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Des mises sous mandat de dépôt qu’on ne compte plus, des contrôles judiciaires à foison, et un tas d’ISTN En attendant ces procès qui feront date

Même si elle ne règle pas du tout le problème qui se pose depuis le 22 février, surtout au goût des millions d’Algériens qui sortent dans les rues du pays depuis 20 vendredis, la grande lessive engagée par la justice ne semble pas près de connaître son épilogue. En attendant, ce sont d’abord les institutions de l’Etat, eu égard à la qualité dont se prévalaient jusqu’à il y a à peine quelque temps les personnages impliqués, et puis le patronat, celui qui pesait le plus dans l’échiquier économique du pays, qui trinquent et, ainsi, apportent de l’eau au moulin des Algériens ayant décidé de remettre en cause le système qui a fait ces hommes.

Au tout début, ils tombaient des nues les Algériens qui apprenaient, comme jamais ils n’auraient pu l’imaginer que ça arriverait un jour, que tel ou tel ponte de ce qui faisait le personnel des plus hauts rangs dans l’organigramme de la République était de façon quasi officielle appelé à rendre des comptes, notamment, de l’usage qu’il faisait de sa fonction. Des personnages de haut vol, d’une stature tellement inatteignable, présumait-on, que même leur convocation par la justice et les affres qu’ils endurent depuis ne semblent pas avoir convaincu bon nombre d’Algériens, jusqu’à douter de leur incarcération en attendant leur procès. Le pouvoir les ayant tellement menés en bateau depuis des lustres que même lorsque est arrivé le temps de la vérité, beaucoup ne croient pas à ce qu’on leur raconte. Ouyahia et Sellal en détention, il est vrai qu’il y a quelques semaines encore, qui aurait pu y croire ? En attendant, le glaive de la justice a frappé lourdement, contre les deux ex-Premiers ministres d’abord et accessoirement maîtres à penser de l’Alliance présidentielle pour l’un et décideur de la stratégie destinée à porter encore une fois Bouteflika à la tête de la magistrature suprême pour l’autre.

Ouyahia et Sellal en tête des mis sous mandat de dépôt
De la liste des placés sous mandat de dépôt, Sellal et Ouyahia se «détachent» largement. Le désormais ex-chef du RND, celui que les Algériens aiment à haïr dans la hiérarchie de ceux qui se sont relayés aux commandes du pays, a été celui dont l’ordre d’incarcération a fait le premier l’effet d’une bombe. Le 12 juin, en fin d’après-midi, après une audition de près de trois heures, de la Cour suprême parvenait en effet la décision du magistrat instructeur de mettre sous mandat de dépôt Ouyahia sur la base de plusieurs charges dont l’implication dans des passations illégales de contrats, octroi de marchés avantageux à l’encontre de la réglementation en vigueur, abus de fonction et privilèges accordés à des groupes et personnes.
L’issue finale pour Ouyahia qui venait conclure une semaine difficile, entamée avec sa comparution en même temps que Tahkout, celui dont on disait, depuis des années, qu’il était sorti de l’anonymat grâce à Ouyahia. Ceci, entre autres affaires aussi lourdes de conséquences l’ayant lié à d’autres hommes d’affaires parmi ceux qui comptaient le plus dans l’économie du pays, à l’instar de Haddad et Kouninef. Dans le sillage de celui qui se voyait président de la République à un moment ou un autre, Ouyahia donc, Abdelmalek Sellal se faisait traîner, vingt-quatre heures plus tard, soit le 13 juin, devant un juge d’instruction de la Cour suprême. Bilan de son passage : une mise sous mandat de dépôt, pratiquement pour les mêmes motifs que son ami du clan présidentiel et ex-Premier ministre. Clan qui, quelques heures plus tard, dans la même journée du jeudi 13 juin, verra un autre membre de l’Alliance présidentielle, Amara Benyounès, subir le même scénario et rejoindre ainsi, à El-Harrach, les deux illustres personnages qui l’avaient précédé en moins de 24 heures.
Le patron du MPA était interpellé en sa qualité d’ex-ministre, à l’instar d’une douzaine d’autres, impliqué dans l’affaire ETRHB d’Ali Haddad. Ce dernier auquel est revenu le privilège dont il se serait bien passé d’ouvrir le bal des transferts vers les geôles d’El-Harrach au même moment où les Algériens discouraient encore du tout dernier développement de la crise, à ce moment-là, avec la démission forcée d’Abdelaziz Bouteflika, début avril. Haddad s’est fait tout bonnement arrêter au poste-frontière d’Oum Teboul en possession de deux passeports et d’une somme de devises dépassant le seuil permis par la réglementation. Une arrestation qui allait s’avérer d’une «banalité» à faire tomber raide avant que le personnage requiert un intérêt autrement plus poussé de la part de la justice qui, en plus de la condamnation pour six mois dans la «ridicule» affaire de tentative de sortie du territoire national en possession de deux passeports et de devises plus qu’il ne lui était permis, allonge le dossier Haddad de charges qui risquent de lui valoir de longues années derrière les barreaux, tout comme ces autres patrons mis sous mandat de dépôt, de Tahkout à Eulmi en passant par Mazouz.

