La campagne de commercialisation de blé 2021-2022, qui a commencé le 1er juillet, s’annonce de haute lutte pour les exportateurs de blé notamment en direction des pays dont la consistance du portefeuille dédié à l’acquisition des céréales, le blé tendre en particulier, est de notoriété publique. Pays importateurs parmi lesquels l’Algérie figure en bonne place dans le peloton de tête.
Il n’est un secret pour personne. La campagne 2020-2021 des moissons de céréales a été extrêmement dure en Algérie par la faute, en tout premier lieu, d’une météo pas très clémente. En conséquence, c’est un rendement global de moins de 4 millions de tonnes qui était attendu jusqu’à il y a quelques semaines.
Une réalité qui contrecarre tous les objectifs tracés en matière de production et d’importation, d’autant que durant la même période, une flambée des prix comme le monde n’en a pas vu depuis plus d’une dizaine d’années a sévi sur les marchés des produits agricoles et alimentaires, comme le relevaient tout récemment encore les rapports de l’organisation onusienne pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) et l’USDA, le département américain de l’agriculture. Un état de fait qui devrait coûter à l’Algérie, selon l’agro-économiste Ali Daoudi, qui s’exprimait récemment sur la radio nationale, une augmentation de près de 30% de la facture d’importation de céréales, de blé surtout, pour les mêmes quantités qu’auparavant. Une réalité qui a chamboulé les prévisions qui donnaient, en avril dernier, l’Algérie partante pour importer 6,5 millions de tonnes de blé pour la campagne 2021-2022. Aujourd’hui, eu égard à ces facteurs peu favorables pour la facture d’importation de blé, le Département américain de l’Agriculture (USDA) prévoit une augmentation des importations algériennes de blé au cours de la campagne de commercialisation 2021/22 dépassant les 7,5 millions de tonnes. En fait, les importations algériennes de blé à la hausse ne sont pas un cas unique. C’est en fait un mouvement qui touche la plupart des pays importateurs par tradition, à l’instar de l’Égypte qui «écume» les marchés mondiaux depuis une quinzaine d’années maintenant. Pour les besoins de la campagne 2021-2022, les acquisitions égyptiennes de blé devraient dépasser les 13,2 millions de tonnes, pour l’essentiel importées de Russie et d’Ukraine. La Russie qui, justement, lorgne le marché algérien depuis plusieurs années avant d’y mettre le pied tout récemment (Voir le Soir d’Algérie du 26 juin 2021) avec une cargaison de 28 000 tonnes, la première depuis plus de quatre ans.
Selon le patron de l'Union russe des exportateurs de céréales, qui en a fait la confidence à Reuters, la Russie pourrait augmenter l'approvisionnement de l'Algérie jusqu'à 1 million de tonnes de blé au cours de la campagne de commercialisation 2021-2022. «Même s'il s'agit de la seule expédition (de blé russe) vers l'Algérie cette saison, nous sommes convaincus que nous augmenterons considérablement les volumes d'exportation vers le pays, qui est l'un des 10 premiers acheteurs de céréales au monde, au cours de la saison 2021-2022», expliquait le même responsable russe à l’agence Reuters.
Il n’est pas un secret que Moscou a longtemps escompté accéder au marché algérien, l'un des rares grands importateurs auquel il n'avait pas accès jusqu'en octobre, lorsque l'Algérie a décidé d’assouplir son cahier des charges sur le point précis des dommages causés par les insectes. Une arrivée d’un concurrent que les traditionnels fournisseurs de l’Algérie, la France et les autres pays de l’Union européenne, n’apprécient sans doute pas. Ces derniers, selon des journalistes de Reuters, attendent encore de voir comment la cargaison russe sera appréciée à sa réception en Algérie.
Azedine Maktour
