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45e anniversaire de l’assassinat de Mohamed Boudia L’oralité au détriment des écrits

Photo : Newpress
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Des héros et nombre d’acteurs de la Révolution nationale restent à ce jour «anonymes». Des historiens déplorent que leurs compagnons durant leur combat et parcours n’aient pas laissé d’écrits à leurs sujets.
Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Qualifiant Mohamed Boudia de «martyr symbole», l’historien Sadek Bekhouche s’interroge sur l’absence d’écrits à son sujet.
«Chez nous, on n’écrit pas souvent, on se contente de l’oral», dit-il. Pourtant poursuit-il, «nombre de moudjahidine l’ont connu et côtoyé mais n’ont malheureusement pas laissé d’écrits à son sujet».
Selon lui, les seuls écrits trouvés sont ceux rédigés par des étrangers, «ses ennemis», mais qui ont été fidèles dans leurs récits.
Pour lui, Mohamed Boudia était un homme d’art, un acteur, un homme de théâtre et un scénographe mais qui ne croyait pas en la crédibilité de l’art en l’absence de liberté.
Dans son récit, l’historien évoque les qualités de Mohamed Boudia. «Il était un homme de main et a intégré des cellules spéciales durant la Guerre de la libération. Arrêté en France, il s’est évadé de la prison d’une manière spectaculaire digne d’un film cinématographique», affirme-t-il au forum de la mémoire d’El Moudjahid tenu hier à Alger, en coordination avec l’Association Machaâl Echahid, à l’occasion d’un hommage rendu au chahid de la cause palestinienne, Mohamed Boudia.
Rappelant son opposition au coup d’Etat de 1965, Sadek Bekhouche explique que Boudia était pour la légitimité. «C’était un opposant comme Krim Belkacem, Boudiaf et le FFS Depuis. Il était un itinérant et s’est installé entre Paris et l’Amérique latine».
La preuve poursuit-il, Boudia a rejoint le groupe de Patrice Lumumba à Moscou. «Il n’était pas un tueur à gages mais un homme qui avait des idées et des idéologies. D’ailleurs, la renommée de Carlos la doit au génie de son maître Mohamed Boudia», assure-t-il. «Homme libre» et «homme de cause» sont les deux qualificatifs qui revenaient souvent de la biographie de cet homme. «Après l’Indépendance de l’Algérie, il avait adopté la cause palestinienne. Il avait lié des relations avec le mouvement de libération en Palestine. Sur le plan idéologique, il était plus proche du Front populaire de libération de la Palestine de Georges Habache», détaille Sadek Bekhouche.
Il précise, toutefois, que la mission de Mohamed Boudia en Europe notamment en France était de sensibiliser l’opinion publique sur la cause palestinienne jusqu’à ce qu’il soit assassiné le 28 juin 1973 à Paris par le Mossad avec la complicité des services français.
Dans son témoignage, l’ancien membre du bureau politique du FLN (Front de libération nationale), Hocine Zehouane et ami de Mohamed Boudia, se rappelle l’avoir rencontré le 19 mars 1962 à Alger. «Il avait présidé l’Organisation de la résistance populaire (ORP) à Alger, après le coup d’Etat de 1965».
Il a, par ailleurs, déploré que les obsèques du martyr Boudia soient passées sous silence. «Son enterrement a été presque clandestin», dit-il avant d’ajouter qu’à ce jour, après tant d’années, évoquer Mohamed-Boudia reste toujours «lourd».
De son côté, l’ambassadeur de la Palestine en Algérie, Aïssa Louaï, a souligné la continuité de la lutte des héros algériens et palestiniens. «Boudia ne s’est pas arrêté avec la fin de la Révolution algérienne mais il a enchaîné avec la Révolution palestinienne pour défendre les mêmes idées révolutionnaires pour l’Indépendance de la Palestine et qui lui ont coûté la vie», dit-il. «C’est un martyr algéro-palestinien ou palestino-algérien», ajoute-t-il.
Ry. N.

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