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Lutte pour l’identité amazighe La longue marche

Photo : Samir Sid
Photo : Samir Sid

Signe des temps. Vendredi, comme tous les autres jours des semaines qui se sont succédé depuis l’historique journée du 22 février, malgré l’aigreur maladive de certains cercles et la manipulation qui s’est matérialisée par un (apparemment) faux communiqué de la DGSN interdisant son déploiement lors des manifestations populaires, le drapeau amazigh a pris une belle place aux côtés du drapeau national sans que cela suscite le moindre ressentiment.
Il s’en est écoulé du temps avant que l’on en arrive là. Trente-neuf ans, sans compter les premières années post-indépendance, d’un combat qui s’est souvent révélé inégal, douloureux comme ce fut le cas il y a dix-huit ans, mais la force de la conviction, le besoin quasi-vital de libérer l’expression d’une identité étouffée depuis des lustres a permis de dépasser toutes les contingences et les stratagèmes dressés par un pouvoir qui, dès l’indépendance, a exprimé son hostilité à la reconnaissance de l’identité pleine et entière du pays. Une hostilité qui est allée jusqu’à faire accroire que des Algériens n’étaient pas, en fait, totalement algériens. Jusqu’à des temps pas très lointains, il suffisait de prononcer le mot amazigh pour subir toutes les foudres du ciel. Le vieux «diviser pour régner» a longtemps vécu, mais a été vaillamment combattu pendant plus d’un demi-siècle jusqu’à ce que tamazight se fasse une place dans la Constitution revue et corrigée, il y a un peu plus de trois ans, lorsque le pouvoir concédait que tamazight est désormais langue officielle du pays. Sans contenter pleinement les militants de la cause, au regard de ce qui lui est accordé comme place dans les faits, c’est un statut (l’officialisation) qui est venu couronner un long combat, marqué par des dates dont le 20 Avril 1980 constitue le moment charnière, celui à partir duquel la lutte pour l’identité amazighe a pris une dimension telle que rien ne pouvait l’arrêter, surtout pas la plus féroce répression avec laquelle les populations ont appris, au fil des décades, à s’adapter sans jamais rompre.
Le 20 Avril 1980, donc, ce jour où tout a basculé après qu’une interdiction est venue frapper la tenue d’une conférence que devait donner, un mois plus tôt, Mouloud Mammeri sur le campus de ce qui était le Centre universitaire de Tizi-Ouzou à l’époque. Interdiction suivie d’une manifestation d’étudiants et d’enseignants, puis d’une grève qui s’est propagée aux lycées avant que le mouvement de protestation gagne l’hôpital de Tizi-Ouzou et de nombreuses sociétés économiques.
Des actions de protestation auxquelles le pouvoir d’Alger répondra par des mises en garde et des ultimatums qui n’y feront rien, les étudiants ayant décidé de mettre à côté de la revendication identitaire l’exigence de l’instauration des libertés démocratiques. Une tournure que n’ont pas appréciée les autorités du pays qui, finalement, après une manifestation réprimée dans la capitale, ordonnent à la police d’investir le Centre universitaire où une répression terrible s’est abattue sur les étudiants, donnant lieu par la suite à des émeutes dans la ville de Tizi-Ouzou pendant plusieurs jours.
Des dizaines d’arrestations sont opérées parmi les manifestants, mais les services de sécurité n’avaient d’yeux que pour ceux qu’ils considéraient les meneurs. Ceux-ci étaient au nombre de 24, ils seront arrêtés et envoyés à la prison de Berrouaghia avant d’être présentés devant la Cour de Sûreté de l’Etat. Ils seront finalement libérés le 26 juin 1980. De là est parti ce qui constituera un mouvement de revendication qui fera date dans l’Histoire post-indépendance du pays. Un mouvement marquant auquel succédera, plus tristement encore, celui du Printemps noir, en avril 2001, lorsque alors que la Kabylie s’affairait aux préparatifs de la commémoration du 20 Avril, dans les locaux d’une brigade à Béni-Douala, Massinissa Guermah, un brillant lycéen, est tombé sous les balles d’une kalachnikov d’un gendarme. Un drame qui allait ouvrir une nouvelle page d’un long contentieux entre toute une région du pays et un pouvoir dont des représentants en tenue réglementaire ont mis fin à la vie de 127 personnes entre femmes et hommes de tout âge.
Une douloureuse page que ni l’officialisation de tamazight ni aucune autre largesse du pouvoir ne pourra faire oublier, ni pardonner. Ce que les milliers de manifestants ont tenu à rappeler, hier, dans les rues de Tizi-Ouzou pour la commémoration des deux dates.
A. M.

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