Des patrons qui pesaient sur l’économie nationale
Ils pesaient lourd, très lourd, sur l’économie nationale jusqu’à contraindre les autorités du pays à triturer, à tout bout de champ, les textes régulant maints et maints secteurs et branches d’activité. De ces affaires, il y a celle dont le tribunal de Sidi-M’hamed a vu le procureur ordonner l’incarcération de Mourad Eulmi, patron de l’entreprise Sovac, l’ex-P-dg du CPA, ainsi que huit cadres, dont quatre du ministère de l’Industrie, et l’incontournable Ahmed Ouyahia qui entendra son nom de nouveau prononcé quelques jours plus tard dans l’affaire mettant en accusation le propriétaire de l’usine de montage Kia, Hassan Larbaoui, qui sera envoyé, le 20 juin, en détention provisoire au même titre que sept cadres, dont deux du ministère de l’Industrie.
La convocation de Larbaoui par la justice, pour d’aussi grosses affaires de corruption que celles de ses prédécesseurs parmi les patrons, a nécessité une nouvelle comparution d’Ahmed Ouyahia devant le procureur du tribunal de Sidi-M’hamed. Son dossier, ainsi que celui de deux anciens ministres de l’Industrie et des Mines concernés, Mahdjoub Bedda et Youcef Yousfi, ont été transmis au procureur général près la cour d’Alger. Plusieurs autres sources d’information ont annoncé l’émission d’un mandat d’arrêt international à l’encontre d’Abdeslam Bouchouareb, l’ex-ministre de l’Industrie.
Le patron de Kia et les autres prévenus incarcérés sont poursuivis pour blanchiment d’argent, obtention d’avantages et de crédits irréguliers ainsi que dilapidation de deniers publics. Et puis il y a ceux que l’on donne parmi les plus proches du cercle des Bouteflika, ceux dont le nom n’est devenu commun aux Algériens que ces derniers mois tellement ils s’étaient mis dans l’ombre : les Kouninef, propriétaires du groupe KouGC. Les frères Réda, Karim, Noah-Tarek Kouninef étaient parmi les premiers à succéder à Haddad parmi les grands patrons à susciter l’intérêt de la justice. C’est, en effet, vers la fin avril que ces gros pontes ont été entendus pendant de longues heures en compagnie de 11 cadres d’institutions de l’Etat au sujet des privilèges qui leur ont été accordés pour décrocher des marchés publics et des crédits bancaires, entre autres charges. Sans parler, évidemment, des personnalités qu’ils entraîneront dans la même galère que leur «offre» leur pas très enviable nouveau statut, bien qu’ils doivent bénéficier de la présomption d’innocence, à l’instar de tous les autres, qu’ils soient mis en détention ou sous contrôle judiciaire.

La fine frontière entre «yetnahaw gaâ et yethasbou gaâ»
De quoi faire de l’ombre à ceux qui allaient connaître le même sort ? Non, au regard de l’opinion publique, qui attend de voir de quoi il retourne dans des affaires qui, bien avant le soulèvement du 22 février, ont tellement fait parler. Des affaires dont celles impliquant des membres de la défunte coalition présidentielle jusque-là épargnés par leur statut de sénateur notamment «sur la touche». A ce titre, il est évident pour les Algériens de savoir de quoi il en retourne dans certains dossiers, tel dans tout ce qui avait trait au projet et sa matérialisation de l’autoroute Est-Ouest. Un dossier dans lequel les noms de Amar Ghoul et d’autres personnages de haut rang viendront alimenter la chronique politico-judiciaire. Idem pour les histoires dont le nom d’Ould Abbès est intimement lié, notamment sur des dossiers ressortis de l’époque où l’inénarrable récent ex-SG du FLN était ministre de la Solidarité. Deux noms, Ghoul et Ould Abbès, qui, en fait, ne pourront pas éclipser les autres puisque, pour l’opinion publique, ils doivent tous rendre des comptes, à des degrés différents comme c’est le cas, par exemple, des ex-ministres Abdelghani Zaâlane, Amar Tou et Karim Djoudi, tous mis sous contrôle judiciaire.
Une tournure des événements insoupçonnée, mais qui montre combien est rapide le passage du statut de privilégié réservé à ceux qui étaient visés par le slogan «yetnahaw gaâ» au statut de prévenu donc «yethasbou gaâ» de nombreux ceux parmi qui décidaient à différents niveaux dans le pays.
Azedine Maktour

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