, ne pourrait-il répondre aux attentes dans ce statut, lui qui se trouve dans une position de juge et partie ? De quelle marge peut-il disposer compte tenu de l’emprise qu’exercent sur lui ses parrains du Golfe ? Au nom de l’histoire de leurs engagements en faveur de la libération de l’Afrique, l’Algérie (comme cela lui a été demandé par la partie libyenne pro-El-Serraj) pourra-t-elle lui faire entendre raison pour donner une chance à la paix ? Que d’obstacles à surmonter dans la perspective de faire asseoir les frères ennemis libyens autour d’une table de négociations !
La conférence de Berlin préconisée par l’Allemagne peut-elle réussir là où les Africains ont échoué par eux-mêmes à s’entendre ? Les jours qui viennent nous le diront. Point positif à noter à ce jour est qu’enfin la diplomatie se voit dévolu un rôle premier dans la recherche de la paix.
Brahim Taouchichet

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