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Saïd Salhi, vice-président de la LADDH, au Soir d’Algérie : «Donner un contenu politique au consensus populaire»

Dès le début du mouvement populaire du 22 février à travers lequel le peuple a exprimé massivement et pacifiquement sa volonté de rupture avec le système politique, les propositions de sortie de crise se sont multipliées. Toutes les initiatives ont convergé vers la nécessité d’entamer une période de transition avec des instances qui seront chargées de sa gestion. Une transition à laquelle l’armée s’oppose radicalement en menaçant tous ses partisans. Mais continuent de défendre leurs propositions. Parmi elles, celle émanant d’un collectif de la société civile qui regroupe une trentaine d’associations qui se réunissent régulièrement à Alger pour affiner leur feuille de route et la proposer à l’ensemble de la classe politique et de la société civile. Ce collectif travaille actuellement sur la préparation d’une conférence nationale pour la transition démocratique. Il veut donner un contenu politique au consensus construit par le peuple dans ses historiques marches de vendredi.
Ce consensus populaire doit, en effet, être accompagné d’un consensus politique en vue d’aller vers une nouvelle République. Avec l’impossibilité presque évidente de tenir l’élection du 4 juillet, le collectif de la société civile espère que son projet de conférence de transition aboutira et que l’armée ne se dressera pas comme un obstacle à une sortie de crise pacifique et consensuelle.
Dans l’entretien qu’il nous a accordé, Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH), parle des objectifs de la conférence et de sa préparation.

Propos recueillis par Karim Aimeur
Le Soir d’Algérie : Depuis le début du mouvement du 22 février, la société civile s’organise et s’implique dans la recherche d’une issue à la crise et vous faites partie d’un collectif qui a proposé une feuille de route pour l’instauration d’une nouvelle République. Pouvez-vous nous faire un bilan de vos actions ?
Saïd Salhi : Notre collectif existait bien avant le 22 février. C’est une coalition des organisations qui étaient toutes en conflit avec l'administration, enregistrées mais non agréées et victimes d'interdiction de nos activités. Un collectif de 9 organisations qui était dans la survie, la solidarité et la résistance face à l'arbitraire. À l'irruption du mouvement populaire le 22 février 2019, bien qu'on était surpris par l'ampleur de la mobilisation mais surtout par son expression pacifique et nationale, on s'attendait déjà à une explosion. On n’a pas hésité un moment à rejoindre le mouvement dès le début. Partant de notre mandat en tant que société civile, et à partir du constat fait que le système qui s'est retrouvé seul face à la rue, du fait qu'il a détruit tous les espaces et canaux de médiation et d'organisation, on a commencé à travailler sur des propositions, et surtout de la médiation au sein de la société, société civile et avec les partis politiques. Il fallait traduire le rapport de force exprimé dans la rue par les manifestant-e-s en message politique clair à même d'imposer le départ du système tel qu’exigé par la rue. On a entamé alors l'élargissement de notre collectif aux autres dynamiques de la société civile, et collectifs issus du Hirak. On a fait notre proposition de sortie de crise pacifique le 18 mars 2019 qui est portée par une vingtaine d'organisations des différentes sensibilités et mouvances des droits humains, des jeunes, des femmes, des disparus, du mouvement social avec les syndicats et de l'immigration. Une dynamique qu'on a voulu ouverte et inclusive. Nous avons estimé important de lancer une proposition, comme une première matière à soumettre au débat en vue de la construction d'un large consensus au sein de la société civile à travers la jonction avec toutes les dynamiques qui traversent le mouvement populaire, pour une sortie de crise pacifique et vers un compromis historique. Cette proposition a été également discutée avec la majorité des sensibilités des partis politiques de l'opposition, plusieurs rencontres de concertation et d'échanges ont eu lieu.

Dans le cadre de ce collectif, vous travaillez sur le projet d'une conférence nationale pour la transition démocratique. Comment, avec qui et autour de quoi cette conférence sera organisée ?
L'idée de la conférence est le prolongement de nos contacts. Elle démarre du principe que le peuple a retrouvé son union, dans sa diversité, dans la rue pacifiquement. Le peuple a construit un consensus national en rupture avec le système malgré toutes les tentatives de division. Il fallait traduire ce consensus, lui donner un sens.
Attentifs aux pulsations de la rue, qui veut la rupture radicale avec le système, il fallait alors réfléchir à une transition vers un autre système, une nouvelle République.
Nous avons constaté que contrairement à la rue unie, la société civile et politique n'arrivent pas encore à parler d’une même voix, malgré les rapprochements dans leurs propositions. On a noté une vingtaine de propositions de feuilles de route, en plus de la nôtre, portées par une trentaine d’organisations.
Au terme de nos concertations avec les autres dynamiques, au-delà de quelques divergences, on a estimé qu'on peut se retrouver, tous ensemble dans un même espace. On a des convergences, qu'il faut renforcer et faire évoluer vers un accord minimal. Il s'agit de la rupture avec le système en place, de l’amorce d'une période de transition politique portée par des institutions fortes, consensuelles et légitimes.
Il s’agit aussi de la nécessité de revoir le cadre législatif et lever toutes les entraves et dispositifs de contrôle et le régime d'autorisations préalables, notamment les lois encadrant l'exercice des libertés démocratiques, à savoir le code électoral, les lois des partis, des associations, des médias...
Il est impératif d'aller vers un nouveau ordre constitutionnel, et revoir la Constitution en cours et mettre en place une instance autonome d'organisation des élections.
Tout ça durant la période de transition avant de revenir à la l'égalité constitutionnelle et les élections générales.

Mais, concrètement, comment cette période de transition, qui fait l’unanimité, sera gérée selon votre conception ?
Nous partageons tous des points communs avec quelques nuances sur la durée de la période de transition, les institutions de transition ; instance présidentielle et gouvernement de transition, les modalités de leur mise en place... Mais il y a également des divergences au sujet des modalités et processus constituant, entre ceux qui demandent l'amendement de la Constitution, une nouvelle Constitution et aller vers un référendum et d'autres qui demandent une Constituante qu'il faudra baliser au préalable autour des points inaliénables, à savoir le respect intangible des droits fondamentaux, de l'égalité et la plénitude citoyenne, de la démocratie, des droits humains, vivre-ensemble et non-discrimination...
Dans notre collectif, nous sommes restés ouvert au débat contradictoire et au compromis. Il faudra travailler avec les autres pour une feuille de route consensuelle. Il y a déjà deux autres dynamiques : la confédération des syndicats autonomes CSA et le forum civil pour le changement, avec lesquels nous sommes en concertation permanente pour aller vers une seule conférence. Des rencontres préliminaires de préparation auront lieu entre ces dynamiques pour accorder plus nos visions et objectifs. Une première rencontre aura lieu samedi 18 mai avec la CSA. Nous avançons plutôt bien.

L’armée sera-t-elle impliquée dans cette transition ?
L'armée, qui représente aujourd’hui le pouvoir réel, doit être à l'écoute de son peuple et l'accompagner à travers une transition pour qu'il puisse finalement exercer sa souveraineté. L’armée sera partie prenante de la transition, elle doit engager un dialogue direct pour amorcer la transition politique et organiser le départ du système et à terme restituer le pouvoir au peuple et se retirer définitivement de la politique. C'est la transition que le peuple a choisie : pacifique et politique.
K. A.
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